Vous rêvez d’un endroit où vous pouvez errer en liberté non-surveillée, allez à Peh Dzeh, qui signifie « les roches dans la rivière », où Wrigley si vous préférez ! Cette localité se situe à 200 kilomètres au nord de Fort Simpson, sur les rives du fleuve Mackenzie. Là-bas, pas d’uniformes en vue. La police vient y faire son tour tous les mois, mais la plupart du temps, la maison roulotte de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) est inoccupée 29 jours sur 30.
Si vous cherchez le numéro de téléphone de la GRC à Wrigley, vous y trouverez ceci : « 581-3411, s’il n’y pas de réponse appeler Fort Simpson ». J’ai téléphoné un lundi après-midi et laissé un message sur la boîte vocale histoire de voir combien de temps s’écoulera avant que l’unique employé à temps [très] partiel du poste retourne mon appel ! « Si nous avons un problème, nous téléphonons à Fort Simpson », a indiqué le chef de la première nation Peh Dzeh, Albert Moses.
« Nous n’avons pas réellement de force policière à Wrigley », a indiqué le chef Moses. Ce dernier ajoute qu’il serait bien d’avoir un agent en poste de façon permanente. Actuellement, un policier en provenance de Fort Simpson vient passer un court séjour de temps à autre et publie un bulletin d’information relatant les événements qui se sont déroulés à Wrigley. « Idéalement, nous aimerions nous y rendre 2 fois par mois, mais actuellement, un agent est envoyé sur place une fois par mois, et ce, pour 24 h », a expliqué un commandant de détachement travaillant à Fort Simpson, Steve Corcoran. « Nous y étions jeudi dernier », a-t-il ajouté.
Lorsqu’il y a de la « célébration dans l’air » à Wrigley et que des assemblées spirituelles sont prévues dans la petite communauté, des policiers arrivent de Fort Simpson et demeurent sur place jusqu’à la fin des cérémonies. « Nous les appelons quand nous avons besoin d’eux », s’est exclamé le chef. En attendant, s’il y a un petit problème, c’est le conseil de bande [et donc le chef Moses] qui prend la situation en charge. Non, il n’a pas reçu une formation spéciale du genre « intervention 101 ». « J’ai une formation en tant qu’ouvrier de machinerie lourde. Je suis maintenant chef pour un mandat de trois ans et je prends les mesures nécessaires », a lancé le chef Moses en riant. N’y a-t-il pas un dicton qui stipule « tous les chemins mènent à Wrigley » ?
Wrigley est la dernière communauté reliée par une route ouverte à l’année : la route du Mackenzie qui est ouverte depuis 1994. Comme la plupart des petites communautés des T.N.-O., lors des périodes de gel et de dégel des glaces, Wrigley se trouve coupée du reste du monde. Pendant une période d’environ trois mois répartie au printemps et à l’automne, il est impossible de s’y rendre en voiture ou par voie maritime, reste donc un seul moyen de transport disponible : l’avion. Le trajet Fort Simpson-Wrigley prend environ 55 minutes, mais chaque ballade coûte 1500 $ [aller-retour] à la Gendarmerie Royale du Canada. Donc, l’avion : à utiliser en cas d’urgence seulement, puisque les agents mettront un minimum d’une heure trente avant d’arriver sur les lieux !
« Si la situation est critique et que le temps est un facteur décisif, nous allons nous y rendre en avion », a affirmé M. Corcoran. « Toutefois, je ne me souviens pas qu’une situation de ce genre soit survenue au cours de l’année dernière », a poursuivi ce dernier. Habituellement, les visites s’effectuent en voiture et la police de Fort Simpson met environ 2 h 30 pour rejoindre la communauté.
Au cours des six derniers mois, les policiers de Fort Simpson ont reçu 17 appels de Wrigley, dont 7 faisant référence à des offenses au code criminel. « Ce nombre ne peut justifier la présence d’un policier[dont le salaire de base est de 55 000 $] installé à demeure », a affirmé M. Corcoran.