le Mercredi 23 avril 2025
le Vendredi 3 juin 2005 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

« Le Parti conservateur a changé »

« Le Parti conservateur a changé »
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Depuis la fusion du Parti progressiste-conservateur et de l’Alliance canadienne, Jim Prentice a été un conservateur bien en vu. Il a d’abord tenté, en vain, de remporter l’investiture du nouveau parti, puis s’est fait élire dans la circonscription de Calgary Centre-Nord et a obtenu le poste de critique en matière d’Affaires indiennes.

À ce titre, il a pris un nombre considérable de positions sur des dossiers qui touchent directement les TNO. Ces derniers mois, à la Chambre des communes, on l’a entendu fustiger l’Accord Tlicho qui, dit-il, « compromet la capacité du Canada d’exercer sa souveraineté internationale », accuser les libéraux de retarder le Projet gazier du Mackenzie « qui serait bien plus avancé si les Conservateurs étaient aux pouvoir » et même présenter sa propre « vision pour le Nord ». En même temps, avec, par exemple, une position favorable aux mariages gais, Prentice incarne une certaine aile gauche du parti le plus à droite de la Colline parlementaire. L’Aquilon a voulu en savoir davantage.

L’Aquilon :Croyez-vous que le contretemps dans les négociations sur le gazoduc du Mackenzie est lié à une mauvaise gestion des libéraux ?

Jim Prentice :Je ne crois pas que le projet de gazoduc soit arrêté. J’espère que nous arriverons à une entente [entre les Premières nations et les promoteurs]. J’ai très certainement été loquace quand est venu le temps d’énoncer ce que le gouvernement fédéral ne fait pas pour arriver à un tel règlement. Je pense que le problème c’est le fédéral ; ce ne sont pas les Autochtones. C’est facile de dire que les Premières nations demandent trop, mais quand on regarde les faits on se rend compte que les gens du Nord sont écoeurés par des décennies d’inaction de la part du gouvernement fédéral.

Mais ne croyez-vous pas que les promoteurs devraient aussi être blâmés ? Après tout, ce sont eux qui refusent les demandes des Autochtones

. J. P. : Je ne blâme personne. Je ne suis pas à la table de négociations et je suis aussi conscient qu’il y a des frustrations dans chaque camp. Mais entendons-nous, là où les négociations achoppent, c’est au niveau des coûts sociaux du projet. Qui devra fournir payer cette note ? Le gouvernement territorial ne peut pas le faire parce qu’il essaye, depuis plus de 17 ans, d’obtenir une entente sur la dévolution de pouvoirs et que, malheureusement, il négocie toujours avec Ottawa.

Et vous, que feriez-vous si vous étiez le ministre des Affaires indiennes, en ce moment ?

J. P. : Eh bien, nous agirions prestement pour entamer des négociations avec le gouvernement territorial pour compléter la dévolution, parce que nous sommes engagé à conclure la dévolution. Deuxièmement, nous prendrions les mesures qui s’imposent pour que soient appliquées les recommandations de la vérificatrice générale qui a critiqué la gestion du ministère des Affaires Indiennes. […] Il faut faire le ménage dans la réglementation en toile d’araignée du Nord. Nous avons également indiqué que nous aimerions qu’il y ait une personne au cabinet qui aurait des responsabilités spécifiques pour le projet de gazoduc. Alors il y aurait une personne, au cabinet, qui aurait l’autorité nécessaire pour que ce projet se réalise.

Maintenant, parlons un peu du développement du Nord. Quel est l’agenda conservateur pour le Nord et pourquoi pensez-vous être en meilleure posture que les libéraux pour servir l’intérêt des gens d’ici ?

J. P. : Je suis un grand partisan du Nord. J’y est passé beaucoup de temps. J’ai voyagé là-bas souvent. J’y suis allé pour pêcher et aussi pour faire de la randonnée pédestre. Je pense que les conservateurs croient en la vision du Nord. Nous travaillerions de concert avec les gens du nord pour développer cette vision. Nous voulons offrir aux Canadiens un gouvernement engagé à développer l’industrie du Nord, à mettre en place des infrastructures sociales nécessaires dans les communautés et s’assurer que les résidents du Nord, qu’ils soient autochtones ou allochtones, soient maîtres de leur propre destin. Je ne pense pas que les libéraux aient réussi cela. Ça fait douze ans qu’ils négocient la dévolution et, au moment où l’on se parle, le gouvernement des TNO ne touchent toujours que 4 % des redevances sur les ressources qui sont extraites chez eux.

Mais en dépit de cela, votre parti vote constamment contre les accords d’autonomie gouvernementale des Autochtones. Pourquoi devrions-nous vous croire quand vous dites que vous voulez donner plus de pouvoir aux TNO ?

J. P. : Je ne pense pas qu’il est juste de dire que nous votons toujours contre l’autonomie gouvernementale. Dans notre politique adoptée à Montréal nous disons que nous sommes favorables à l’autonomie gouvernementale. Je pense que notre politique en la matière est plus forte que celle des libéraux. Nous souhaitons remplacer entièrement la Loi sur les Indiens par un document moderne. Depuis que je suis là, depuis un an, la seule loi de ce genre contre laquelle nous avons voté, c’est l’Accord Tlicho.

Quant à la communauté francophone maintenant, reconnaissez-vous son apport à la culture du Nord et comment cela se reflète-t-il dans l’approche conservatrice du développement nordique ?

J. P. : Je pense que les francophones font partie intégrante du Canada. C’est indubitable. Nous appuierions très certainement les francophones du Nord [si nous étions au pouvoir].

La communauté franco-ténoise ne doit donc pas s’attendre à des coupes budgétaires si les Conservateurs sont élus ?

Bien sûr que non. Nous n’avons jamais insinué une telle chose. Le Parti conservateur a changé. Lisez nos politiques pour les Autochtones et les francophones, vous verrez bien que nous sommes un parti inclusif.