Il y a belle lurette que je ne me suis pas laissée aller à mon passe-temps favori… en écriture : taper sur nos amis du Sud, et j’ai nommé, les États-Uniens. Mon ami, le père René Fumoleau m’a déjà fait remarquer, à juste titre, que c’était incorrect que des les appeler Américains, car tous les habitants des deux Amériques sont des Américains, et pas uniquement les résidents du pays de l’oncle Sam. J’ai donc adopté le nom plus juste d’États-Uniens, qui, je tiens à vous le faire remarquer, est de plus en plus utilisé dans les médias pour nommer les Amerloques.
En cette veille de guerre (peut-être même sera-t-elle déclarée quand vous lirez ces lignes, mais je ne crois pas), on ne peut faire autrement que de repenser au nouvel ordre mondial que notre ami Buisson (traduction libre de Bush) se fait un plaisir à installer. Fier de sa victoire électorale du 5 novembre, il fait les gorges chaudes, pendant que les fantassins de son armée fourbissent leurs armes. Plus le temps avance, plus il semble inévitable que l’Irak soit attaqué. L’angoisse s’installe, l’attente devient lourde à porter. Toutes les attentions sont maintenant portées sur notre George le texan qui, rappelons-le, n’est pas de la plus vive intelligence. J’ai déjà raconté, dans cette chronique, que lors de sa campagne présidentielle (qui lui a valu le poste à la présidence), interrogé par un journaliste belge sur les Talibans, il a dit ne pas connaître ce groupe rock. Et n’allez surtout pas croire que j’invente ça, la blague court en Europe et à même traversé l’Atlantique. Notre bon président se proclame donc à la tête des forces du bien pour aller combattre l’axe du mal. Ce n’est pas moi qui ai inventé le terme, vous l’avez tous entendu un jour ou l’autre. Donc, ce monsieur, à la tête de l’état américain qui exécute le plus de personnes aux USA, se porte à la défense du bien. Exécuter les gens, c’est bien, à son sens. Selon sa grande logique, ils sont coupables, on les tue. Je ne crois pas que le raisonnement aille bien plus loin.
Et le pays de l’oncle Sam, si civilisé, se permet toutes sortes d’incartades aux frontières. Vous avez entendu parler de ce gars de Pohénégamouk, allé chercher de l’essence dans aux États sans s’arrêter au poste frontière (qui, soit dit en passant était fermé). Il est en train de croupir dans un prison américaine, sans autre forme de procès. Le cas est bien documenté, vous en avez entendu parler. Je ne m’y attarde pas. Par contre, avez-vous entendu parler d’un autre gars, un architecte, qui, l’été passé, a été arrêté pour vérification au lac Champlain, du côté des États-Unis. Il était en train de réparer son voilier sur le bord de l’eau. Une vérification de routine, on découvre qu’il y a 20 ans, il avait été arrêté pour possession de drogue (une quantité infime, genre 1 joint). Hop! On l’embarque, on l’incarcère. Malgré tous les efforts de son avocat pour l’en sortir, il demeure plus de deux mois en prison. Quand vient le moment de le relâcher, on le laisse pratiquement sans vêtements par une température froide et pluvieuse. N’oubliez pas que le gars a été arrêté au mois d’août et relâché vers la fin d’octobre. Il faisait froid. Voilà la belle justice de nos amis du Sud. Rien de trop beau pour s’affirmer, même aux dépens des voisins, des supposés amis Canadiens, des gens ordinaires qui semblent louches. N’importe quoi! J’ai entendu cette histoire abracadabrante à Radio-Canada qui ne se spécialise tout de même pas dans le journalisme à potins. Ce jeune architecte qui faisait beaucoup affaire aux États-Unis dans le cadre de sa profession se voit donc obligé de demander un permis spécial pour avoir le droit d’entrer dans l’axe du bien qui nous borde au Sud! Je ne crois pas qu’il veuille y remettre les pieds.
On en connais tous, des histoires d’horreur du genre qui se sont passées là-bas. Les frissons nous donnent la chair de poule, quand on va déjeuner dans un resto du Deep South, et que tous les gens arrêtent de parler quand vous entrez… parce que vous êtes étranger. Jamais vous ne dépasseriez la vitesse affichée, car bien trop grande est votre crainte d’être emmené dans une prison crasseuse où on vous traînera devant un juge tremblotant qui vous infligera une amende qui vous fera regretter de ne pas avoir pris l’avion pour vous rendre au Mexique. Franchement, sous des airs de ne pas y toucher, il existe aux États-Unis des états de fait qui font frissonner. Il s’y passe des événements qui donnent la chair de poule. Dernièrement, j’écoutais des supposés experts qui s’exprimaient sur le tireur fou. Quand on leur a demandé si la question des armes à feu devrait être rediscutée, ils sont tombés des nues : surtout ne jamais remettre en question le sacro-saint droit de se promener avec une arme. Jamais ils ne se permettraient de brimer la liberté des possesseurs d’armes… aux dépens d’innocentes victimes. Enfin!
Je vous laisse à réfléchir sur tout ça. Et espérons que la guerre n’aura pas lieu!