Les chefs du Parti libéral, du Parti conservateur et du Nouveau parti démocratique ont fourni des réponses aux trois premiers ministres de la région du Nord sur des questions que ces derniers jugent primordiales.
Le 14 décembre, les trois premiers ministres avaient envoyé une lettre conjointe aux chefs des partis pour qu’ils précisent leurs intentions dans certains dossiers spécifiques aux territoires. Les réponses des chefs ont été publiées cette semaine.
Dévolution
Sur la question de la dévolution et des revendications territoriales autochtones, les premiers ministres voulaient savoir si les chefs sont prêts à s’engager à conclure une entente sur la dévolution avec les TNO, à engager dès cette année des négociations avec le Nunavut pour parvenir à une telle entente et finalement à régler les revendications territoriales en suspens.
Le chef conservateur, Stephen Harper, le premier à répondre à la lettre des premiers ministres, affirme que « les résidents du Nord doivent contrôler leur propre destinée » et se dit « engagé » à conclure des ententes sur la dévolution. Il ne fixe pas d’échéancier particulier. Sans prendre d’engagement à cet égard, Harper « reconnaît que les trois territoires sont à des étapes différentes de développement quant à la dévolution de pouvoirs, le règlement de revendications territoriales et la mise en place de gouvernements autonomes ».
Le chef libéral, Paul Martin, rappelle que c’est son parti qui a conclu l’accord sur la dévolution du Yukon, en 2001. Il affirme être prêt à conclure une entente similaire avec les TNO aussitôt reporté au pouvoir et évoque même une entente finale sur la dévolution signée avec le Nunavut « d’ici 2008 ». Martin se dit « engagé » à régler les revendications territoriales en suspens et à mettre en place les gouvernements autonomes. Il ne précise pas davantage la question.
Quant au chef néo-démocrate, Jack Layton, il affirme que son parti « supporte pleinement la volonté des territoires canadiens de compléter des ententes justes sur le partage des revenus provenant des ressources et sur la dévolution, de même que le règlement des revendications territoriales avec les Autochtones ». Layton estime que pour conclure de telles ententes le gouvernement fédéral doit faire des concessions et il s’engage à faire pression en ce sens. Il est le seul à noter que toute entente sur la dévolution de pouvoirs doit obligatoirement être accompagnée d’une entente sur le partage des revenus provenant des ressources.
Financement
Les premiers ministres voulaient savoir si les chefs supportaient l’idée selon laquelle, lors des rondes de négociations entre les territoires et les provinces et Ottawa, un financement supérieur doit être accordé aux territoires étant donné leur situation particulière. Ils demandaient aux chefs s’ils comprenaient que les formules de financement au prorata de la population sont inapplicables dans le Nord où la population est petite et les coûts élevés.
Martin cite des exemples d’ententes récentes dans lesquelles les libéraux ont octroyé un financement accru aux territoires, entre autres l’accord sur la santé de 2004. Il se dit ouvert à négocier une entente sur la petite enfance avec les territoires. L’automne dernier, les trois territoires avaient rejeté en bloc l’offre des libéraux sur la petite enfance parce qu’il s’agissait d’un financement per capita.
À ce sujet, Layton affirme supporter « en principe » le concept d’un financement accru pour les territoires. Il estime qu’un arrangement de ce type doit être conclu avec les territoires à propos de la petite enfance. « Il semble évident pour nous que le gouvernement doit changer d’attitude si l’on souhaite qu’un financement suffisant soit fourni pour répondre aux besoins des gens du Nord dans le domaine de la petite enfance », écrit le chef néo-démocrate.
Harper, pour sa part, dit supporter « en termes généraux » le principe du financement accru. Il est le seul à annoncer son intention revoir la formule de financement des territoires. « Nous sommes prêts à discuter d’une nouvelle formule qui tienne compte de la différence entre les besoins et les revenus des gouvernements territoriaux », écrit-il.
Stratégie pour le Nord
Les premiers ministres demandaient enfin aux chefs de préciser leur vision pour le développement nordique, dans le cadre de la mise en place de la Stratégie pour la Nord, lancée par Paul Martin à la fin 2004.
Sur ce point, Jack Layton déclare que l’élaboration d’un plan pour le développement nordique est « urgente ». Il estime que la Stratégie pour le Nord devra être élaborée au terme d’une consultation exhaustive du public de même que des autorités autochtones. Il s’inquiète que les libéraux n’aient pas livré la marchandise à cet égard. « Dans le prochain Parlement, écrit Layton, le NPD travaillera afin de s’assurer que le gouvernement soit saisi du dossier et livre la marchandise. »
Stephen Harper est beaucoup plus précis et identifie cinq points prioritaires, selon lui, dans le développement du Nord. 1) « clarifier et immédiatement renforcer la souveraineté canadienne dans l’Arctique », 2) conclure des ententes sur le partage des revenus provenant des ressources, 3) « simplifier le régime de réglementation en toile d’araignée qui menace le développement économique dans le Nord » 4) « mettre en place un plan environnemental qui fasse l’équilibre entre la protection de l’environnement et la prospérité économique » et 5) s’assurer que le niveau de vie des résidents du Nord soit comparable à celui des autres Canadiens.
De son côté, Paul Martin se contente de répéter les engagements pris par son parti dans le cadre de la Stratégie pour le Nord, c’est-à-dire supporter la croissance économique, protéger l’environnement, augmenter l’investissement dans les sciences nordiques et assurer la souveraineté du Canada dans son Nord. Il évoque certains investissements dont les 90 millions de dollars octroyés à chacun des trois territoires lors du lancement de la Stratégie et les fonds alloués pour le Projet gazier du Mackenzie.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, qui ne présente pas de candidats à l’extérieur du Québec, a également reçu le questionnaire des trois premiers ministres du Nord, mais il n’a pas répondu.