Dans son nom, dans ses phrases, dans ses aspirations, la francophonie tourbillonne dans le cœur de Jacqueline Brasseur.
Elle n’a pas 19 ans. Elle sait pourtant ce qu’elle veut faire durant ses cinq prochains printemps.
Après 12 ans d’immersion, du français, elle en souperait, et cela, bien ailleurs qu’à la maison.
Elle est tombée amoureuse du Québec, elle lit Chrystine Brouillet et de nombreux autres avec.
Elle est heureus en ce moment : des amies lui apprennent à sacrer et elle reperd son accent.
« Ta 12e année, ce n’est pas une finalité. Plusieurs pensent que si tu as passé ton secondaire en immersion, t’es bon pour le reste de ta vie. C’est pas comme ça! Le français c’est quelque chose que tu dois continuer! », affirme Jacqueline Brasseur.
Cette Ténoise de naissance a été diplômée de l’école secondaire St-Patrick de Yellowknife en juin 2010. Avant d’entreprendre sa 12e année, elle a participé au programme Explore à l’Université Laval. Durant le mois qu’elle a passé dans la capitale québécoise, elle a été charmée par la ville, le festival d’été, le moulin à images, les prestations gratuites du Cirque du Soleil et une représentation de la pièce Les Misérables au Capitole. L’an passé, elle y est retournée pour l’été de ses 18 ans. Elle a alors rendu visite à un oncle anglophone, logé à l’auberge de jeunesse du Vieux-Québec, côtoyé la communauté homosexuelle et découvert les bars en toute légalité. « J’adore la langue française, je la trouve tellement poétique. En plus, il y a différentes cultures francophones avec la culture française, acadienne, québécoise, européenne », s’extasie-t-elle.
Avec un grand-père français, des parents anglophones, Jacqueline Brasseur est fière que son nom porte un héritage francophone. Elle dit vouloir vivre pour toujours, les occasions que lui offre son bilinguisme. « L’année passée, je me suis inscrite au programme Katimavik pour retourner dans une place francophone et j’ai été choisie. Pourtant, j’ai renoncé et je me suis inscrit au Collège Aurora, ici, en travail social pour un diplôme de deux ans », raconte Jacqueline Brasseur, qui avoue du même souffle avoir regretté son choix à la minute où elle a dit non.
Dans quelques semaines, elle saura si sa seconde candidature à ce programme de service volontaire a été acceptée. « J’ai décidé de faire une pause dans mon diplôme. Je finirais ma première année en mai et je partirais avec Katimavik pour six mois. Ensuite, j’ai l’intention de vivre pendant six mois au Québec, et puis je reviendrais finir mon diplôme à Yellowknife. » Anticipant déjà l’obtention de son diplôme, ses projets ne s’arrêtent pas là pour autant. Elle songe sérieusement à entreprendre un baccalauréat en éducation à Regina et revenir enseigner le français langue seconde à Yellowknife. Si au bout du compte, l’enseignement au secondaire ou à la maternelle ne fonctionne pas pour elle, elle se dit qu’elle voudrait mettre sur pied une association pour soutenir les jeunes homosexuels, même si elle admet que Yellowknife n’est pas homophobe. « Il n’y a pas vraiment de besoin pour ça ici. Mais c’est bon d’avoir un groupe à qui parler. Dans mon cas, le fait que mon entourage et la communauté étaient ouverts et accueillants m’a donné beaucoup de confiance en moi », dit la jeune femme en parlant de son orientation sexuelle. Jacqueline Brasseur veut aussi écrire, elle dit avoir un penchant pour les textes humoristiques. Elle veut rédiger des pièces de théâtre et de la poésie et tout ça dans sa langue de cœur.