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le Vendredi 10 octobre 2025 16:09 Francophonie

Coupures au Collège nordique : quatre licenciements et beaucoup d’incertitudes

Le Collège nordique traverse une crise: une réduction majeure du financement fédéral oblige l’institution à revoir ses projets et à se réorganiser. — Photo Cristiano Pereira
Le Collège nordique traverse une crise: une réduction majeure du financement fédéral oblige l’institution à revoir ses projets et à se réorganiser.
Photo Cristiano Pereira

Le Collège nordique traverse une crise après la perte d’une large part de son financement fédéral. Quatre employés ont été licenciés, une décision qualifiée de « déchirante » par le directeur Patrick Arsenault.

Coupures au Collège nordique : quatre licenciements et beaucoup d’incertitudes
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Coup dur pour les finances du Collège nordique. Selon Patrick Arsenault, l’établissement francophone ne reçoit cette année qu’environ le tiers des fonds octroyés l’an passé, ce qui met fin à plusieurs années de financement croissant. Les discussions avec Ottawa ont permis d’obtenir une entente pluriannuelle de trois ans, mais les détails précis de la répartition budgétaire ne sont pas encore signés.

« Nous sommes très reconnaissants de pouvoir compter sur un financement pluriannuel, bien que le montant soit beaucoup plus bas que ce que nous avions espéré », a indiqué le directeur à Médias ténois. Il précise avoir discuté du dossier avec le cabinet du ministre Steven Guilbeault et avec des fonctionnaires fédéraux.

Quatre postes supprimés

Les compressions ont conduit à la suppression de quatre postes clés : coordination administration/finance, services aux étudiants, partenariats et admissions, ainsi que gestion des opérations et initiatives stratégiques.

Derrière ces fonctions se trouvent des réalités humaines. L’une des personnes licenciées, arrivée au Canada avec un permis de travail fermé et mère de trois enfants, risque de devoir repartir faute d’employeur. Un autre employé attend la naissance de son deuxième enfant dans les prochaines semaines.

« Ces personnes ont contribué à notre succès au cours des dernières années et ce fut absolument déchirant de devoir nous en séparer après leurs contributions importantes. Plusieurs ont vu le Collège se métamorphoser suite à des financements historiques. Bien qu’il y ait eu beaucoup de changements, dont un agrandissement des locaux et une réorganisation de l’équipe, ces personnes sont demeurées engagées et ont continué de croire en la mission du Collège », a déclaré Patrick Arsenault, insistant sur leur professionnalisme et leur apport humain.

Ce fut absolument déchirant de devoir nous en séparer.

— Patrick Arsenault, directeur général du Collège nordique

Une communication à distance

Les licenciements ont été annoncés le lundi 29 septembre. Patrick Arsenault, alors en déplacement, n’a pas pu être présent physiquement. Les employés avaient été invités à travailler de la maison. Chacun a reçu un appel individuel en visioconférence pour apprendre la nouvelle, suivi d’une rencontre virtuelle avec toute l’équipe, puis d’un courriel récapitulatif.

Le directeur explique que cette formule visait à informer les personnes « dans le confort de leur foyer ». Mais elle a aussi alimenté quelques critiques dans la communauté sur la manière dont la décision a été communiquée.

Médias ténois a tenté de joindre les trois travailleurs résidant à Yellowknife, tandis qu’un quatrième habite en Ontario. Tous ont poliment décliné nos demandes d’entrevue.

Des projets remis en question

Ces coupes ne touchent pas uniquement les emplois. Le Collège devra renoncer à certains projets pour se concentrer sur les initiatives jugées prioritaires. Mais l’institution reste incapable de dire lesquels.

« La nouvelle est encore fraiche. Les coupures sont significatives et nous aurons un travail de longue haleine pour voir ce que nous devrons laisser aller. Nous sommes en train de repenser notre plan de trois ans en entier », a reconnu Patrick Arsenault.

L’objectif affiché est de limiter au maximum l’impact sur les étudiants et les partenaires, mais la réorganisation annoncée laisse planer une grande incertitude.

Un appel à la solidarité

Dès le lendemain des licenciements, Patrick Arsenault a écrit aux directions d’organismes francophones du territoire pour solliciter leur aide.

« Ces personnes ont marqué notre institution et la communauté franco-ténoise par leur engagement, leur professionnalisme et leur apport humain exceptionnel, peut-on lire dans un courriel consulté par Médias ténois. Aujourd’hui, je fais appel à vous : si votre organisation est à la recherche de nouveaux talents, je vous invite vivement à considérer leur candidature. »

Le geste a été salué, mais les retours demeurent timides. « Quelques idées ont été partagées, mais rien n’est concret à ce stade. J’apprécie l’ouverture et la solidarité de la communauté franco-ténoise et je sens qu’on a envie d’appuyer les employé.e.s affecté.e.s », indique le directeur.

Soutien limité

Le Collège a offert aux employés touchés des lettres de recommandation, un accompagnement pour la recherche d’emploi, ainsi qu’un accès à son programme d’aide jusqu’en novembre 2025. Mais ces mesures ne suffiront pas à compenser l’impact d’une décision brutale, prise rapidement après le début de l’exercice financier.