le Mercredi 23 avril 2025
le Vendredi 21 janvier 2005 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Le syndicat soutient l’employé réprimandé

Le syndicat soutient l’employé réprimandé
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L’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) soutient ses membres victimes de discrimination sur la base de leur langue maternelle, assure son vice-président pour la région du Nord, Jean-François Deslauriers.

La semaine dernière, L’Aquilon révélait à mi-mots qu’un employé du gouvernement des TNO avait été réprimandé après avoir été surpris à discuter en français avec un collègue. Cette semaine, Jean-François Deslauriers a corroboré cette information et a apporté des précisions. « Le 22 décembre 2004, a-t-il dit, un employé francophone de l’hôpital H. H. Memorial Williams de Hay River a reçu une lettre disciplinaire de son employeur lui disant, clairement, qu’il n’a pas le droit de parler français dans son milieu de travail et que s’il persiste à parler avec ses collègues en français au travail, il devra faire face à des mesures disciplinaires. »

Deslauriers affirme que le syndicat a en sa possession une copie de la lettre disciplinaire en question ainsi que le témoignage écrit d’un collègue de travail qui supporte la version du plaignant.

Pour l’instant l’AFPC déclare ne pas avoir encore déterminé ce qu’elle fera pour faire respecter les droits de l’employé lésé, mais qu’elle prendra les moyens qui s’imposent. « Il y a plusieurs avenues, dit-il. C’est sur que nous pouvons porter grief. Nous pouvons également déposer une plainte auprès du commissaire aux langues [officielles] des Territoires du Nord-Ouest. Mais, fondamentalement, c’est une atteinte aux droits de la personne. Ça fait atteinte à au moins un des motifs de distinction illicite. Il s’agit de discrimination fondée sur l’origine ethnique. » Le recours pourrait donc prendre la forme d’une plainte au commissaire aux droits de la personne des TNO. Deslauriers n’exclut pas, non plus, de prendre plusieurs moyens. « Nous avons envoyé le cas à nos conseillers juridiques », indique-t-il.

« Du point de vue syndical, nous voyons les langues comme étant un bénéfice pour les travailleurs et travailleuses, mais aussi pour la richesse du milieu de travail, ajoute le syndicaliste. La langue qu’une personne parle, sa langue maternelle, ça fait partie de sa fibre. Ça fait partie d’elle-même comme ses bras et ses jambes. »

Francophone, Deslauriers affirme avoir lui-même déjà subit des discriminations au travail sur la base de sa langue. « J’ai déjà eu à y faire face, il y a très longtemps. La chose a été résolue à l’amiable à l’interne, mais c’était très clair de ma part et de la part de mon syndicat que j’avais le droit de parler ma langue avec d’autres personnes dans le milieu de travail. Il n’y a aucune restriction par rapport à ça dans les milieux de travail », dit-il. Au moment de mettre sous presse, la direction de l’hôpital H. H. Memorial Williams n’avait pas pu être rejoint.

Réactions de la Fédération

La Fédération Franco-Ténoise (FFT) a également commenté l’affaire à L’Aquilon. Selon le président, Fernand Denault, ce que cet incident met en lumière, c’est d’abord le manque d’outils pour faire face à une situation de discrimination sur la base de la langue.

« Le gros problème,constate le président, c’est qu’il manque de règlements à la Loi. Il manque aussi de directives adéquates pour les fonctionnaires. […] Alors, ça donne la possibilité d’interpréter comme on le veut. Et puis, où nous sommes très vulnérables, surtout en situation minoritaire, c’est face aux instincts de base de certains êtres humains qui cherchent à dominer leur entourage. Et ça, ça mène au harcèlement, ça mène à la discrimination. Ce sont des choses contres lesquelles nous devons nous protéger. Il faut aussi les prévoir pour rendre le harcèlement et la discrimination impossibles ou, à tout le moins, plus difficiles. Mais ça n’a pas été prévu par nos gouvernements. »

Aucune loi territoriale ne traite de la question de la langue de travail. Ni la législation fédérale sur les droits de la personne, ni celle de TNO, ne considère la langue comme un motif possible de discrimination.