La communauté se mobilise pour la famille du regretté Gaspard Kabanga.
Un coup de téléphone, car c’est encore comme cela que l’on communique le plus rapidement ce genre de nouvelle. Une triste et foudroyante nouvelle : un mari, un père, un ami, un collègue est décédé à Yellowknife. Le mercredi 14 novembre 2012, les communautés francophone et africaine sont sous le choc : dans la matinée, Gaspard Kabanga est mort d’une crise cardiaque.
Ce quinquagénaire aimable et attentionné, originaire de la République démocratique du Congo, résidait aux TNO depuis 2002 et se réjouissait depuis 2010 d’avoir auprès de lui sa femme Ingrid et ses enfants. Durant cette décennie au nord du 60e parallèle, M. Kabanga a travaillé pour la Commission scolaire francophone des TNO (CSFTNO) en tant que contrôleur financier. Il s’est impliqué dans l’administration de différents organismes francophones tels que l’Association franco-culturelle de Yellowknife et la Fédération franco-ténoise. Pendant plusieurs années, il a été l’animateur de L’Afrique en musique sur les ondes de Radio Taïga, la radio communautaire francophone.
Suzette Montreuil, la présidente de la CSFTNO se rappelle qu’avant que la commission ne grandisse, il a parfois assuré plusieurs rôles alors qu’« il n’y avait que deux employés : le DG et Gaspard ». Mme Montreuil témoigne que le départ abrupt du plus ancien employé de la commission va avoir de nombreuses répercussions, car si l’on peut toujours remplacer les talents techniques, toute la connaissance historique qu’avait Gaspard Kabanga au sujet de la commission est irremplaçable. « Il était galant, éduqué. Son français était impeccable, et il nous arrivait souvent en réunion de faire appel à lui pour formuler nos propositions », se remémore Suzette Montreuil en ajoutant qu’il avait une approche conservatrice avec les finances ce qui a permis le développement de la commission.
Une réponse communautaire chaleureuse
« Je me demande si de son vivant, Gaspard était au courant du nombre de personne qui l’aimait. Et jusqu’à quel point il était apprécié, parce que c’est incroyable le nombre de personnes qui appellent, qui envoient des courriels ou qui offrent de l’aide », de s’étonner Sylvie Francoeur, une amie de la famille Kabanga. « C’est vraiment beau, de voir ces trois grands groupes : la communauté francophone, la communauté africaine, sa communauté religieuse, se mobiliser autour de la famille », ajoute-t-elle. Depuis l’incident, tout est fait pour aider la veuve qui va accoucher dans quelques semaines d’un troisième enfant. « On a mis en place un calendrier de repas, avec une liste et un horaire de préparation de repas. Pour l’instant, Ingrid n’a pas besoin de cuisiner pour le prochain mois. On va également approcher des personnes clés dans l’entourage pour la conduire à ses rendez-vous médicaux alors qu’un système de gardiennage permettra de s’occuper des deux enfants en bas âge. »
Leona Martin, agente de citoyenneté et immigration Canada, qui connaissait Gaspard Kabanga depuis des années, mentionne que la communauté immigrante de Yellowknife exprime elle aussi son soutien à la famille face à cette tragique situation. « Un groupe de femmes immigrantes qui se réunissent avec leurs enfants aux deux semaines pour cuisiner et échanger, vont aller rencontrer Ingrid pour qu’elle se sente moins isolée », explique Mme Martin qui reconnait elle aussi la réponse chaleureuse de la collectivité ténoise alors que les gens se proposent pour déneiger autour de la maison familiale ou d’emmener glisser les enfants.
Les funérailles de M. Kabanga ont lieu samedi, le 24 novembre à 11 h à l’Église pentecôtiste de Yellowknife.