L’avocat Roger Lepage a eu une journée fort chargée le jeudi le 13 octobre dernier alors qu’il a rencontré le conseil d’administration de l’Association des parents ayants droit de Yellowknife (APADY) et la commission scolaire francophone de division. De plus, il était l’invité d’une séance d’information publique offerte à la communauté francophone locale et organisée conjointement par l’APADY et l’Association des parents francophones de Yellowknife (APFY). Ces deux associations de parents désiraient que Me Lepage présente les fondements d’une éventuelle poursuite des parents dans le dossier de l’agrandissement de l’École Allain St-Cyr.
Pour Me Lepage, « l’assimilation est centrale dans tous les recours de parents. Quand tu deviens assimilé, tu perds ton statut d’ayant droit ». Il a expliqué comment l’article 23 de la Constitution canadienne vient encadrer les droits à l’éducation dans sa langue pour les minorités linguistiques, comment cette disposition nous garantit une instruction primaire et secondaire équivalente à celle reçue par la majorité anglophone et comment cet article de la Constitution est la base de la reconnaissance du droit à la gestion.
Au sujet du droit à la gestion, Roger Lepage a mentionné que les commissions scolaires francophones ont des droits juridiques mieux ancrés que ceux des commissions scolaires de la majorité. « C’est différent des commissions scolaires anglophones qui tirent leur pouvoir d’une loi scolaire. Une commission scolaire francophone tire ses droits de l’article 23 de la Charte. C’est plus important qu’une loi sur l’éducation », a souligné Me Lepage.
À la surprise des participants, alors que Roger Lepage expliquait la portée des plus récents jugements en matière de droits scolaires, il a vanté les mérites du concept des centres scolaires communautaires. Cette approche a suscité des réactions de la part de représentants de l’Association franco-culturelle de Yellowknife (AFCY). « Nous avons présentement un employé qui travaille à plein temps sur un centre communautaire qui ne comprenait pas un centre scolaire communautaire. De là notre surprise…», a expliqué Chantal Desgagné, présidente de l’AFCY. La présidente de l’APADY a indiqué que le concept de centre scolaire communautaire avait déjà été abordé dans les discussions. « Mais on n’avait cependant pas vraiment pris position sur cela pour Yellowknife », a mentionné Yvonne Careen. « L’idée est là, mais ce n’est pas plus développé que ça à ce point-ci. »
Le raisonnement de Me Lepage découle des récents jugements de la Cour suprême. « La Cour a statué que l’école est une institution-clé de la communauté, de son développement et de sa survie », a expliqué Roger Lepage.
Dans la situation de Yellowknife, Roger Lepage identifie de nombreuses injustices. D’abord, entre 1988, année de revendication d’une école francophone, et 1998, année de construction de l’École Allain St-Cyr, c’est 10 années de délais. « Dix années de délais, c’est une génération d’élèves complète qui est perdue », a souligné Me Lepage. De plus, la construction s’est faite en se basant sur les nombres de la majorité anglophone. « Pour la minorité, tu n’attends pas d’avoir les nombres avant de construire une école. Tu construis puis tu attends les nombres », a expliqué Roger Lepage. Ce raisonnement est valable aussi pour la question du gymnase et de tout autre installation physique nécessaire pour avoir une école complète équivalente à ce qui est accessible à la majorité anglophone. «Oubliez le nombre de 150 élèves comme minimum pour construire un gymnase» a continué Me Lepage, mentionnant que l’école actuelle a été bâtie comme une école élémentaire.
Gerry Goudreau, de Hay River s’est inquiété de la possibilité d’une poursuite judiciaire et de son impact sur le projet de construction de l’École boréale de Hay River. Pour Me Lepage, si le GTNO décide d’interrompre la construction de l’école advenant une poursuite, la communauté a un recours rapide, celui d’une injonction de la Cour pour poursuivre les travaux.