Critiquant le fonds de pension que se sont voté les députés à l’Assemblée législative en mars dernier, la députée de Range Lake, Sandy Lee, a fait le choix de verser sa part dans un fonds en fiducie. Depuis la semaine dernière, les femmes qui se lancent pour la première fois en politique peuvent espérer toucher une aide financière.
Cette mesure a été annoncée le lendemain de la date butoir imposée aux députés, qui devaient se manifester sur leur adhésion au nouveau plan de pension. « J’ai décidé de joindre le plan, mais de préparer en même temps les documents qui me permettraient de mettre sur pied le fonds en fiducie et d’amener le gouvernement à verser ma portion nette du plan dans le programme », a mentionné la députée en conférence de presse.
Ce programme, le WIP, ou Woman in Politics, sera offert à toute femme de Yellowknife se lançant pour la première fois dans l’arène de la politique active aux différents paliers : municipal, territorial ou fédéral. Le fonds en fiducie, qui offre la possibilité de faire des dons, ne sera disponible que lors de la retraite de la députée de Range Lake. Selon les estimations, si elle est réélue en 2003, le fonds emmagasinera 800 dollars par mois. Compte tenu de ce montant, la portée du financement s’arrête pour l’instant à la capitale, mais pourrait rejoindre les communautés si les versements sont plus élevés.
C’est la première fois aux Territoires du Nord-Ouest qu’une telle forme de financement est allouée aux femmes aspirant aux postes de pouvoir. Au fédéral, certains partis possèdent leur propre forme de financement qui encouragent la venue des femmes en politique (voir tableau). L’absence de parti aux T.N.-O. a été un frein à la mise sur pied de cette initiative, comme l’a fait remarquer la députée. « Nous n’avons pas un système avec partis, qui aurait permis de mettre sur pied un programme du genre. »
Le WIP ne vise pas que les personnes, mais peut soutenir un organisme, un événement ou une école qui encouragent la participation féminine aux campagnes électorales. Toute la gamme des secteurs d’influences sera ciblée afin d’augmenter les chances de susciter chez les femmes un intérêt plus grand pour les débats parlementaires ou municipaux. « Il y a des barrières structurelles et systémiques dans le système qui découragent la venue des femmes, mais ce n’est pas dans la mentalité de plusieurs femmes de persévérer dans ce domaine », a souligné Sandy Lee, qui estime toutefois que plusieurs femmes sont engagées dans des secteurs parallèles à la politique.
Barrières budgétaires
En 1999, lors des dernières élections, la députée de Range Lake a pris une deuxième hypothèque sur sa maison et un congé sans solde de trois mois. Un candidat qui est dans la course aux élections peut débourser jusqu’à 30 000 $ selon la Loi sur les élections des T.N.-O. Les versements provenant des entreprises peuvent atteindre un maximum de 1500 $. Pour une femme qui n’est pas très connue de la population et des entrepreneurs, l’étape de la levée de fonds peut s’avérer infructueuse. « J’ai utilisé presque toutes mes économies, a témoigné celle qui a été perçue comme une candidate soutenue par un bon financement. Il faut être connu pour recevoir de l’argent et c’est compréhensible. Mais il y a des barrières supplémentaires pour les femmes. Elles doivent prouver qu’elles sont de bonnes candidates. »
Le résultat se mesure en chiffres. Il n’y a que deux députées à l’Assemblée législative, alors qu’il y a 19 sièges. L’une, la députée de Hay River Sud, a été élue par acclamation et l’autre, Sandy Lee, est passée à travers le processus de la campagne électorale. Au cours des trente dernières années, le maximum de femmes élues au palier territorial a été de trois. Lors des élections de 1999, seulement cinq femmes se sont présentées dans les circonscriptions de la région de Yellowknife. Du côté de la municipalité, une seule femme siège au conseil de ville, alors qu’il y a huit places autour de la table.
Pour l’instant, le seul fiduciaire est un avocat de Yellow-knife, Edward Gullberg, mais deux autres personnes pourront s’ajouter. Les conditions d’admissibilité au programme seront déterminées par les trois fiduciaires qui administreront le fonds par vote majoritaire.