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le Vendredi 27 janvier 2006 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Élections fédérales 2006 Bevington ravit Western Arctic

Élections fédérales 2006 Bevington ravit Western Arctic
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Ce coup-là, pas de recomptage. Le néo-démocrate a devancé d’une bonne longueur sa rivale libérale.

Dennis Bevington devient donc la troisième personne à coiffer le titre de député de Western Arctic et le second néo-démocrate à représenter les Territoires du Nord-Ouest à la Chambre des communes.

Ce sont 6801 électeurs (42 %) qui ont donné leur appui à Bevington, contre 5643 (35 %) qui ont préféré Ethel Blondin-Andrew. Le conservateur Richard Edjericon a pour sa part récolté 3200 voix, le candidat du Parti vert, Alexandre Beaudin, 373, et l’indépendant Jan van der Veen, 159.

Malgré son dénouement différent, l’élection de lundi dernier s’est avérée fort similaire au scénario de 2004. Cette année encore, ce sont d’abord les électeurs de la capitale qui ont donné leurs voix à Bevington. Même si au moment d’écrire ces lignes les résultats officiels par bureau de scrutin n’étaient pas encore disponibles, on peut d’ores et déjà affirmer que la grande majorité des votes obtenus par le vainqueur ont été déposés dans les urnes de Yellowknife et de Fort Smith, la ville natale de Bevington.

Ethel Blondin-Andrew a obtenu légèrement moins d’appui qu’en 2004 dans les communautés à prédominance autochtone où se retrouve le gros de sa base électorale. Mais elle demeure néanmoins le choix de prédilection de ces électeurs, notamment à Déline où elle a ravi la presque totalité des votes exprimés.

De son côté, Richard Edjericon a marqué des points à Hay River, mais, surprise!, il a été boudé à Dettah, une communauté dont il a pourtant déjà été le chef.

Le député nouvellement élu ne perçoit pas ce clivage dans les préférences politiques de la capitale et des communautés comme une difficulté à surmonter. Au contraire, il se présente comme le représentant de tous les Ténois.

« Vous savez, a-t-il déclaré lors d’un point de presse tenu immédiatement après l’annonce de sa victoire, nous représentons tout le monde et c’est dans cette optique que je compte assumer mes nouvelles fonctions »

Il a toutefois admis qu’il devra se rendre plus fréquemment dans les communautés s’il veut les représenter adéquatement. « Je dois apprendre à mieux les connaître », a-t-il reconnu.

Pour la première fois depuis 12 ans, les TNO se retrouvent sans voix directe au gouvernement étant donné que ce sont les conservateurs de Stephen Harper qui ont obtenu le plus de sièges au niveau national. Le néo-démocrate ne pense pas que cela nuira à faire avancer les dossiers qui préoccupent les TNO.

« Je vais être une voix forte pour le comté de Western Arctic, promet Bevington. Ce gouvernement est minoritaire et cela donne beaucoup de pouvoir à l’opposition. L’an dernier, le Nouveau parti démocratique a démontré que, même dans l’opposition, il peut avoir de l’influence sur le gouvernement. »

Précisons toutefois qu’avec 29 comtés oranges, il manque deux sièges au NPD pour obtenir la balance du pouvoir et donc que le poids politique du parti de Jack Layton à la Chambre des communes reste mitigé.

Dennis Bevington pense, en outre, que l’équipe de Harper pourrait être un meilleur allié pour le Nord que ne l’étaient les libéraux de Paul Martin. « Le Parti conservateur est beaucoup moins centralisateur que les libéraux. Je pense que ces gens de l’Alberta comprennent la volonté d’autonomie des régions et que les décisions prises à Ottawa ne font pas nécessairement l’affaire partout au Canada », lance-t-il.

Avec un taux de participation de tout juste 57 % – ce qui est déjà mieux que les 48 % de 2004 – l’abstention demeure l’option préférée des électeurs des TNO. Pour impliquer davantage les résidents du Nord dans la politique fédérale, Bevington se fait le chantre du participativisme et propose de tenir « des assemblées populaires » un peu partout dans le territoire afin de prendre le pouls de la population.

Coup de vent

Emportée par la bourrasque de changement qui a soufflé partout au pays, c’est elle même en coup de vent que Ethel Blondin-Andrew a fait incursion au bar Sam’s Monkey Tree où les néo-démocrates célébraient la victoire.

Avare de commentaires, Blondin-Andrew a simplement félicité son rival. Elle lui a confié avoir eu beaucoup de plaisir à représenter la circonscription de Western Arctic. « C’est un emploi rêvé », a-t-elle dit de la fonction qu’elle a occupé pendant 17 ans. « Profites-en. »

Celle qui a travaillé avec trois chefs libéraux différents a ensuite quitté la salle sans offrir plus de commentaires aux journalistes massés à ses côtés. Selon la CBC, Ethel aurait annoncé qu’elle ne comptait pas se présenter à une prochaine élection.

Dans son discours de victoire, Dennis Bevington a souligné le travail de sa prédécesseure. Bravant les sifflements et les « Bye, bye Ethel! » de ses sympathisants surchauffés, il a remercié la libérale pour les nombreuses années qu’elle a consacrées à représenter les TNO et insisté sur « l’apport indéniable qu’elle a eu sur l’évolution du Nord ».

Bevington a également eu quelques bonnes paroles pour ses autres adversaires. Un sourire en coin, celui qui tentait pour la troisième fois de remporter un siège au Parlement canadien les a invité à persévérer dans leur implication politique. « Ça vaut la peine », a-t-il dit.

Le candidat vert a bien reçu cette invitation. Alexandre Beaudin, dont l’effort a d’ailleurs été chaudement applaudi par les néo-démocrates réunis au Monkey Tree, a confié à L’Aquilon qu’il souhaitait porter à nouveau les couleurs du Parti vert, lors des prochaines élections fédérales.

« S’il n’y a personne qui conteste mon leadership au sein de l’organisation, je ne verrais pas pourquoi je ne me présenterais pas à nouveau », a dit celui qui estime que son implication avec la jeunesse francophone canadienne, notamment dans les parlements jeunesse, a grandement contribué à forger son intérêt pour la politique partisane.