Le candidat du Parti vert dans Western Arctic, Alexandre Beaudin, ne se fait pas de faux espoirs quant à ses chances de remporter la course, le 23 janvier.
D’entrée de jeux, ce nouveau venu de la scène politique admet qu’il serait fort surprenant qu’il obtienne plus de voix que ses rivaux plus chevronnés qui représentent les partis traditionnels. « Je ne me présente pas pour gagner », affirme-t-il. C’est plutôt pour « sensibiliser les gens aux questions environnementales » qu’il brigue les suffrages.
Beaudin, 25 ans, se dit très préoccupé par les changements climatiques qui affectent en premier lieu l’Arctique. Il constate que le développement pétrolier et gazier qui s’intensifie toujours davantage aux Territoires du Nord-Ouest est, au moins en partie, responsable du réchauffement planétaire et, par le fait même, de la fonte du pergélisol. Il souhaite profiter de la tribune électorale pour aborder ces questions et amener les autres candidats à se prononcer sur elles.
Il estime qu’en votant vert, à défaut de choisir un député, on envoie aux élus le message que les questions environnementales nous préoccupent et qu’il faut y voir. « Le Parti vert a comme valeur centrale l’écologie. C’est le seul parti qui a ça au cœur de sa plate-forme », dit-il.
Dans cette perspective, Beaudin s’affiche résolument comme un opposant au Projet gazier du Mackenzie qu’il juge être une menace à l’équilibre écologique des TNO. « On est tout a fait contre », lance-t-il sans hésiter.
Faisant référence aux allégations maintes fois répétées par certains groupes environnementalistes selon lesquelles ce projet vise d’abord à alimenter la très polluante industrie des sables bitumineux albertains, le candidat vert pense que le Projet gazier du Mackenzie est une aberration énergétique.
« On va prendre notre gaz naturel pour permettre aux Albertains de raffiner leurs sables bitumineux pour qu’eux puissent vendre du pétrole qui servira à faire rouler des voitures américaines. Ça n’a tout simplement pas de bon sens. »
Il se dit, par contre, ouvert à un développement gazier qui servirait à alimenter les communautés du Nord. « Si c’était pour chauffer les maisons dans les communautés, ça serait une bonne idée », dit-il. En lien avec cette approche, il propose qu’on oblige les promoteurs gaziers à restreindre la vente du gaz à certains usages.
« Moi, j’irais voir les compagnie pétrolières comme Imperial Oil et je leur dirais que si elles n’utilisent pas le gaz de la bonne façon, nous iront voir ailleurs », affirme le jeune candidat qui ajoute que le projet actuellement présenté n’est pas la seule option que nous ayons.
Voler des votes ?
Beaudin se défend de voler des votes au candidat néo-démocrate, Dennis Bevington, lui-même un environnementaliste de métier dont les efforts de conservation, et particulièrement dans le domaine de l’énergie, ont été maintes fois soulignés.
Pourtant, la question est légitime. En 2004, Bevington avait perdu la course par tout juste 53 voies. Le Parti vert, qui se présentait pour la première fois dans ce comté, en avait récolté un peu plus de 500. Plusieurs militants néo-démocrates avaient alors estimé que, sans les verts, Bevington l’aurait emporté. Quand les résultats sont tombés le candidat vert, Chris O’Brien, avait même admis que « certains de [ses] amis du NPD risquent d’être fâchés contre [lui]. »
Commentant ses événements, Beaudin réfute cette mathématique. « La candidate libérale a reçu plus de votes et elle a été élue », dit-il simplement. À son avis, il est trompeur de penser que les votes obtenus par son parti sont détroussés au NPD.
« Les gens qui votent verts sont des gens qui n’auraient pas voté ni pour le NPD, ni pour le Parti libéral, ni pour les conservateurs. »
Et en français ?
Alexandre Beaudin est le premier francophone à se présenter dans la circonscription de Western Arctic, depuis qu’elle a été établie en 1978.
Faut-il voir en lui un choix naturel pour la défense des intérêts des Franco-ténois? Rien n’est moins sûr. Le programme du Parti vert ne mentionne pas une seule fois la francophonie hors Québec.
Le candidat francophone admet que c’est une lacune. Il assure néanmoins que le Parti vert défend les minorités culturelles et linguistiques et qu’il comprend personnellement les enjeux des communautés linguistiques minoritaires.
« Le Parti vert croit que pour assurer les services sociaux aux minorités, il faut leur accorder un financement adéquat », dit-il. Il ajoute que, à son avis, c’est d’abord dans l’éducation dans la langue de la minorité qu’il faut investir.
Même s’il est, au fond, assez peu probable que Beaudin fasse son entrée à la Chambre des communes au lendemain de cette élection, il n’en demeure pas moins que celui qui pratique le métier de photographe est sincèrement intéressé par la chose politique. Quand L’Aquilon l’a rejoint pour le présent article, le candidat vert se trouvait dans la région de la capitale nationale où il représentait les TNO dans le cadre… d’une simulation parlementaire!