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le Jeudi 18 avril 2013 11:14 Francophonie

Inuvik Le jardin d’Anne Church

Inuvik Le jardin d’Anne Church
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Après 13 années de vie nordique, Anne Church ne quitte pas Inuvik la joie au cœur. Elle laisse aux TNO toute une communauté qu’elle a chaleureusement fait grandir.

« J’ai eu une belle aventure ici », résume Anne Church lorsqu’elle parle de sa vie au sein de la collectivité d’Inuvik, aux Territoires du Nord-Ouest. Accompagnée de son mari Gordon (maintenant décédé), Anne Church est arrivée en l’an 2000, sans attentes et remplie du gout de l’aventure.
Cette francophone originaire d’Edmundston, élève ses deux enfants à St-Jean au Nouveau-Brunswick où elle participe à l’implantation d’une école francophone, et l’établissement subséquent d’un conseil scolaire francophone. A Inuvik, elle décide de répondre à l’appel de la Fédération franco-ténoise (FFT) et épaule Michèle Tomasino pour la fondation de l’Association des francophones du Delta du Mackenzie (AFDM). Elle préside le conseil d’administration de l’Association pendant cinq ans et siège à la table des demandes de propositions des communautés franco-ténoises pendant quatre ans.
Anne Church avance que les francophones de la seule ville canadienne au nord du cercle arctique auraient pu se regrouper simplement sur les bases de l’amitié, mais indique que l’implantation de l’Association a apporté quelque chose de plus. « L’aisance de parler en français. C’était facile de se parler. Ça crée un noyau », témoigne-t-elle.

Du noyau jusqu’à l’arbre
Ce noyau a germé et se transforme peu à peu. Selon Mme Church, la francophonie d’Inuvik amorce une transformation. « Ça grandit, c’est plein de petites familles, de jeunes enfants. Avant [la francophonie] c’était des individus qui travaillaient pêle-mêle ici. Là on a des familles, j’aime ça, car ça change toute la dynamique de ta communauté, les familles élèvent leurs enfants en français. Il y a un futur… donc il faut qu’il y ait des services qui s’y rattachent », argumente la francophone. Elle démontre qu’après avoir étudié les demandes de projets avec la FFT, la communauté d’Inuvik ne vise plus les mêmes activités : « c’est que la demande a changé. Ce n’est plus que des demandes pour des activités de rassemblement, c’est beaucoup plus des activités familiales. » Au début de sa soixantaine, Anne Church est grand-mère de quatre petits-enfants qui grandissent à Inuvik. C’est avec fierté et émotion qu’elle espère la concrétisation d’un projet de garderie en français et possiblement d’une école francophone.

De l’arbre jusqu’aux fruits?
À la lisière de la toundra, les arbres de la forêt boréale ne sont pas luxuriants. Ils sont pourtant résistants et contribuent à la pérennité de leur écosystème. À Inuvik, il y a même des tomates qui poussent, c’est pour dire comment l’environnement peut être favorable si l’on est bon jardinier. Mais pour que la communauté puisse récolter ces fruits, pour qu’elle soit reconnue… il faut des services, selon Anne Church. « Reconnaitre, ça veut dire aussi : on a beau avoir des enfants qui parlent français à la maison, a un moment donné, ils sortent du petit nid, ils vont à la garderie, ils vont à l’école. Et ils utilisent d’autres services, c’est là que leur monde en français peut devenir très rétréci, restreint simplement au niveau familial. C’est là qu’il faut que ça s’étende! » Anne Church parle par expérience et soutient que si ses enfants n’avaient pas eu d’école et tout ce que ça encadrait sur le plan de sa communauté au Nouveau-Brunswick, elle ne pense pas que ses enfants parleraient français aujourd’hui. « Même avec tous les efforts que j’ai mis quand ils étaient jeunes », affirme-t-elle.
Anne Church ne sera plus la jardinière de la communauté d’Inuvik. Le gout de l’aventure, de vivre quelque chose de différent l’a repris. Elle confie : « je pars parce que c’est le temps que je parte. C’est un temps pour moi », et décide de retourner à ses sources, à la frontière du Québec et du Nouveau-Brunswick. Assurant qu’elle n’est pas une personne à rester assise dans son salon, elle anticipe déjà le Congrès mondial acadien de 2014, et sa possible implication au sein de ces grandes retrouvailles.