le Mercredi 25 juin 2025
le Jeudi 16 janvier 2014 14:47 Francophonie

Démocratie Simulation parlementaire

Démocratie Simulation parlementaire
00:00 00:00

Deux jeunes des Territoires participent à la 7e législature du Parlement Jeunesse pancanadien.
 

Chaque année depuis sept ans, la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF) organise sur la colline Parlementaire même son Parlement jeunesse pancanadien. Durant trois jours, une centaine de participants de 15 à 25 ans, venant de tous les coins du Canada, ont l’occasion de vivre un exercice parlementaire élaboré, de l’ouverture de la session jusqu’à l’adoption d’une loi en passant pas l’élection d’un cabinet et même, parfois, l’expulsion d’un député! Cette année, du 9 au 12 janvier, deux jeunes des Territoires ont participé à cette simulation : Jacq Brasseur et Amber O’Reilly.
Aucune n’est une inconnue aux Territoires. Jacq Brasseur est une des organisatrices du NWT Pride et est représentante des TNO au conseil d’administration de la FJCF, tandis qu’Amber O’Reilly a été coordonnatrice adjointe de Jeunesse TNO. Si cette dernière n’envisage pas de faire carrière en politique, à tout le moins partisane, elle n’en était pas moins à sa septième participation à des événements du genre! « C’est une occasion de connaître de nouvelles personnes, de commenter Amber, d’élaborer son opinion sur des enjeux touchant la société canadienne et de pratiquer ses capacités oratoires. »

Épouser des idéologies
La simulation parlementaire mise en scène par la FJCF passe fatalement par l’élaboration d’une assemblée législative fictive, avec des partis imaginés, des députés et ministres. Dans l’exercice proposé cette année à Ottawa, Amber O’Reilly s’est retrouvée députée d’un parti socialiste, l’Alliance pour le bien commun (ABC), au pouvoir et majoritaire. « Notre parti est peut-être plus interventionniste que ce que je souhaiterais, note-t-elle, mais son idéologie socialiste ressemble à la mienne dans la vie courante. »
Face à elle, une Jacq Brasseur enrôlée dans l’opposition officielle, le Parti conservateur libre, avec une pensée politique orientée vers les traditions et la liberté économique. Pas vraiment le crédo de l’étudiante en travail social à l’Université de Regina dans la vie courante, mais n’empêche, elle a dû adopter et défendre ces valeurs le temps de la session, un exercice qu’elle a trouvé difficile, mais intéressant. Jacq a par exemple dû appuyer un projet de loi sur l’abolition de la discrimination positive, proposé par son parti, avec lequel elle ne serait pas du tout d’accord dans la vie. Et il lui a fallu se battre contre un autre projet de loi de l’ABC qui aurait plutôt sa faveur en réalité, concernant la salubrité de l’eau potable dans les régions isolées et la consommation d’eau de la population canadienne. « L’ABC voulait limiter les quantités d’eau utilisées par les citoyens canadiens, explique Jacq. Selon nous, les conservateurs libres, c’est une idée horrible qui limite la liberté canadienne. J’étais excitée à l’idée d’en débattre et de voir le résultat. »
Jacq Brasseur et Amber O’Reilly se sont donc retrouvées opposées. « Mais ça s’est bien passé, commente Amber. J’étais très contente qu’il y ait une deuxième participante des TNO. Je connaissais déjà Jacq puisque nous faisons toutes les deux de la poésie et j’admire beaucoup son implication auprès de la communauté allosexuelle des TNO. » Mais les sessions sont parfois plus abruptes. Au fil de ses nombreuses participations à des parlements, Amber a vu des députés trahir leur parti ou même se faire expulser de l’assemblée. « Ça peut devenir très dramatique, dit-elle. Parfois c’est théâtral, parfois c’est véritable, ça dépend de l’enjeu. Mais il n’y a jamais d’agressivité, sinon verbale. »

Bilan
Par-delà les rôles de députés ou de ministres, les membres du Parlement jeunesse peuvent aussi se familiariser avec le travail de page ou de journaliste politique. Et le programme de la FJCF s’enrichit aussi des rencontres et conférences avec des politiciens et des professionnels de la fonction publique ou des communications. Les notions de dualité linguistique et la francophonie sont très souvent abordées. La FJCJ accueillait cette année Gisèle Lalonde, figure de proue de la lutte de SOS Montfort, Graham Fraser, commissaire aux langues officielles du Canada, et Emmanuelle Latraverse, chef de bureau pour la télévision et la radio au Parlement d’Ottawa pour Radio-Canada.
Jacq Brasseur, qui envisage de travailler en politique dans le futur, a adoré son expérience même si ce ne fut pas sans difficultés. « Comme je suis anglophone, précise-t-elle, c’est difficile de parler français dans une situation si formelle, mais c’est aussi la chose que j’ai trouvé la plus importante. Et c’était vraiment extraordinaire d’être là, de pouvoir rencontrer beaucoup de jeunes de partout au Canada. Je souhaite que plus de jeunes des TNO participent au Parlement Jeunesse dans le futur. » Amber O’Reilly est en première année d’un baccalauréat en arts à l’Université de Saint-Boniface, avec une majeure en études internationales. « Je n’ai pas encore fait de choix de carrière définitif, dit-elle, mais je ne pense pas faire de politique, sinon dans le cadre d’une implication citoyenne. »