le Vendredi 2 mai 2025
le Dimanche 30 mars 2025 18:45 | mis à jour le 9 avril 2025 14:51 Francophonie

Des lignes de code aux pistes glacées

Pour Stephen, les chiens sont des partenaires et des amis fidèles.  — Photo Cristiano Pereira
Pour Stephen, les chiens sont des partenaires et des amis fidèles. 
Photo Cristiano Pereira
Stephen Valentin a troqué sa vie de développeur web en France pour la découverte du Canada. Il raconte à Médias ténois sa quête de sens et d’aventure.
Des lignes de code aux pistes glacées
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À toute vitesse dans le quartier de la vieille ville, Stephen Valentin file sur sa trottinette de neige.

Photo Cristiano Pereira

Il fut un temps où Stephen Valentin passait ses journées devant un écran, à coder des sites e-commerce depuis son appartement à Lille. Aujourd’hui, c’est en bottes, bonnet sur la tête et chiens excités autour de lui qu’on le retrouve à côté de Latham Island, au départ des tours hivernaux du Sundog Trading Post. Pour ce Français de 31 ans, installé à Yellowknife depuis peu, le Grand Nord est le terrain de sa nouvelle vie.

Un besoin de rupture a été le déclencheur. « C’était tous les jours la même chose. Il n’y avait plus beaucoup de créativité, plus beaucoup de nouveautés », confie-t-il à Médias ténois. Après huit ans comme développeur web et Android en France, Stephen cherche une voie plus libre, plus vivante. Il saute le pas et obtient un permis vacances-travail pour le Canada.

Je m’attendais vraiment à un pays avec une nature incroyable, des grands espaces… et j’ai vu des choses incroyables depuis que je suis au Canada.

— Stephen Valentin

Ce qu’il trouve dépasse ses attentes. D’abord, les paysages, la diversité. « Je m’attendais vraiment à un pays avec une nature incroyable, des grands espaces… et j’ai vu des choses incroyables depuis que je suis au Canada », raconte-t-il avec émerveillement. Des baleines depuis un hydravion, une mère grizzli et ses deux petits nageant près d’un lodge flottant, autant d’images qui l’ont marqué à jamais.

Mais c’est aussi le contact humain et surtout les animaux qui redéfinissent ses priorités. Après avoir travaillé dans plusieurs complexes touristiques, comme cuisinier ou homme à tout faire, il décide de passer à l’extérieur pour sa dernière saison. C’est là qu’il tombe sur une annonce du Sundog Trading Post à Yellowknife, pour guider des excursions en kick sled. « On attache deux chiens à une sorte de trottinette des neiges, et ils vous tirent à travers les sentiers. On peut les aider en donnant des petits coups de pied dans la neige, c’est très interactif », explique-t-il. Une activité physique, mais aussi profondément relationnelle : « On essaie vraiment de connecter les clients avec les chiens. Ce sont des travailleurs, oui, mais aussi les meilleurs amis de l’homme ».

Stephen Valentin trace sa route dans le froid du Nord. 

Photo Cristiano Pereira

Ce lien avec les chiens, il en parle avec tendresse. « Je connais tous leurs noms. Tous les soirs, je leur dis “bonne nuit, à demain”, je les caresse, je vérifie qu’ils vont bien », raconte-t-il. Et ce contact quotidien est précieux pour lui.

Sa journée commence à 9 h, entre nourriture, préparation des harnais, collecte des crottes et accompagnement des groupes. Trois excursions par jour, une à 11 h, une à 13 h, autre à 15 h. « C’est surement le métier le plus fatigant que j’ai fait jusqu’à maintenant », reconnait-il, sans jamais masquer le bonheur que lui procure cette routine hors du commun.

Le guide entretient une relation de confiance avec chaque chien de l’attelage.

Photo Cristiano Pereira

Ce besoin de liberté ne l’empêche pas de penser à l’avenir. Stephen a entamé les démarches pour obtenir la résidence permanente au Canada. Il prévoit un court retour en France cet été, avec sa partenaire Kelsey, pour voir la famille et voyager un peu en Europe. Mais le cœur est déjà tourné vers le Nord : « On va surement revenir au Canada pour le prochain hiver ».

Et au fond de sa poche, une autre idée germe : entreprendre. « Tous les jours, je note des trucs sur mon téléphone, des idées de business. J’ai envie d’être mon propre patron, d’être indépendant financièrement ».

C’est cette quête d’indépendance, de sens et d’authenticité qui anime Stephen.