Michelle Staszuk, mère de famille dont les enfants vont à l’école Boréale, est avocate de métier. Basée à Hay River, elle a parcouru les Territoires du Nord-Ouest et s’émerveille de la qualité de l’environnement de travail.
Originaire d’Edmonton, avec des racines culturelles en provenance de la Pologne, Michelle Staszuk a fait des études en anthropologie en Colombie-Britannique, suivies d’études de droit à l’université de l’Alberta. Lors de ce parcours, elle a travaillé dans un cabinet comprenant une centaine d’avocats, ce qui lui a permis de toucher à plusieurs domaines du droit et d’obtenir son diplôme d’avocate.
Tout de suite après avoir terminé ses études, elle a rejoint Hay River. Elle a donné naissance à son premier enfant et a simultanément commencé sa carrière en rejoignant le cabinet MacDonald & Associates. « À l’époque, je ne savais pas qu’il y avait du travail pour moi, se souvient-elle. David MacDonald avait besoin de quelqu’un, il y a beaucoup de travail dans le Nord. Une des choses que j’aime ici, c’est qu’il faut être polyvalent. Dans le Sud, les avocats sont souvent spécialisés, alors qu’ici on voit toutes sortes de cas. »
Les principaux domaines dans lesquels Mme Staszuk intervient sont le droit criminel, le droit familial, le droit immobilier et le droit des affaires, notamment quand il faut suivre des créations d’entreprises.
« Quand on fait du droit criminel ou familial, il faut voyager dans les communautés, dit-elle. Chacune a un jour ou une semaine pour recevoir la Cour, qui se déplace aussi. Dans chaque endroit il y a un service d’interprétariat et un agent de la Cour qui facilite la mise en place des relations et des démarches. De Hay River, j’allais souvent à Fort Resolution, Fort Providence, Fort Simpson et Fort Smith. » C’est ainsi que Mme Staszuk a découvert le Nord, dont elle s’émerveille de voir les différentes cultures encore si vivantes. « Chaque communauté est très différente, poursuit-elle. Avant que je vienne ici, le Nord m’apparaissait comme un lieu romantique, avec de beaux paysages. Je savais qu’il y avait des cultures autochtones, mais je ne les connaissais pas du tout. J’ai découvert que beaucoup de gens vivent d’une façon traditionnelle, c’est leur vie, ils ont la connaissance de leur terre et ils ont gardé leurs langues autochtones. »
L’une des qualités la plus sollicitée dans le travail d’avocat est celle de l’écoute. Les relations humaines sont très intenses et fortes, dues à cet environnement communautaire étroit, où tout le monde arrive à se connaître profondément un jour ou l’autre. Cela nécessite à la fois une réelle capacité à entendre les déclarations et les histoires des gens tout en gardant une certaine distance avec les clients et avec les juges. « Dans le Sud, on ne rencontre pas les familles, alors qu’ici il faut parler avec elles, avec les amis, avec l’entourage, explique Mme Staszuk. Quant aux relations avec les juges, elles demeurent hiérarchisées, car on ne peut pas avoir de lien amical avant de plaider pour un client. Même si des fois il est arrivé que l’on se réunisse entre avocats et juge pour savoir comment on pourrait aider au mieux une personne, nous conservons des relations professionnelles plus distantes. »
Aider est un mot clé dans les propos que Mme Staszuk prononce dans un français impeccable. « Tout le monde peut faire des fautes. En droit criminel comme en droit familial, on voit des vies parfois très très difficiles, poursuit-elle. Si je peux les aider, je ferai en sorte que les personnes soient d’abord écoutées. C’est probablement ce que j’aime le plus dans le Nord. J’ai tellement appris sur la vie et comment certaines existences sont dures. C’est très gratifiant quand je vois certains individus, confrontés avec la justice, faire ensuite des progrès. »