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le Vendredi 20 janvier 2006 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Souveraineté dans l’Arctique Trois partis, trois scénarios

Souveraineté dans l’Arctique Trois partis, trois scénarios
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Le Parti conservateur est le seul parti politique à avoir présenté un plan détaillé pour assurer le maintien de la souveraineté canadienne dans l’Arctique.

Dès le 22 décembre, Stephen Harper lançait en grande pompe le programme conservateur pour la souveraineté dans l’Arctique. « On ne défend pas la souveraineté nationale avec des drapeaux, de la rhétorique politique bon marché et des campagnes publicitaires. Ce qu’il faut ce sont des troupes au sol, des vaisseaux en mer et une surveillance adéquate », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement à Winnipeg.

Harper souhaite investir 5,3 milliards de dollars pour augmenter la présence militaire dans le Grand Nord.

Les investissements promis par les conservateurs comprennent : l’achat de trois brise-glaces et l’embauche de 500 marins, la création d’un nouveau système de surveillance utilisant des sous-marins, l’ouverture d’un port en eaux profondes à Iqaluit, l’installation de deux nouveaux escadrons d’avions sans pilote aux bases militaires de Goose Bay et Comox et le stationnement de deux avions de recherche et sauvetage à Yellowknife. En plus de tout ça, un gouvernement conservateur ouvrirait un centre de formation militaire à Cambridge Bay et recruterait 500 nouveaux Rangers.

Faisant référence à la nouvelle qu’un sous-marin américain aurait navigué dans le Passage du Nord-Ouest sans le consentement du Canada, Stephen Harper a affirmé que l’objectif de ces investissements est de s’assurer qu’à l’avenir les bateaux étrangers ne naviguent pas dans les eaux arctiques canadiennes sans permission.

Pour le chef conservateur, « protéger et défendre notre souveraineté nationale est le devoir le plus important du gouvernement fédéral » et il estime que, à cet égard, Paul Martin a failli à sa tâche.

Libéral

Piqué à vif par les déclarations de Stephen Harper, le camp libéral a dû, à son tour, préciser ses intentions quant à la souveraineté dans l’Arctique. Paul Martin a d’abord répondu aux journalistes de la Presse canadienne que son rival n’annonçait rien de neuf et que ces investissements avaient déjà été faits.

S’il est vrai que le stationnement d’avions de recherche et sauvetage à Yellowknife et d’avions sans pilote au Labrador font déjà partie du plan des libéraux, il faut toutefois préciser que l’achat de brise-glaces et l’ouverture d’un centre de formation à Cambridge Bay sont des mesures exclusives aux conservateurs.

Le Parti libéral affirme avoir déjà pris des moyens pour augmenter la présence canadienne dans l’Arctique. Il cite en exemple le programme des Rangers qui compte déjà 4000 unités recrutées dans les communautés éloignées du Nord et le lancement prévu en 2007 du satellite Radarsat II qui permettra d’augmenter notre capacité de surveillance.

Le 13 janvier, la candidate libérale dans le comté de Western Arctic, Ethel Blondin-Andrew, a réitéré l’engagement des libéraux de stationner deux avions de recherche et sauvetage à Yellowknife. Elle ajoute que deux appareils similaires seront aussi stationnés à Iqaluit.

Sur la question des brise-glace, la Blondin-Andrew estime que leur coût est trop élevé et pense que les conservateurs auront de la difficulté à équilibrer leur budget s’ils se lancent dans ces dépenses. Elle privilégie les patrouilles terrestres.

La Stratégie pour le Nord annoncée l’an dernier par Paul Martin doit comprendre un plan pour le maintien de la souveraineté dans l’Arctique, mais il n’a pas encore été défini.

NPD

Le Nouveau parti démocratique n’a pour sa part présenté aucune mesure spécifique pour assurer la souveraineté dans l’Arctique. Mais le candidat néo-démocrate dans le comté de Nunavut, Bill Riddel, a quand même son opinion sur le sujet.

Pour lui, le véritable enjeu de la souveraineté repose d’abord sur l’occupation du territoire par les gens d’ici. Les fonds promis par les conservateurs « seraient mieux dépensés s’ils servaient à rendre les gens plus heureux de vivre dans le Nord », dit-il.

Au contraire, estime Riddel, le plan des conservateurs risque de les rendre mal à l’aise chez eux. « Tous ces soldats, ça pourrait être intimidant pour les gens. Ça ressemble à une occupation », dit-il.

Riddel affirme toutefois supporter le projet de port en eaux profondes à Iqaluit. Selon lui, cette infrastructure est réclamée par un bon nombre de Nunavummiuts et pourrait stimuler l’économie dans la capitale du Nunavut.

Quant à l’achat de brise-glace, le candidat néo-démocrate admet ne pas connaître à fond le sujet. Il estime quand même que « si nous dépendons des Américains pour patrouiller nos eaux, nous sommes dans le pétrin ».

Il n’y a présentement aucun brise-glace dans la flotte de la marine canadienne.