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le Vendredi 8 mars 2002 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Politique

Elle plaide dans sa langue seconde

Elle plaide dans sa langue seconde
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« Habituellement, dans mes cours, je plaide en anglais. Pour moi, plaider en français, c’est comme apprendre l’allemand. Je cherche souvent mon vocabulaire. Dans mes études secondaires, on ne nous apprenait pas les termes légaux », d’évoquer l’étudiante de 24 ans qui terminera ses études à l’Université de l’Alberta en avril.

En compagnie de trois co-équipiers, Moïra est retournée à Québec, le 1er et le 2 mars dernier, pour participer au concours Laskim. Celle-ci a dû défendre des gens et des organisations qui se disaient victimes des actions du gouvernement et de la police lors du Sommet des Amériques d’avril 2001. « J’aime mieux plaider que de faire des déclarations écrites. En plaidant, on peut jouer, c’est comme faire du théâtre », dit-elle.

La future avocate a eu à discourir en faveur de quatre clients devant six juges dans le cadre de ce concours réunissant des facultés de droit de partout au Canada. « Une société sans but lucratif disait que le gouvernement et la police avaient enfreint la liberté d’expression de la population en érigeant la clôture autour de la ville et en utilisant beaucoup de gaz et de balles de plastique. J’ai aussi eu à travailler pour une cliente qui avait reçu des balles de plastique », raconte-t-elle. Bien entendu, les causes de Moïra étaient fictives.

Celle-ci sait déjà que son équipe n’a pas terminé dans les trois premières positions du concours. Elle connaîtra son résultat sous peu. Cette expérience lui a cependant fait réaliser l’importance pour les universités de l’Ouest d’accorder une plus grande place aux langues secondes. « Je veux que l’Université de l’Alberta organise un concours comme celui-là pour les étudiants de l’Ouest qui veulent se pratiquer à plaidoyer dans leur langue seconde », de faire savoir Moïra Vané.

L’étudiante dit qu’aucune école de l’Ouest ne s’est démarquée lors du concours qui se déplace d’une ville à l’autre au fil des ans. « Il faut améliorer cette situation. Ce n’est pas la vérité que l’Ouest n’en a rien à faire du français. Il faut rehausser notre réputation », déclare-t-elle.

À la découverte de la langue

C’est au Petit Séminaire de Québec que Moïra a fait son secondaire IV et V. Celle-ci avait d’abord fait son cours en immersion, à Yellowknife, à partir de la maternelle. « Quand je suis arrivée à Sir John Franklin, je trouvais qu’il n’y avait plus assez de français. Je voulais véritablement continuer mon éducation en français », raconte-t-elle. Ses parents ont déniché le Petit Séminaire.

Il n’a cependant pas été facile pour elle d’y être acceptée. « Ça été difficile de m’inscrire. Il a fallu que je passe plein d’examens pour analyser mes habiletés et j’avais un très fort accent. Quand j’étudiais en immersion et qu’il y avait un mot en français que je ne connaissais pas, je le disais en anglais et quelqu’un me le traduisait. À Québec, ça ne fonctionnait plus comme ça. Je suis devenue une experte dans les descriptions! », de lancer la jeune femme de 24 ans.