Comment on est devenu complètement coupé du reste du monde Geneviève Harvey Si vous habitez ici et que vous ne savez pas ce qui s’est passé, il est peut-être temps que vous sortiez de votre bulle. Si vous le savez, c’est déjà ça. Mais laissez-moi vous raconter un peu, comme un atmosphère étrange s’installa sur Yellowknife, le temps de 2 ou 3 jours. Je vous écris dimanche. Tout n’est pas encore rentré dans la normale. Il est tôt et normalement, si tout va bien, l’aéroport doit réouvrir à 9 heures. Il est 8 h 55. Mais comment cela a-t-il commencé? Cela a commencé vendredi matin, alors que les communications au travail étaient complètement chamboulées. Rien ne fonctionnait, sauf la radio : pas d’Internet, de services de courrier interne, rien, nada. Quand on a des urgences à envoyer, on commence à s’énerver. Et quand soudain, les rumeurs commencent à circuler, alors là on se demande ce qui se passe. Le mot aéroport circulait de plus en plus. Un peu plus tard, la rumeur est devenue un peu plus concrète : un avion de chasse de l’armée avait largué un missile par mégarde. On rit, on croit à une bonne blague, pour soudain réaliser que non, ce n’est pas une blague, et que vraiment, une erreur s’est produite, et qu’un missile a été largué, et que oh! comble de l’ironie, on ne le trouve pas. Donc, la route est barrée. Personne ne peut sortir de la ville ni y entrer, car comme le tout s’est passé dans les environs de l’aéroport, lui-même situé près de la seule route, la ville est fermée. Et l’aéroport aussi, ne craignez rien. Donc, si vous deviez prendre l’avion ou que vous aviez des projets de congé en dehors de la ville, oubliez ça, du moins pour un temps. Donc, on est coupé. Les avions ne rentrent plus et ne partent plus. Et le lendemain, on rigole quand, croit-on, de petits farceurs nous font croire qu’il est arrivé un autre incident et que l’aéroport est à nouveau fermé. Allons donc, cessez vos plaisanteries. C’est une bonne blague, mais elle a assez duré. Eh bien! non, ce n’est pas une blague, mais alors là, pas du tout. L’aéroport est bien et bien fermé, car un avion de chasse de l’armée (tiens, tiens, on a déjà entendu parler de cet dernier dernièrement) s’est écrasé en bout de piste et le pilote à dû s’éjecter. Aéroport fermé, route fermée, même scénario que la veille, sauf que là, les choses se corsent. Ça commence à faire plusieurs avions qui ne rentrent pas, et plusieurs qui ne ressortent pas. Ce matin, je devais mettre sur l’avion une personne de mes connaissances, mais pas besoin de vous dire que la personne en question ne part pas. Elle partira demain, soit lundi, si elle est chanceuse. En effet, aujourd’hui dimanche, les avions roulent au ralenti. Donc, partira, partira pas demain? Je vous le donne en mille. Je compte vous donner le rest of the story demain, aux petites heures. Mais ça ne vous fait pas frissonner, vous autres, de savoir qu’on a des missiles qui se promènent au-dessus de nos têtes, et qui pourraient nous tomber dessus n’importe quand? Je veux bien croire qu’ils ne sont pas armés, mais c’est une bien piètre consolation. Il me semble que l’armée à probablement de grandes questions à se poser par les temps qui courent et qu’ils devront peut-être revoir leur manuel de sécurité. Pour ma part, hier, j’avais l’impression de vivre un film d’horreur où les avions et les missiles tombent et où les habitants d’une petite ville isolée du Nord sont pris en otage et ne peuvent plus aller nulle part. J’ai oublié de vous dire que je me suis rendue à l’aéroport après souper, et que c’était bourré de polices, de militaires, etc. avec un gros avion noir de l’armée sur le tarmack. Brrrr. ça donnait des frissons. Et c’est là qu’on m’a appris que l’aéroport était encore bel et bien fermé. Je termine pour aujourd’hui, et demain, je vous dirai si les avions se sont remis à fonctionner normalement. À demain! Je devais terminer mon article lundi matin, mais j’arrive de l’aéroport et les choses semblent rentrer dans l’ordre tout doucement. Il y avait deux avions sur le tarmack et des gens rentraient avec leurs bagages. Donc, suite et fin demain matin, première heure. Et l’histoire se termine sans incident. L’avion décolle à l’heure, pas de bousculades au portillon, l’aéroport fonctionne normalement, la vie a repris son cours. Mais on n’oubliera tout de même pas cette étrange fin de semaine où le ciel nous est tombé sur la tête et où, pendant quelques heures, on a été complètement isolé du reste du monde. Espérons que ce genre d’incidents ne se reproduiront plus, car ce qui, justement, n’a été qu’incidents, aurait pu avoir des conséquences graves. Et à partir de maintenant, ce qu’on aimerait bien, ici, à Yellowknife, c’est profiter un peu de l’été, qui célèbre aujourd’hui sa première journée. Et bon anniversaire aux Autochtones!
Comment on est devenu

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