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le Jeudi 13 avril 2017 11:14 | mis à jour le 20 mars 2025 10:40 Francophonie

Soixantième Muskrat Jamboree d’Inuvik La communauté francophone y était

Soixantième Muskrat Jamboree d’Inuvik La communauté francophone y était
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Inuvik a célébré le 60e Muskrat Jamboree, le temps pour visiteurs et résidents de partager bonne humeur, danse et tire d’érable.

Le vendredi 7 avril à Inuvik, dès six heures du soir, les rues étaient désertes. Et pour cause, toute la population avait convergé vers le gymnase de l’école East Three pour la cérémonie d’ouverture du soixantième anniversaire du Muskrat Jamboree.

Depuis quelques jours déjà, la communauté était fébrile pour organiser son festival. Des avions déversaient à l’aéroport des centaines de festivaliers, qui prenaient d’assaut les quelques rares rues d’Inuvik. Les paysages étaient encore couverts de neige et le froid était présent, mais les visages étaient lumineux. On était venus pour la bonne cause. Certains partaient de la Saskatchewan, d’autres de la Colombie-Britannique, d’autres encore, de l’Alberta ou des quatre coins des Territoires du Nord-Ouest. Ceux de Yellowknife n’avaient pas de délégation unifiée, mais sur place, au gymnase, on repérait vite un visage connu et, spontanément, se formait un clan qui agrégeait des individus épars qui se constituaient en un seul groupe du fait de leur provenance yellowknifoise.

Alexandre Assabgui, Andréanne Simard et Isidore Guy Makaya se sont fièrement lancé le défi d’intéresser les festivaliers à la tire d’érable, en utilisant un produit local et écolo dont les Inuvikois sont fiers : la neige du Nord. Il semble que celle-ci soit spécifique, selon les connaisseurs.

Dès le samedi midi, sur le fleuve Mackenzie, les tentes étaient dressées, la fumée sortait des chaudrons, la foule animée était électrisée par des mégaphones tonitruants. Les jeux d’équipe, commencés la veille à l’ouverture, se poursuivaient sur le fleuve macadamisé par le froid. Le plus surprenant, c’était la file qui se formait pour goûter à la tire d’érable. Une nouveauté ou une habitude, à la mémoire des festivals passés.

Est-ce que vous avez apporté aussi la neige du Québec?, demande une dame, la cinquantaine.
Oh non, on ne vient pas du Québec, nous. On vient de Yellowknife.
Ah! Je m’en doutais bien… vous savez, la neige ici est pure et écologique.
C’est pourquoi je voudrais bien la vendre à l’Arabie Saoudite ou au Qatar, intervient un Algérien francophone trouvé surplace, ça pourrait être un bon business.
En tout cas, nous sommes fiers de notre neige, reprend la dame.

Pour les festivaliers qui voulaient goûter à tout ce qui se faisait : « le sirop d’érable est plus goûteux que la sève de sapin », dit Dominique, un Acadien de la GRC, venu saluer les francophones. Et pour le goût, les gamins sont de fins connaisseurs. Shawn, cinq ans, tape une crise parce que le sirop met trop de temps à bouillir. On a beau lui expliquer qu’il faut que le sirop s’épaississe, il trouve que le feu est trop lent. Son père lui propose d’aller faire un tour en attendant. Il secoue les épaules en croisant ses bras sur sa poitrine, fâché, et attend patiemment qu’on lui présente le « premier stick de la batch ». D’autres clients ont pu être remboursés pour avoir attendu ce premier service qui ne venait pas. Ils se sont découragés et sont allés voir ailleurs.

Finalement, le rythme a pris, la file s’est encore formée, ininterrompue. Rouler son bâtonnet sur la tire, délicatement en la drapant des cristaux de neige. Hummm! On s’en fiche de qui a inventé ça, c’est tellement bon!
C’est vers 17 h que le vide s’est soudain fait. Tout autour, quelques retardataires, les enfants surtout, alertés par Alex et son plateau sur les épaules, qui criait que le restant de la tire était maintenant gratuit, ont commencé à suivre ce dernier à la queue leu leu vers le kiosque de la francophonie, tandis que le gros de la foule s’était peu à peu déplacé à une centaine de mètres vers le nord, suivant le vrombissement des moteurs. Un rallye de motoneiges prenait la relève du festival. Plus tard, on a su que la fête devait continuer le lendemain, à mi-chemin vers Tuk, où pour la dernière fois, le troupeau de rennes domestiques traversait la route de glace qui relie Inuvik au hameau de Tuktoyaktuk.

L’auteur est un employé de la Fédération franco-ténoise qui s’est déplacé à Inuvik dans le cadre de ses fonctions.