Cette semaine, Pierre Elliot Trudeau a rendu l’âme. L’homme s’est en allé en provoquant, comme tout au long de sa vie, de grands remous. Issu de la grande bourgeoisie canadienne, et fier de ses airs d’aristocrate, Pierre Trudeau a suscité de grandes controverses et a déchaîné bien des passions et bien des polémiques. Trudeau n’avait pas la langue dans sa poche. Que de fois, ses pitreries avec petits pas de danse sont allés chercher les émotions profondes des Canadiens, de façon positive ou négative, selon du côté de la clôture où ils se trouvaient. Trudeau maniait aussi bien la langue de Shakespeare, langue de sa mère, que la langue de Molière, langue de son père. Homme de grande culture et d’études approfondies, il ne se gênait pas pour citer des vers ou réciter des poèmes dans le cadre de ses discours, ce qui impressionnait toujours la galerie, dans une langue ou l’autre.
Par contre, quand l’envie l’en prenait de déchaîner les passions, il ne se gênait pas pour y aller de son crû. Il ne s’est pas gêné pour traiter Robert Bourassa, alors premier ministre du Québec de « mangeur de hot dogs ». Il ne s’est pas gêné pour faire manger de la m…. à des travailleurs en train de faire du piquetage. Moi, j’adoucis mon mot, mais lui ne s’est pas gêné pour le prononcer haut et clair devant les caméras. L’homme au « fuddle duddle » a toujours été conscient de ses gestes.
Considéré comme un Trudeau par les Anglais, il était considéré comme un Elliot par les francophones. Il ne faisait pas l’unanimité. L’Ouest canadien s’est toujours considéré comme oublié par l’homme d’État de l’est. De toute façon, il lui suffisait d’avoir l’est, et le tour était joué pour lui.
L’homme de pensée s’est battu pour des idées avant-gardistes, controversées. Il a défendu l’usage légalisé des drogues douces (bien avant heure). Il a avancé les droits des homosexuels et a tenté de faire avancer leur cause à une époque où les tabous étaient encore en force. Il a introduit la Charte canadienne des droits et libertés et…il a rapatrié la Constitution. Parlons-en du rapatriement de la Constitution. Jamais geste n’aura entraîné plus de batailles, de polémiques, de remises en question. Et ce n’est pas terminé.