le Vendredi 18 juillet 2025
le Jeudi 3 mai 2012 13:00 Francophonie

Francophonie Faire un avec le vent

Francophonie Faire un avec le vent
00:00 00:00

Dans un voyage qui sort de l’ordinaire, Denis Légère a traversé le Grand lac des Esclaves de Lutsel’Ke à Yellowknife.

Le francophone Denis Légère aura mis trois jours et demi pour se rendre jusqu’à Yellowknife en partant de Lutsel’Ke, du mardi 24 avril au vendredi 27.
Évidemment, ce n’est pas par avion qu’il s’est rendu jusque dans le village à la pointe du Grand lac des Esclaves, mais plutôt en utilisant une méthode peu conventionnelle.
En effet, skis aux pieds et cerf-volant accroché à la taille, Denis Légère s’est laissé transporter de la capitale ténoise en utilisant seulement le vent comme moyen de transport.
En théorie, la méthode est simple, puisqu’il s’agit d’utiliser un cerf-volant à traction pour se diriger en manipulant le vent, relié par un harnais, mais en réalité, il y a beaucoup de choses auxquelles il faut penser.
Au total, Denis Légère aura parcouru 310 kilomètres avec son cerf-volant, ce qui a pris trois jours.
Durant ces trois jours, il était complètement laissé à lui-même, sur le lac, pour effectuer son voyage avec seulement la nourriture qu’il s’était préparé avant de partir.
« J’avais planifié pour un voyage de dix jours avec de l’équipement de survie dans deux traîneaux, explique-t-il. J’avais de la nourriture pour deux semaines, au cas où je resterais coincé. La seule chose que j’ai oubliée, c’est la crème solaire! »
Il est d’ailleurs revenu plus que bronzé, brûlé par le soleil à certains endroits. Brûlé sur la peau, mais probablement aussi physiquement.
Ses traîneaux qu’il transportait avec lui pesaient 150 livres en tout.

Au gré du vent

Le soir n’est pas non plus facile dans cette expédition, puisqu’il faut déterminer l’endroit où l’on va dormir.
Il serait facile de s’arrêter le long de la berge d’une île pour établir son petit campement, mais en réalité, cela compliquerait beaucoup la situation.
« Tu ne veux pas aller dans une baie parce qu’habituellement dans une baie, le vent va mourir très rapidement, explique Denis Légère. Tu veux trouver des pointes où tu te caches du vent et des éléments pour te coucher, mais ton cerf-volant est toujours dans le vent. »
Comme cela, une fois venu le matin, il est ainsi plus facile de repartir puisque l’on n’a pas à relancer son cerf-volant dans le vent.
Dans ce genre de condition de transport, il faut s’en remettre principalement à son instinct, ses connaissances et à la chance que le vent souffle dans la bonne direction.
C’est un peu comme lorsque l’on fait de la voile et qu’il faut toujours vérifier où le vent nous pousse.
Pour cela, Denis avait avec lui un GPS qui le traquait par position satellite et pouvait lui indiquer à quel endroit il se trouvait précisément dans le monde.
Les gens pouvaient aussi suivre son parcours via l’Internet et voir de jour en jour où il était rendu.
Par contre, pour la direction des vents et donc pour savoir comment il devait planifier sa journée, il devait se fier aux messages texte que ses amis lui envoyaient chaque matin.
« Ça n’a pas été facile, mais je l’ai bien planifié, croit-il. C’est ma troisième expédition en cerf-volant; j’en ai fait une chaque année. Ça devient de plus en plus facile chaque fois. »

Former les autres

Il n’y avait pas que le plaisir du voyage qui a incité Denis Légère à faire cette expédition, puisqu’il compte aussi en faire profiter les autres au bout du compte.
« Mon but était de trouver des sites précis où l’on peut voir des formations de roches, entre autres », mentionne Denis Légère.
Il travaille avec Aquilon Power Kite, dont le propriétaire est l’enseignant à l’école Sissons Stéphane Sévigny, et c’est avec eux qu’il a pu se procurer son cerf-volant et ses skis.
La compagnie aérienne Air Tindi a aussi servi de commanditaires pour son équipement alors que Cascom lui a fourni le GPS et le téléphone satellite, le tout dans le but que d’autres expéditions du genre soient faites avec des groupes.
« On veut emmener des gens sur le Grand lac des Esclaves et les faire coucher là, ajoute-t-il. On fait une excursion d’une journée, puis on les fait revenir le lendemain en ski-doo. »
Aquilon Power Kite est désormais certifiée avec l’Internation Kite Boarding Organisation et possède donc les outils pour enseigner aux gens à faire ce genre de voyage.
Il ne reste donc plus qu’à trouver des volontaires pour envisager ce genre de mode de transport.