le Samedi 26 juillet 2025
le Vendredi 22 octobre 2004 0:00 Politique

Vers une redéfinition du partenariat?

Entente Canada-Communauté

Vers une redéfinition du partenariat?

Entente Canada-Communauté

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La dernière entente quinquennale qui liait la communauté francophone des Territoires du Nord-Ouest au ministère du Patrimoine canadien a pris fin en avril dernier. Avant de renégocier un nouveau partenariat de cinq ans, le bailleur de fonds a décidé de consulter les communautés afin d’adapter l’entente à la nouvelle donne en matière de communautés de langues officielles en milieu minoritaire. À Yellowknife, cette consultation aura lieu le 7 décembre.

Officiellement, l’objectif des consultations est de « maximiser l’impact de la collaboration entre le ministère et les communautés, les retombées des programmes […], de même que l’effet d’entraînement que peuvent avoir ces programmes auprès d’autres partenaires publics et communautaires ».

C’est que déjà, deux ententes quinquennales ont été signées entre le gouvernement fédéral et les communautés depuis 1994. Selon Hubert Lussier, directeur général des programmes d’appui aux langues officielles, les progrès effectués en matière de gestion scolaire, tout comme l’annonce du plan d’action sur les langues officielles, faite par Stéphane Dion il y a un an et demi, ont « changé l’environnement » et justifient la série de consultations pancanadiennes.

« Nous voulons voir s’il y a lieu de mieux travailler ensemble et maximiser l’impact des investissements que nous avons l’intention de continuer auprès des communautés », laisse entendre M. Lussier, tout en insistant sur le fait que les consultations ne seront pas un prétexte à des coupures budgétaires. « Les enveloppes sont protégées. Nous voulons rassurer les gens et dire qu’à partir du 1er avril 2005, l’argent sera là et tout sera mis en place pour éviter les interruptions que certains peuvent redouter ».

Parmi les participants à ces consultations, on retrouvera les chefs d’associations communautaires et les différents membres de conseils d’administration. « Nous incluons aussi des gens qui ne sont pas du monde associatif, en tant que tel. Ça peut être soit des leaders d’opinion ou des gens à la tête d’institutions. Ça peut aussi être des hôpitaux et des écoles qui jouent un rôle crucial et important dans le développement des communautés », dit M. Lussier, qui évalue que les consultations pourraient s’adresser à un groupe pouvant atteindre une quarantaine de personnes.

Quant aux nouvelles approches de collaboration, M. Lussier mentionne le mot « asymétrie » pour illustrer le fait qu’il entend à ce que le gouvernement fédéral s’adapte aux réalités de chacune des communautés. « Nous voulons des mécanismes adaptés à chacune des communautés vis-à-vis desquelles nous investissons ».

Au cours de la consultation, le ministère du Patrimoine canadien entend proposer divers scénarios de partenariat qui feront l’objet de discussions. « À un bout du spectre des possibilités, on aurait une relation traditionnelle telle que conçue dans la plupart des ministères, alors que l’on reçoit directement les demandes des clients et on finance au cas par cas. À l’autre bout du spectre, ce serait la livraison par un tiers parti. On conclurait alors une entente avec un organisme représentatif pour la gestion et la prise de décision par rapport au projet soumis. Le spectre est donc large et vous pouvez mettre ce que vous voulez au milieu », dit-il.

Jusqu’à maintenant, le directeur général de la Fédération Franco-TéNOise, Léo-Paul Provencher, dit ne pas avoir reçu beaucoup d’informations sur la consultation du 7 décembre. « J’ai des idées, mais c’est une question extrêmement importante qui mérite une réflexion. Pour moi, ça ne devrait pas être matière à une seule réflexion dans un délai de quelques heures. Vont-ils nous donner un aperçu des questions à discuter avant? Aura-t-on des séances de travail pour creuser les bilans qu’on tire (des ententes précédentes) et les plans que l’on aimerait faire? ».

M. Provencher dit aussi avoir être inquiet face à « l’asymétrie » que le ministère du Patrimoine canadien voudrait appliquer. « Est-ce que les Territoires seront vus comme un endroit où il y a trop peu de monde pour l’argent qui y est versé ? Nous sommes peu nombreux, mais il est important de nous maintenir sur le plan canadien en termes budgétaires », dit-il, expliquant que l’éloignement géographique et les distances à parcourir entraînent des coûts supplémentaires.

M. Provencher soulève aussi des questions face à la possibilité d’avoir à transiger avec plusieurs ministères ayant de nouvelles responsabilités en vertu du plan Dion. « Nous aurons alors à entretenir des liens étroits avec plusieurs ressources différentes et plusieurs projets différents. Nous n’avons pas les ressources pour nourrir une si grosse machine. Ça demanderait des ajustements importants sur les façons de travailler, puisque, concrètement, il faut entretenir des liens, connaître les programmes et les ressources. C’est un défi en soi », dit-il.

Le directeur général espère donc recevoir les informations à temps pour discuter de la question au cours de l’Assemblée générale annuelle des 12, 13 et 14 novembre prochains. « Je serais surpris que l’on n’en parle pas. C’est trop important et le renouvellement de l’entente quinquennale est prioritaire », conclut-il.