L’Association des francophones de Fort Smith décide de fermer son bureau.
C’est par voie de communiqué que la Fédération franco-ténoise à fait connaitre, lundi 13 mai, le choix des francophones de Fort Smith de ne plus entretenir de locaux pour leur Association. Une décision poussée, selon le président de la Fédération, Richard Létourneau, par un changement de main d’un financement gouvernemental. Il y a quelques semaines, la francophonie ténoise apprenait que le Programme de développement culturel et communautaire, auparavant administré par le gouvernement territorial et la communauté franco-ténoise, avait été rapatrié au ministère du Patrimoine du gouvernement fédéral.
M. Létourneau constate qu’historiquement, la communauté n’a jamais eu de contrôle sur les fonds administrés par le ministère du Patrimoine et s’inquiète sur les outils des francophones pour faire valoir leurs priorités. « Il est certain que cela laisse moins d’influence pour les gens de la communauté pour avoir un mot à dire sur où vont les fonds, et cela laisse une plus grande marge de manœuvre pour que le ministère fédéral prenne des décisions dirigées vers leurs propres intérêts ou leurs propres idéologies. »
L’AFFS sait déjà, avec les directives des programmes de financement dédiés aux associations communautaires, que le gouvernement ne subventionnera pas les projets qui importent vraiment à sa communauté. Marie-Christine Aubrey, présidente de l’Association, explique que sa communauté a changé; que ce n’est plus tant des sorties culturelles que les francophones de Fort Smith ont besoin, mais d’activités dirigées vers ses ainés francophones qui ne peuvent vieillir dans leur langue maternelle et les plus jeunes qui misent sur le français pour leur avenir. « Notre communauté a changé, il faut soutenir notre futur. Ils sont plus d’une cinquantaine au programme d’immersion française grâce entre autres aux efforts de l’Association des francophones. Ce sont ces 50 jeunes dans le programme d’immersion française qui sont notre futur », argumente-t-elle, en ajoutant que le gouvernement ne veut pas reconnaitre que les besoins de Fort Smith sont différents des ceux des autres collectivités. Même si elle se sent blessée par ce manque de soutien envers l’activité essentielle de la communauté de Fort Smith, la présidente de l’Association des francophones de Fort Smith explique qu’elle n’est toutefois pas prête à baisser les bras. « On n’arrête pas l’Association, on ferme juste les bureaux parce qu’on a un manque de fonds. Mais aujourd’hui, je le prends comme ça, c’est comme si on te giflait. »
Maintenir les activités essentielles
L’Association va donc vider son local au cours du mois de juin, tout en continuant à organiser quelques activités, telles que les cours de français aux parents anglophones qui ont des enfants inscrits au programme d’immersion de Fort Smith. Cette année, il n’y aura pas de camp d’été francophone, mais des partenariats seront certainement mis en place avec la communauté de Fort Smith afin d’inclure le fait français dans plusieurs activités.
Mathieu Doucet, le trésorier de l’AFFS, analyse cette étape en s’accordant un peu de distance sur les événements. « On prend le temps d’avoir du recul, de regarder vraiment ce que l’on a besoin pour notre population. On met l’accent sur ce qui est important pour offrir un service qui privilégie la qualité et pas nécessairement la quantité. » Pour celui qui a été le dernier agent de développement de l’AFFS en 2012, le fait de fermer les bureaux ne reflète pas l’état de l’Association. « C’est juste une question d’argent, ça ne représente pas le statut de l’Asso », réitère Mathieu Doucet. Ce dernier souligne que la démarche de l’AFFS veut intégrer la réalité communautaire de Fort Smith qui vise le partenariat. « Vu que c’est une petite communauté, on essaye de créer des programmes sans créer de distance, sans faire des clans. On cherche toujours l’intégration et ça, les parents nous l’ont toujours demandé, car c’est quelque chose dont ils se soucient beaucoup. »