le Dimanche 2 novembre 2025
le Samedi 1 novembre 2025 7:54 Francophonie

Coupures au Collège nordique : des sénateurs montent au créneau pour défendre l’établissement

Le directeur général du Collège nordique francophone, Patrick Arsenault, se dit touché par l’appui des sénateurs, mais inquiet face aux compressions fédérales. — Photo Cristiano PereiraCes fonds sont essentiels pour répondre aux besoins académiques des communautés francophones du Nord et pour soutenir l’enseignement des langues autochtones.
Le directeur général du Collège nordique francophone, Patrick Arsenault, se dit touché par l’appui des sénateurs, mais inquiet face aux compressions fédérales.
Photo Cristiano PereiraCes fonds sont essentiels pour répondre aux besoins académiques des communautés francophones du Nord et pour soutenir l’enseignement des langues autochtones.

Quatre sénateurs interpellent Ottawa sur les compressions jugées inéquitables. Le directeur Patrick Arsenault se dit touché par cet appui, mais reste dans l’incertitude.

Coupures au Collège nordique : des sénateurs montent au créneau pour défendre l’établissement
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Les sénateurs jugent « préoccupant » que de telles compressions soient appliquées sans égard au statut minoritaire du Collège.

Photo Cristiano Pereira

Quelques jours après l’annonce des compressions et des licenciements au Collège nordique francophone, la controverse a pris une tournure nationale. Le 20 octobre, les sénateurs Lucie Moncion, Allister Surette, Bernadette Clément et René Cormier ont adressé une lettre ouverte au ministre des Finances et du Revenu national, François-Philippe Champagne, pour demander la révision des coupures touchant l’établissement.

« Cette décision soulève de vives inquiétudes », écrivent-ils. Les quatre parlementaires rappellent que le Collège, fondé en 2011, est le seul établissement postsecondaire à offrir des programmes entièrement en français dans le Grand Nord canadien, tout en contribuant à la revitalisation des langues autochtones, notamment par l’enseignement du tłı̨chǫ.

Les sénateurs jugent « préoccupant » que de telles compressions soient appliquées sans égard au statut minoritaire du Collège. Selon eux, ces coupes ont des répercussions directes sur l’accès à l’éducation en français pour les populations nordiques. Ils exhortent Ottawa à rétablir les fonds coupés et à revoir les critères qui guident ces décisions, « particulièrement lorsqu’elles affectent des communautés dont la fragilité exige, à tout le moins, le maintien des acquis ».

Ces fonds sont essentiels pour répondre aux besoins académiques des communautés francophones du Nord et pour soutenir l’enseignement des langues autochtones.

— Lettre ouverte des sénateurs au ministre fédéral des Finances

Une solidarité saluée

Le directeur général du Collège, Patrick Arsenault, a confié à Médias ténois avoir accueilli cette prise de position avec émotion. Il se dit « très touché de constater la solidarité exprimée par plusieurs sénatrices et sénateurs », y voyant un rappel du rôle essentiel que joue l’institution dans la vitalité francophone du Nord et de la place qu’elle occupe désormais dans l’écosystème postsecondaire canadien. « C’est un appui qui nous rappelle l’importance du rôle que joue le Collège », résume-t-il.

Pour lui, ce soutien politique est avant tout une forme de reconnaissance et une occasion de sensibiliser Ottawa à la réalité nordique : « On espère que ça va conscientiser les élus et les politiciens aux réalités qu’on vit dans le Nord ici. Toute sensibilisation est positive. Même si ça n’aura pas d’impact cette fois-ci, peut-être que plus tard ça aura un impact. »

L’appui des sénateurs n’a toutefois pas encore eu d’effet concret sur la situation du Collège. « Je n’ai pas eu de conversation avec le gouvernement fédéral depuis la lettre », explique-t-il. Les échanges se concentrent actuellement avec le gouvernement territorial, puisque le financement transite par lui avant d’être transféré au Collège.

Des chiffres qui ne bougent pas

M. Arsenault confirme que les discussions en cours avec le territoire n’ont pas permis d’obtenir un meilleur financement. « Les chiffres restent les mêmes, mais on peut jouer un peu entre certaines lignes budgétaires. Donc, on fait des sessions de travail pour essayer de minimiser les impacts sur le Collège, en essayant de voir ce qu’on pourrait imaginer diminuer ici, augmenter là cette année », explique-t-il. Le directeur du Collège note toutefois qu’il s’agit de « petits ajustements » et que, pour l’instant, « l’enveloppe reste la même ».

Selon lui, la décision d’Ottawa parait difficile à renverser : « Lorsque je les ai rencontrés à Ottawa, j’ai vraiment eu l’impression que la décision était finale. » Il salue néanmoins la collaboration du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, qui soutient activement les démarches de l’établissement : « Ils nous appuient énormément. Rien ne les oblige à le faire, mais on a vraiment travaillé en étroite collaboration au cours des derniers mois. Donc, ils ont été quand même de très bons alliés. »

Un équilibre difficile 

Depuis la réduction des fonds, le Collège a dû revoir sa structure et ses priorités. « C’est sûr que c’est une période difficile pour moi, pour le Collège aussi, parce qu’on doit rapidement adapter nos manières de fonctionner, nos processus. On doit faire des choix qui ne sont pas toujours faciles non plus, reconnait le directeur. Mais on continue d’avancer et on essaie de rester positifs et de chercher de nouvelles opportunités pour assurer notre pérennité. »

Il estime que les compressions imposées dépassent ce qu’une institution de cette taille peut absorber : « Si on avait perdu 10 ou 15 %, on aurait pu s’en sortir. Mais perdre les deux tiers, c’est catastrophique. » Selon lui, un financement équivalent à celui de l’an dernier aurait permis de maintenir un fonctionnement normal.

Des emplois perdus, mais pas oubliés

Le directeur n’exclut pas de rappeler les quatre employés licenciés si la situation venait à s’améliorer. Il précise que ces départs étaient strictement liés à la situation financière du Collège et non à la performance du personnel. « Si on réussissait à aller chercher des fonds supplémentaires et que ces personnes-là étaient toujours à la recherche d’un emploi, certainement, ils seraient considérés pour intégrer le Collège », dit-il.