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le Vendredi 8 juillet 2005 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

« Le Canada est une collectivité de minorités »

« Le Canada est une collectivité de minorités »
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Jack Layton, le chef du Nouveau parti démocratique (NPD) affirme pouvoir faire mieux que les libéraux pour l’épanouissement des communautés francophones minoritaires. C’est ce qui ressort d’un entretien qu’il a accordé à CIVR Radio Taïga, mercredi dernier, en matinée.

Layton, de passage à Yellowknife à l’occasion de l’assemblée générale annuelle de l’Assemblée des Premières nations, a critiqué le peu de fonds débloqués par le gouvernement Martin pour venir en aide aux communautés francophones. « On ne peut pas laisser les subventions des programmes au même niveau pendant dix ans », a-t-il déploré, faisant référence aux ententes Canada-Communautés.

« Pour les libéraux, les réductions d’impôts aux grandes entreprises étaient plus importantes qu’un ajustement des subventions [aux communautés linguistiques minoritaires] », a-t-il dit

Le chef du NPD a même laissé entendre qu’il offrirait plus que les 19 % de l’entente provisoire survenue dernièrement avec Patrimoine Canadien et qui a fait grincer des dents certains organismes francophones, dont la Fédération Franco-Ténoise. « Nous allons proposer une augmentation », a-t-il annoncé en direct sur les ondes de la radio francophone de Yellowknife. Aussitôt, il s’est empressé de tempérer ses propos en ajoutant que cette augmentation devra être assujettie à l’impératif d’un budget équilibré. « Nous ne pouvons pas faire de miracles », a dit le député de Toronto Danforth.

Il a, en outre, accusé le tristement célèbre scandale des commandites d’avoir contribué à l’affaiblissement des communautés minoritaires. Des revenus associés au programme administré par l’ex-ministre Alfonso Gagliano ont, en effet, été perdus par les organismes francophones lorsque le programme a été annulé par Paul Martin. « Les subventions qui étaient disponibles ne sont plus là, à cause de l’action des libéraux. C’est terrible », s’est exclamé Layton.

Questionné sur l’importance que revêtent réellement les minorités pour les politiciens dans un système démocratique qui consiste à obtenir la majorité des voies, Layton a pris la défense des plus petits. « Le Canada est une collectivité de minorités, a-t-il dit. C’est une définition du Canada que d’appuyer les besoins des minorités. Si nous dirigeons constamment les politiques en faveur des groupes majoritaires, cela ne reflète pas la réalité canadienne qui est celle d’un pays bilingue et multiculturel. »

Pipeline

D’autre part, le chef néo-démocrate a fait savoir que son parti n’a pas l’intention de laisser tomber les démarches entreprises par le présent gouvernement pour conclure, avec les TNO et les gouvernements autochtones, une entente sur le partage des revenus provenant des ressources et sur la dévolution de pouvoirs similaires aux provinces.

« C’est une injustice que les revenus produits par les ressources des TNO soient entièrement dirigés à Ottawa », s’est insurgé Layton.

Les revenus qui demeureront au territoire pourront être utilisé pour répondre aux problèmes sociaux engendrés par le développement rapide des communautés, notamment celles sur la route du pipeline, a-t-il indiqué.

À ce chapitre, il a précisé la position du NPD sur le mégaprojet gazier. « Il est primordial que les communautés qui seront affectées par le projet soient au centre de la décision [de mettre ou non le projet en chantier]. Ce n’est pas à Ottawa de décider », a-t-il dit. Selon lui les communautés sont aujourd’hui mieux outillées pour faire face aux impacts d’un gazoduc qu’elles ne l’étaient à l’époque de la commission Berger. Mais il ajoute que plus de moyens doivent encore être mis à leur disposition. « Sans une entente sur le partage des revenus, ce sera difficile de continuer », estime-t-il.

En outre, il a affirmé que le projet devra être environnementalement acceptable pour obtenir l’appui de sa formation politique. Il ajoute que le candidat néo-démocrate de Western-Arctic, Dennis Bevington, serait, à son avis, le mieux placé pour s’assurer que le projet n’entravera pas outre-mesure l’intégrité de la vallée du Mackenzie. Bevington, qui avait perdu la course par une cinquantaine de voix l’an dernier, travaille dans le secteur environnemental.