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le Mercredi 10 novembre 2010 19:24 Francophonie

Francophonie territoriale Vivants, mais fébriles

Francophonie territoriale Vivants, mais fébriles
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La vitalité des communautés francophones du Nord a été scrutée à la loupe.

Il existe un paradoxe entre la migration importante que subit la population des trois territoires et la consolidation des acquis de ses communautés francophones. Les gens débarquent au Yukon, aux TNO, ou au Nunavut, mais ne restent que quelques mois ou années. Certains s’intéressent au dynamisme des communautés francophones, certains s’impliquent pour la faire vibrer, d’autres ne font que passer ou en profitent à l’occasion. Même si cette fréquente rotation est parfois un frein à la vitalité de la francophonie territoriale, les infrastructures associatives ou communautaires francophones tirent malgré tout parti de ce sang nouveau qui, au fil du temps, arrive à consolider ce qui caractérise le fait français en milieu minoritaire : ses droits, son éducation, sa culture et de plus en plus son économie.

C’est le constat prévisible qui ressort du dernier rapport de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (ICRML) qui se concentre sur la réalité de la francophonie territoriale au Canada. Une recherche poussée qui a débuté en janvier 2008, effectuée sur le terrain avec la collaboration des organismes francophones locaux, qui dresse finalement un portrait descriptif et actuel des communautés francophones des trois territoires canadiens. Basé sur une centaine d’entretiens, sur des données statistiques et sur l’identification de certains besoins, ce rapport intitulé La vitalité des communautés francophones dans les territoires, commandé par le ministère du Patrimoine canadien et le Commissariat aux langues officielles, servira aux organismes francophones et aux différents gouvernements. En effet, la recherche va plus loin que de constater uniquement le contexte historique, social, ou démographique de ces communautés francophones, elle s’immisce dans le développement et l’organisation de la communauté franco-yukonnaise, franco-ténoise et franco-nunavoise; juxtapose les différences de ce qu’elle définit comme les groupes d’aspiration linguistique des communautés (autrement dit les militants); suggère des pistes d’action pour émanciper ces communautés qui font, qu’on le veuille ou non, partie de la francophonie mondiale.

Si la vitalité de la francophonie ne se mesure pas simplement au nombre de gens qui sont prêts à revendiquer leurs droits, une des différences qui caractérisent les trois territoires reste leur rapport avec leur gouvernement respectif. D’après Anne Robineau, qui est l’un des cinq auteurs de ce rapport, le contexte historique de la formation des trois différents territoires est un élément clé dans l’approche adoptée par les différents organismes francophones afin de vivre pleinement leur francophonie boréale. « Le Nunavut est plus récent et dès le début, des efforts ont été faits pour inclure la communauté francophone au sein d’un territoire trilingue. Aux TNO, les revendications sont plus conflictuelles, et la mise en œuvre des services en français se fait par le biais d’ordonnances judiciaires. Le Yukon, n’a pas cette approche-là même si l’on commence à voir des procès survenir sur le dossier de l’éducation », résume Mme Robineau. Cette dernière ajoute toutefois qu’il a été primordial pour les trois francophonies territoriales de faire reconnaître le français comme langue officielle du Canada et non pas parmi les autres langues officielles appartenant aux différents territoires, mais note également que les revendications des francophones tendent à respecter la réalité des territoires et des communautés autochtones.

Dans la conclusion de ce rapport, une phrase présente une piste à suivre afin que les communautés francophones poursuivent leur croissance : « Les communautés francophones des territoires entrent alors dans une autre phase critique de leur développement, celui de produire une analyse suffisante des besoins de leur communauté pour appuyer la planification des lois sur les langues officielles dans chacun des territoires et éventuellement pour appuyer les revendications des responsables communautaires et institutionnels des organismes francophones ».