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le Jeudi 14 juillet 2011 11:27 Francophonie

Portrait L’amour du Nord

Portrait L’amour du Nord
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En 1955, Andy Dupras, un Québécois d’origine autochtone, a décidé de venir tenter sa chance dans le Grand Nord pour finalement y passer sa vie entière. 

 

Andy Dupras avait seulement 18 ans lorsqu’il a mis les pieds pour la première fois à Yellowknife. Originaire de la région de la baie James, M. Dupras a vécu son enfance au rythme des traditions crie et ojibway, et comme plusieurs jeunes Autochtones de l’époque, il a appris le français au pensionnat. À l’âge de 13 ans, il s’est enfui afin de gagner sa vie sur le marché du travail. Quelques années plus tard, la promesse d’un avenir plus prospère dans le domaine des mines l’entrainait en Alberta et ensuite aux Territoires du Nord-Ouest, où il occupa plusieurs emplois avant de finalement faire carrière dans la prospection.

 

Depuis qu’il est ici, Andy Dupras a été témoin de nombreux changements, non seulement sur le plan du développement, mais aussi dans la façon de vivre à Yellowknife. « Il n’y avait pas grand-chose ici, » explique M. Dupras en se rappelant le centre-ville où l’on retrouvait seulement un bureau de poste, une banque et un garage.

 

M. Dupras raconte qu’il s’est intégré rapidement au mode de vie de la région. Bien qu’il ait rapidement dû apprendre l’anglais, il a épousé une jeune Autochtone qui parlait le français. Depuis qu’il est au TNO, M. Dupras a d’ailleurs appris plusieurs langues autochtones, dont le dogrib, la langue maternelle de sa femme. Il indique qu’à l’époque, les ainés des différents groupes parlaient souvent plusieurs langues. « Ils parlaient tous quatre ou cinq langues, les anciens. Tous se comprenaient. Beaucoup parlaient même français, surtout les métis. »

 

Devant l’expansion qu’ont connue les TNO depuis 56 ans, M. Dupras dit quand même regretter l’époque où Yellowknife était un endroit plus paisible. « Avant, on n’avait même pas besoin de barrer les portes, dit-il. Les enfants n’ont plus assez de place pour s’amuser. Il n’y avait pas beaucoup de monde au début, et les enfants pouvaient aller partout. » Il constate aussi que malheureusement, certaines traditions d’autrefois se perdent avec le temps. « Les langues disparaissent. Beaucoup d’enfants ne parlent plus le français ni les langues autochtones. »

 

Malgré tout, Andy Dupras est ici chez lui et ne peut imaginer vivre ailleurs. « Je ne déménagerais nulle part. C’est comme ma ville natale ici! J’avais seulement 18 ans quand je suis arrivé ici. J’ai eu cinq enfants, ils sont tous ici avec leurs enfants. » Il ajoute que le développement dans plusieurs secteurs de l’économie ténoise offre de bonnes occasions d’emploi dans la région. De plus, le paysage et le plein air sont des raisons bien suffisantes pour aimer les TNO, selon lui. « Je passe des journées entières sur le lac avec mes enfants et mes petits enfants à faire de la pêche et d’autres activités. »

 

Par-dessus tout, ce sont les gens d’ici qui continuent de charmer M. Dupras. « Le monde est plus avenant ici. J’ai passé un an à Vancouver et puis je ne connaissais pas mon voisin. Ici on parle à tout le monde. » Bref, une belle histoire franco-ténoise à laquelle il reste encore plusieurs chapitres.