Originaire de Pangnirtung, petite communauté située sur l’île de Baffin, Paul Okalik a 36 ans. « Je suis le deuxième plus jeune, c’est O.K. », d’avouer le PM. Avocat, il a décidé de se lancer en politique parce que « la pratique du métier d’avocat pouvait seulement aider les gens qui en ont les moyens ! »
Le jeune territoire a besoin d’un coup de pouce puisqu’il est rongé par de graves problèmes sociaux, une pénurie de logements, un taux de chômage qui tourne autour des 35 % pour la population inuit alors qu’il est de 4 % chez la population non-inuit. Malgré une population composée à 85 % d’Inuits, seulement 43 % des employés du gouvernement du Nunavut sont Inuits. « Nous essayons d’offrir une formation à un plus grand nombre de personnes », affirme Paul Okalik, ajoutant qu’il souhaite également offrir des cours aux Inuits pour que ceux-ci apprennent l’inuktitut. « Au gouvernement fédéral, vous devez parler le français pour être sous-ministre », indique-t-il, en soulignant que les fonctionnaires du Nunavut devraient apprendre l’inuktitut.
Les priorités du PM: l’éducation et le logement
« Nos deux cibles en tant que gouvernement du Nunavut sont l’éducation, dont le ministère qui se voit allouer le plus gros budget, et le logement. Certains de nos élèves étudient dans les corridors », déplore le PM. Par ailleurs, une école française devrait ouvrir ses portes en novembre. « Nous développons également un programme qui requiert la présence des aînés dans la salle de classe », poursuit Paul Okalik. Le nombre d’étudiants qui terminent leur secondaire a augmenté depuis l’arrivée au pouvoir de son gouvernement du Nunavut, selon le PM.
Le jeune gouvernement a également entrepris la construction de 100 unités de logements qui seront terminées en avril 2001. Une cinquantaine d’unités supplémentaires devraient être bâties d’ici l’an prochain. Selon le premier ministre, la situation est difficile puisque le gouvernement fédéral ne fournit pas de logements aux Inuits. Des difficultés financières affligent le Nunavut dont le déficit est estimé à 35 millions. Le budget territorial devrait être présenté sous peu.
En ce qui concerne l’économie, l’avenir ne semble pas rose. « Nous n’avons pas d’argent pour tenter de stimuler l’économie. Je ne peux pas dire que je suis fier d’être Canadien. Si j’étais Québécois, je voudrais la séparation. Nous devons être traités en tant que Canadiens », soutient Paul Okalik. Ce dernier souhaite un partage plus équitable des ressources et redevances entre son gouvernement et le fédéral. « Nous voulons avoir le contrôle sur nos pêches. Actuellement, nous avons droit à seulement 25 % de notre quota. Nous avons droit à 100 $. Nous manquons également d’infrastructures routières pour accéder aux ressources du sous-sol », indique le PM. Malgré les obstacles et difficultés, serait-il prêt à se présenter aux prochaines élections ? « Oui, je serai de la prochaine campagne. Quand la situation devient difficile, je regarde cela comme un emploi », souligne celui qui fait son épicerie locale et que le titre de premier ministre ne semble pas affecter. Celui qui s’exprime en inuktitut, en anglais, et qui s’en tire bien en français, souhaite continuer à « apprendre » son métier.