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le Jeudi 4 juin 2009 16:01 Francophonie

Francophones de Hay River Un profil sociologique approfondi

Francophones de Hay River Un profil sociologique approfondi
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Anne Robineau, chercheuse à l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques, a visité la communauté franco-ténoise de Hay River durant quatre jours et elle témoigne de quelques éléments majeurs qui ont émergé de ses rencontres.

 

Pendant la dernière semaine de mai, Anne Robineau est revenue dans les TNO pour continuer la recherche démarrée l’an passé auprès de la francophonie ténoise (voir L’Aquilon du 31 octobre 2008) . Après avoir fait un séjour à Yellowknife, cette fois-ci elle est venue dans une petite ville pour discuter avec des intervenants de générations différentes.

« J’ai une formation de sociologue et je m’intéresse aux liens sociaux et à la façon dont des communautés tissent des liens entre elles, dit-elle. Dans le cadre de cette recherche commandée, entre autres, par la Fédération franco-ténoise, je m’intéresse aux liens créés autour d’un enjeu linguistique. Je peux observer que ce qui est récent dans l’histoire des Franco-Ténois, c’est que les gens commencent à avoir une connaissance de leurs droits et à les utiliser. »

À titre d’exemple, la chercheuse cite le cas des enfants ayants droit inscrits à l’école Boréale, dont beaucoup relèvent du processus d’une réparation des torts du passé et ont des grands-parents qui parlaient le français. Pour les parents qui, eux, ne parlent pas toujours cette langue, Mme Robineau relève que ces derniers ne peuvent pas déterminer une appartenance à un groupe francophone, mais qu’ils souhaitent toutefois se distinguer en tant que francophiles.

« Dans nos sociétés contemporaines et le courant de mondialisation, qui tendent à une uniformisation sociale, on assiste à un effet inverse, c’est-à-dire que des gens veulent se distinguer, explique-t-elle. Il y a donc une recherche d’identité locale, régionale et linguistique. »

À l’égard de ces parents, Mme Robineau songe qu’il serait profitable de développer une aide flexible d’apprentissage du français pour qu’ils se sentent plus à l’aise et qu’ils soient davantage attirés par les événements francophones.

Au fil de ses déplacements et visites, Mme Robineau a constaté que les nouvelles générations sont dominantes. « Quand on cherche la francophonie ici, on est dirigé vers l’association ou l’école, dit-elle. La génération des jeunes prévaut sur les plus anciennes. » Celles-ci ne sont pas apparentes, bien que des aînés francophones poursuivent leur existence dans leur langue maternelle, mais limitée dans leur espace de vie privée. Mme Robineau a rencontré ces générations, « qui ne présentent pas leur langue comme un enjeu de société. »

Un autre aspect a requis l’attention de la chercheuse, il s’agit de la migration par le travail. « Les gens qui viennent ici dans la vingtaine ou la trentaine arrivent sans leurs parents, donc il n’y a plus de lien intergénérationnel, poursuit-elle. Le milieu de travail devient donc un milieu de socialisation, là où on crée des liens, et ceux qui travaillent en français deviennent comme une petite famille. » Dans ce cas, l’offre de services en français peut favoriser la rétention de familles en période de migration professionnelle.

« J’aperçois bien que des actions sont faites pour qu’il y ait une francophonie, mais en milieu rural les ressources sont vite limitées. L’école est très dynamique, l’association est là, la communauté francophone déploie beaucoup d’énergie, mais il est difficile de rendre ces efforts visibles au sein de la ville. »

Cependant, Mme Robineau constate une évolution certaine dans la vitalité de la communauté franco-ténoise en général, qui se reflète aussi à Hay River. Elle divise en deux phases l’histoire récente de cette communauté en identifiant tout d’abord la période de reconnaissance des droits. Il s’agissait de les connaître et de les mettre en place.

La deuxième phase a cours en ce moment. C’est le temps où ces droits sont distribués au sein des francophones, ils leur sont redonnés.