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le Jeudi 25 février 2010 16:03 Francophonie

Magie ténoise Romance au lac Thor

Magie ténoise Romance au lac Thor
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Une francophone tombe en amour sur les rives d’un lac aux TNO.

 

Tout a commencé il y a 26 ans, alors que Carmen Pedersen, une jeune femme de 23 ans, cherchait un travail bien payé pour financer ses études. Attirée par le Nord, elle arrive à Yellowknife, où il y avait beaucoup de travail, et c’est au WildCat Café qu’elle débute, à l’été 1984. Entre les pelures de pomme de terre, elle entend qu’un prospecteur cherche un cuisinier pour un campement situé à 150 km à l’est de Yellowknife. Elle suit le pressentiment qui lui dit que ce sera toute une expérience pour elle et s’envole vers le lac Thor dans les jours qui suivent.

Carmen Pedersen atterrit sur l’eau d’un petit lac où se trouve un camp d’exploration de quelques tentes. Alors qu’elle descend de l’hydravion, elle croise un géologue qui repart à Yellowknife pour donner une conférence de quelques jours. Ce jeune homme, dont elle entendra parler pendant les deux prochains jours, c’est Chris Pedersen, son futur mari. « Je l’ai juste entraperçu le jour de mon arrivée, mais je ne sais pas, quand j’ai vu ce gars-là, j’ai eu le trac! Et effectivement, quand il est arrivé deux jours plus tard dans la cuisine, et bien… j’ai le malheur ou le bonheur de dire que ç’a été le coup de foudre. Pour moi! »

Ce n’était pas vraiment un sentiment que connaissait bien Carmen Pedersen, elle dit avoir eu des coups de folies pour d’autres auparavant, mais elle avait toujours décidé de ne pas s’attacher, de continuer sa bourlingue voyageuse. Au lac Thor, elle ne pouvait plus « prendre ses cliques et ses claques » et partir. Malheureusement ou heureusement, elle était isolée, au milieu d’un vaste territoire autochtone, sans hydravion à l’horizon avant plusieurs jours.

« Nous étions une petite équipe, raconte Carmen Pedersen, il y avait beaucoup de camaraderie. Les hommes aimaient bien manger et moi j’aimais bien cuisiner. Il reste que les émotions ont commencé à prendre le dessus, et je réalisais bien ce qui m’arrivait. J’ai décidé de rester au campement alors que j’aurais pu terminer mon contrat après le premier mois. Mais je suis restée professionnelle, car je ne voulais pas d’une rumeur avec la cuisinière et le géologue. »

Carmen Pedersen entrevoyait déjà un futur, pour elle, il lui fallait jouer ses cartes pour séduire cet homme qui s’intéressait moindrement à elle. « En fin de compte, ce qui m’arrivait, c’était une véritable mise au point avec moi-même. Et cette bulle isolée du reste du monde, cet environnement naturel, et cette simplicité quotidienne m’ont beaucoup aidé à passer à travers cette prise de conscience, même si j’ai failli devenir folle. Finalement, dans ces conditions, c’est le ciel, la terre et toi! »

Toute la sérénade a duré deux années, alors que par surprise, Carmen et Chris Pedersen ont annoncé à leurs collègues qu’ils se mariaient à l’automne 1986.

Le site du lac Thor a maintenant changé de nom pour Nechelacho, puisque c’est une nouvelle compagnie qui poursuit l’exploration sur ce gisement de terres rares. Pour Carmen Pederson, qui, pour la première fois depuis 24 ans, bénéficie d’une occasion de retourner sur ce site qui a changé sa vie, le lac Thor restera le lac Thor. Elle a rejoint son mari pour trois jours, alors que lui travaille encore sur la mise en valeur de ce gisement. Sur le site, ce sont les yeux pleins d’émotion que le couple s’est réuni au coucher du soleil.