le Dimanche 20 avril 2025
le Vendredi 3 mai 2002 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Politique

Atteindre la limite Expédition au pôle Nord magnétique

Atteindre la limite Expédition au pôle Nord magnétique
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Selon les calculs du commandant du 1er Groupe de patrouilles des Rangers canadiens, Yves Laroche, les 33 aventuriers membres de l’unité de la Défense nationale ont mis les pieds sur la surface de 500 km du pôle Nord magnétique. Mais Environnement Canada a vu juste, et les étendues d’eau libre au nord de l’île Ellef Ringnes dépeintes sur les images satellites ont bloqué l’expédition à quelque 70 km de l’objectif.

L’épopée, double tour de force, figurera désormais dans les annales des Forces Armées canadiennes. En 60 ans d’existence, c’est la première fois que les Rangers canadiens parcourent une aussi longue distance et c’est la première fois que différentes patrouilles travaillent ensemble dans un but commun. Au total, les motoneiges dirigées par des Rangers en provenance des trois territoires, ont parcouru 1570 km en 14 jours, soit deux de moins que l’itinéraire initial. Partie le 10 avril, l’équipe a touché le sol bordant le pôle en sept jours, puis a fait demi-tour pour rentrer à Resolute le 24 avril. L’expédition Kigliqaqvik a atteint l’île Helena, située au 76e parallèle, dans le groupe des îles Parry, puis le dôme Isaachsen, sur l’île Ellef Ringnes avant de s’aventurer plus loin sur la glace.

Cette aventure sera probablement la seule et dernière. « Ça a été pour moi presque trois ans de travail et plus d’une année et demie pour mon état-major et les Rangers, raconte Yves Laroche, à son arrivée à Resolute Bay. Nous avons eu les ressources financières cette année, ça ne veut pas dire que nous les aurons dans l’avenir. »

La nature de l’expédition a souligné à la fois le 60e anniversaire de l’unité et la souveraineté canadienne sur les îles isolées de l’Arctique canadien. Pour l’une des rares fois, le Canada s’est tourné vers ce groupe qui œuvre à l’ombre des contingents appelés au front. Le 18 avril, sur leur itinéraire de retour, la télévision a capté en direct les appels du premier ministre Jean Chrétien et du ministre de la Défense nationale, Art Eggleton.

Une attention qui surprend les principaux intéressés. « C’est la première fois que je vois qu’il y a tant d’intérêt pour les activités des Rangers, a expliqué le militaire Laroche, qui a rejoint le groupe au quatrième jour de l’expédition. Tout ce que je voulais, c’était envoyer un communiqué de presse avant de partir et un autre au retour. Ça a pris des proportions beaucoup plus grandes. » Un changement de parcours qui a donné aux Rangers une visibilité nationale, qui pourrait ne pas être étrangère à de nouveaux défis, selon le commandant. « Les Forces canadiennes et le gouvernement vont probablement regarder avec un intérêt plus marqué les capacités des Rangers. »

Les Rangers canadiens sont les seuls militaires entraînés pour les conditions arides du Grand Nord. Pour le Canada, cette force est essentielle à la souveraineté de l’archipel Arctique, qui doit être visité régulièrement, selon le droit international. « Les frontières canadiennes sont encore remises en question par certains pays, comme les États-Unis et le Groenland, surtout au nord du Passage du nord-ouest, a spécifié Yves Laroche. Il n’y a jamais eu de résolution des Nations Unies qui détermine les frontières du pays. » La théorie qui soutient que les changements climatiques vont ouvrir le Passage du nord-ouest au trafic commercial pourrait emmener les forces terrestres du Nord à surveiller plus étroitement les allées et venues sur la voie maritime. De fait, le nombre de Rangers est en croissance et devrait passer de 3500 à 4800 membres d’ici 2008.

La surveillance des voies de passage est l’un des mandat de cette unité militaire qui a vu le jour en 1942, sous le nom de Pacific West Coast Militia Rangers, lorsque les forces japonaises menaient des activités dans le Pacifique. Depuis, 144 communautés du Nord se sont dotées d’équipe de Rangers qui doivent assurer une présence dans le Nord, le long des côtes et dans les endroits isolés. Ils doivent également surveiller les stations de radar automatiques et à se porter au secours de personnes en détresse.