Dans la lettre parue dans L’Aquilon le 27 octobre 2017 sous la rubrique « Courrier du lecteur : La FFT, porte-parole de qui au juste? », M. Foisy a soulevé une question à laquelle il faut prêter une oreille attentive en tant que membre de la communauté franco-ténoise, et il faut essayer de proposer des solutions ou du moins, d’entamer des démarches pour s’ajuster.
Il est certain que les propos de M. Foisy nous rappellent qu’il faut se remettre en question, faire une introspection, prendre un recul et admettre ses défauts, mais aussi reconnaître ses qualités. Et ceci ne s’applique pas seulement aux organismes (en l’occurrence la FFT), mais aussi aux individus. La représentativité des organismes porte-parole ne date pas d’hier et surtout, ne concerne pas uniquement les Franco-Ténoises et Franco-Ténois. Il suffit de faire le tour dans la presse francophone à travers le pays pour s’en rendre compte.
M. Gilles Paquet, fondateur du centre d’études en gouvernance et professeur à l’Université d’Ottawa décrit un groupe porte-parole comme suit : « Quand un groupe veut et se dit activement défenseur des droits ou des besoins d’une communauté, il faut absolument qu’il ait un point d’ancrage dans cette communauté. Autrement, sa légitimité ou sa crédibilité est nulle… Si on était sérieux (dans ces organismes de représentation), on aurait activement fait la mobilisation du groupe, on aurait des cartes de membre, on aurait des listes de membres, on aurait des gens que l’on tient très informés de ce qu’on dit et auxquels on réfère. »
Il faut reconnaître que la FFT n’a pas toujours répondu aux critères ci-haut cités. Et la première étape de remise en question est d’admettre qu’il y a eu des manquements, et surtout de reconnaître que nul n’est parfait. Cela dit, il y a eu sûrement des réalisations importantes qui ont été accomplies dans le passé. Citons entre autres la résolution de l’Assemblée générale extraordinaire des membres de la Fédération franco-ténoise prise le 18 septembre 1999, qui a engagé un recours judiciaire à l’encontre du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et du gouvernement du Canada aux fins de respect et d’actualisation des droits linguistiques des Franco-Ténoises et des Franco-Ténois. Ou alors plus récemment, la résolution des membres lors de l’AGA du 15 octobre 2016 demandant au CA d’étudier des solutions possibles à court, moyen et long terme pour avoir une membriété reflétant les réalités de la communauté franco-ténoise.
Je ne suis pas d’accord avec l’idée que « les assemblées générales annuelles de la FFT passent et se ressemblent ». La structure de la FFT a subi une onde de choc lors de sa dernière AGA. À la suite des recommandations des membres des dernières assemblées, les membres de la FFT se sont dotés de nouveaux statuts et règlements qui se veulent plus inclusifs et évolutifs. La FFT aura la carte de membre et les listes des membres, des gens que l’on va tenir informés et qui seront consultés.
Certains diront qu’il aurait fallu avoir des états généraux mobilisant la communauté afin de l’informer des enjeux critiques, de créer des plateformes permettant aux gens de travailler ensemble et de modifier les manières de voir, ou de motiver un plus grand ensemble de gens à prendre part à l’action créatrice des idées. Et moi je dis OUI, il aurait fallu.
Devant ce constat, devrait-on pour autant baisser les bras puisque notre réalité n’a pas débuté comme dans nos rêves? Sommes-nous complètement démunis pour autant? NON. Comme l’a bien dit Romain Rolland, « Quand on ose, on se trompe souvent. Quand on n’ose pas, on se trompe toujours. » Les membres de la FFT ont osé adopter de nouveaux statuts et règlements qui incluent autant des membres corporatifs que des membres individuels. Ils ont osé revoir la gouvernance avec un conseil d’administration élargi à sept membres comprenant des places réservées autant aux individus qu’aux associations, pour assurer la représentativité des collectivités tout en tenant compte du poids démographique de Yellowknife. Est-ce que c’est parfait? NON. Mais ils ont osé et ils vont se tromper peut-être.
L’important est qu’à partir de maintenant, comme communauté, on se dit qu’on a une seconde chance de s’améliorer et de se tourner résolument vers « demain ».
La Fédération devra mettre tous ses efforts pour :
1. mobiliser les forces vives de la communauté pour établir quelles actions sont requises pour jeter une passerelle entre la situation actuelle et ce qui apparaît comme souhaitable;
2. se débarrasser des carcans ou « mythes » qui l’empêchent de voir les problèmes nouveaux que la gouvernance dont elle s’est dotée pose ou poserait;
3. avoir un esprit novateur, « penser en dehors de la boîte » pour créer une structure de gouvernance communautaire qui reflète notre communauté et notre milieu.
La nouvelle représentativité de la FFT permet à chaque résident francophone des TNO de se prononcer sur les personnes qui vont parler en son nom, car la FFT pourra rejoindre chaque membre et lui demander de donner son point de vue sur une question donnée.
En passant, la direction générale de la FFT sera heureuse de communiquer toute documentation liée au processus concernant le poste de présidence ou le renouvellement du représentant francophone au Conseil des langues officielles. Dans l’intervalle, les bénévoles, les membres du conseil d’administration, la direction et le personnel à la FFT sont dévoués à la cause francophone.
« LORSQU’ON REGARDE DANS LA BONNE DIRECTION, IL NE RESTE PLUS QU’À AVANCER. » (Proverbe bouddhiste)
Jean de Dieu Tuyishime
Directeur général de
la Fédération franco-ténoise