le Mercredi 23 avril 2025
le Vendredi 17 Décembre 2004 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Prospérité du Nord et de l’Ouest La France suit le mouvement

Prospérité du Nord et de l’Ouest La France suit le mouvement
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« Je n’ai pas de problème à me trouver des choses à faire tous les jours. Ça c’est sûr », confie le consul français de Vancouver, Jean-Yves Defaye, de passage aux TNO pour sa visite annuelle. L’importance économique toujours plus grande du Nord et de l’Ouest, explique-t-il, est aguichante pour l’Hexagone. « Il y a toutes ces immenses ressources de l’Ouest et du Nord dans le domaine de l’énergie, mais aussi de l’espace, de l’eau. Et là je ne parle pas des diamants : vous êtes devenus le troisième au monde [dans ce secteur]. Vous serez peut-être le deuxième dans quelques années », commente celui qui revenait tout juste d’une visite à Fort McMurray, la ville-champignon créée par l’industrie des sables bitumineux de l’Athabasca Alors qu’auparavant c’est surtout sur la rive Atlantique que s’affairait la diplomatie française, désormais on reluque du côté du Pacifique et de l’Arctique. « Longtemps nous avons été à l’Est et maintenant nous allons vers l’Ouest. Tout le monde va vers l’Ouest, alors forcément nous aussi », indique le consul. Entre 2002 et 2004 le nombre de ressortissants français enregistrés au consulat de Vancouver à crû de près de 20 %. Au niveau des capitaux aussi, M. Defaye constate une présence plus grande de la France dans le Nord et l’Ouest. « C’est vrai que la majorité des investissements se faisaient, jusqu’ici, dans la partie Est du Canada. Mais maintenant nous allons vers l’Ouest. Il y a de très gros investissements qui se font, en Alberta notamment, dans la région de l’Athabasca. Il y a aussi de très gros investissements en Colombie-Britannique et, bien entendu, nous suivons de très près ce qui se passe chez vous, dans la vallée du Mackenzie. Nous avons bien l’intention, en effet, de participer à ce développement. » La France, insiste-t-il, aime investir ici. « La France est le deuxième investisseur étranger au Canada. Très loin derrière les États-Unis, bien entendu, mais le premier de tous les autres. » En juin 2004, les Français avaient investi 1,3 millions de dollars dans les sables bitumineux de l’Athabasca seulement. Mentionnons, toutefois, que la présence de l’appareil diplomatique français demeure relativement modeste de ce côté-ci du 110e méridien. Alors que dans l’Est, on retrouve des consulats à Québec, Montréal, Moncton et Toronto, sans oublier bien sûr l’ambassade à Ottawa, le consulat de Vancouver couvre à lui seul la Colombie-Britannique, l’Alberta, le Yukon et les TNO. Kyoto Les projets qui attirent les Français dans l’Ouest ne sont pas nécessairement les plus écologiquement corrects. L’industrie des sables bitumineux de l’Athabasca, pour ne nommer que celle-là, est une des pires sources de gaz à effet de serre (GES) au pays. Comment la France, qui du reste est bien connue sur la scène internationale pour défendre avec vigueur le protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de GES, concilie-t-elle environnement et développement ? Le consul Defaye estime que la solution se trouve au niveau du dialogue. Kyoto vise à réduire les émissions globales de GES de 10 % de moins que leur niveau de 1990. Il s’agit, selon le consul, d’une cible réaliste que la France souhaite atteindre conjoitement avec le Canada. Vous avez, vous les Canadiens, signé Kyoto alors nous n’avons pas de dispute du tout, là-dessus. Mais maintenant, comment y arrive-t-on ? Est-ce que nous y allons tout d’un coup, très facilement ? Est-ce que, dans certains domaines, c’est plus difficile ? Alors nous parlons beaucoup. Il faut parler et avec les Canadiens c’est facile. […]. Parce que dans certains domaines vous êtes pionniers, et dans d’autres non. Parce que vous avez beaucoup de ressources vous n’êtes pas forcément les champions de l’écologie. Mais dans d’autres domaines oui. Alors, voilà, nous échangeons et nous essayons d’avancer ensemble. » Passage du Nord-Ouest Le consul ne cache pas, non plus, que l’ouverture probable du Passage du Nord-Ouest présente un attrait pour la France. Mais il affirme du même souffle la volonté de son pays de négocier son utilisation. « Un diplomate c’est un pont, c’est un pont entre deux pays. Un pont, on le construit pour que ça aille dans les deux sens, dit-il. Alors pour ces problèmes-là, nous regardons avec vous cet Arctique qui, peut-être effectivement, va libérer en fondant un passage à la navigation. Nous discutons ensemble pour savoir comment cela sera organisé. Est-ce que ça restera entièrement sous l’organisation canadienne ? » Dans tous les cas, ce n’est pas encore demain que l’Arctique canadien sera ouvert au transport maritime, et d’ici là M. Defaye compte bien faire en sorte que la vieille amitié France-Canada se maintienne. « Nous ne pouvons pas nous projeter à 50 ans de maintenant comme si c’était arrivé. Il faut voir. Ce que cela suppose – et c’est ça qui est bien dans les relations entre la France et le Canada – c’est un continuum dans le dialogue.»