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le Jeudi 20 avril 2017 11:09 | mis à jour le 20 mars 2025 10:40 Francophonie

Élections présidentielles de France Voter, un droit difficile à exprimer pour les Français des TNO

Élections présidentielles de France Voter, un droit difficile à exprimer pour les Français des TNO
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 Les inscrits nord américains voteront le 22 avril, au premier tour des élections présidentielles qui se déroulera en France le 23 avril. Dans l’Ouest canadien, la lourdeur administrative pourrait décourager des ressortissants français à exprimer leur droit de vote. Le consul de France à Vancouver, Jean-Christophe Fleury, fait état de la situation.
 

Il s’agit d’un devoir civique de voter pour les Français. Un devoir qui n’est toutefois pas sanctionné. Heureusement pour ceux qui vivent aux Territoires du Nord-Ouest, puisqu’il n’y existe pas de bureau de vote et que le processus pour voter peut s’avérer fastidieux.

De l’avis du consul de France à Vancouver, Jean-Christophe Fleury, d’avoir cinq bureaux, situés à Calgary, Edmonton, Vancouver (2) et Victoria, est totalement exceptionnel puisqu’il n’y en avait qu’un seul pendant longtemps. Le représentant du Consulat de France à Vancouver, dont relèvent la Saskatchewan, l’Alberta, et la Colombie-Britannique ainsi que les TNO et le Yukon, explique qu’en principe, un bureau n’est ouvert qu’avec un minimum de 1000 électeurs. Le consul indique toutefois qu’une dérogation a été accordée pour Victoria avec 300 inscrits. « C’est le nombre d’électeurs estimés pour l’ile de Vancouver, à Victoria. Là, on est très en deçà du chiffre de la norme minimum fixée, mais on est quand même intervenus et notre proposition d’ouvrir un bureau de vote a été acceptée en dépit du fait qu’on avait déjà trois fois moins d’électeurs que la norme. »

Il invoque, en plus du fait d’avoir 300 personnes, dont bon nombre de personnes âgées, le coût de transport par hydravion très élevé, et la longue durée du voyage pour se rendre par bateau.

Mais aux Territoires du Nord-Ouest, au Yukon et même en Saskatchewan, les chiffres sont vraiment trop faibles et « donc, ce n’était tout simplement pas envisageable ». Aux TNO, avec 50 Français d’inscrits sur la liste du Consulat à Vancouver, il n’est pas possible d’avoir un bureau à Yellowknife.

La logistique pour les élections, qui comprend le matériel et les ressources humaines, est considérable à son avis. « […] quand il y a vraiment trop peu d’électeurs sur place, le coût par électeur est disproportionné par rapport aux moyens qu’on peut mettre en place à ce niveau-là. »

Vote par correspondance
Dans le passé, il était possible de voter par correspondance pour les présidentielles, et c’est toujours possible de le faire pour les élections législatives.

« Je ne sais pas pourquoi cette possibilité de vote par correspondance a été supprimée pour les élections présidentielles. C’est effectivement une question qui mériterait d’être reposée parce que ça pourrait rendre un très grand service », admet le consul.

La procuration, une question de confiance
Pour les électeurs qui ne peuvent se rendre à leur bureau de vote (pour les inscrits ténois, il s’agit uniquement d’Edmonton), il est possible de remettre son vote par procuration à une personne de confiance au Canada ou encore en France dans leur commune d’origine s’ils sont encore inscrits. La procuration devait être préparée bien avant les élections puisqu’elle se fait lors d’une tournée consulaire ou au Consulat même.

Le consul et d’autres employés du Consulat ont eux-mêmes accepté des procurations, mais ont atteint leur quota maximal de trois procurations. « On a demandé aux conseillers consulaires qui sont les Français élus par le reste des Français au Canada, de voir s’ils pouvaient eux-mêmes se porter volontaires et, en tout cas, chercher des amis à eux qui accepteraient de recevoir des procurations. »

L’avantage de faire appel aux conseillers consulaires, selon M. Fleury, est que l’on connait leur étiquette politique. Il vaudrait mieux choisir ceux qui ont été élus sur la liste du parti pour lequel l’électeur souhaite voter.

« On est plus en confiance à la limite que le consul, qui, par définition ne peut pas révéler sa tendance politique, même si je peux vous avouer qu’à titre personnel, quand j’ai accepté de prendre des procurations, j’acceptais de voter à la place de ces personnes pour un candidat que je n’aime pas moi-même. Mais ça, tout le monde n’est pas obligé de le faire », affirme-t-il, en ajoutant que certaines personnes au consulat ont été réticentes à recevoir des procurations parce qu’elles se demandaient pour qui on allait leur demander de voter.

« Il n’y a jamais de certitude absolue que la personne à qui vous avez donné votre procuration va réellement faire ce que vous lui avez demandé », élucide le consul, précisant qu’il n’y aucun processus de vérification de ces procurations qui sont basées sur la confiance. « Le vote est secret. La personne va voter, elle met un bulletin dans l’urne à la place d’un électeur et personne ne peut savoir ce qu’il y a dans le bulletin à part l’individu qui l’a physiquement mis dans l’urne », de dire Jean-Christophe Fleury.
 
Vote électronique : pas pour demain la veille

« Au cours des dernières années, on a beaucoup pensé qu’on règlerait le problème beaucoup plus facilement que ça, grâce au vote par Internet. Et c’est censé apporter la réponse, je dirais miracle, à toute cette question de l’isolement ou de l’éloignement de l’électeur du bureau de vote. »

Il dévoile que l’alternative électronique a déjà été mise en place lors des dernières législatives, mais que des risques très sérieux de piratage se sont présentés. Le vote électronique a dû être annulé et les solutions de rechange n’ont pas encore été mises de l’avant.

Pour changer les choses, le consul recommande aux gens de se mobiliser via leurs conseillers consulaires, ou le député des Français établis hors de France élu en Amérique du Nord.

« Vous savez, à Paris, en métropole avec 30 millions d’électeurs, on n’est naturellement pas poussés à penser à quelques Français qui sont isolés et qui pourtant ont le droit d’être entendus », conclut le consul.