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le Vendredi 10 février 2006 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Handley n’est pas à veille d’ôter les drapeaux

Handley n’est pas à veille d’ôter les drapeaux
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Le premier ministre de Terre-neuve-et-Labrador, Danny Williams, a rendu visite à Joe Handley la fin de semaine dernière.

Le premier ministre des TNO était visiblement très fier d’accueillir le bouillant Terre-Neuvien qui a réalisé le vieux rêve des TNO : être maître de ses ressources.

L’an dernier Williams avait employé la méthode forte pour convaincre Paul Martin de laisser à sa province une partie des revenus provenant des gisements pétroliers off-shore de Terre-Neuve. Le progressiste-conservateur avait fait retirer tous les drapeaux canadiens des édifices gouvernementaux de l’île. Cela avait réussi à attirer l’attention sur Terre-Neuve et quelques semaines plus tard la nouvelle entente sur le partage des revenus pétroliers était conclue.

« Mr Williams est un fin renard et nous admirons ce qu’il a fait », a lancé Joe Handley, lors d’une rencontre avec les médias. « Cela étant dit, a-t-il ajouté, il est encore un peu tôt pour descendre les drapeaux des mâts ».

Tous deux s’entendent pour dire que l’arrivée des conservateurs à Ottawa devrait faciliter les négociations des TNO sur le partage des revenus. « C’est très encourageant », a lancé Williams qui a, à son tour, lancé des fleurs au premier ministre ténois.

« Votre premier ministre a été assez intelligent pour demander un engagement durant la campagne électorale et il l’a eu », a indiqué Williams faisant référence à la déclaration de Stephen Harper voulant que les conservateurs considèrent « sans équivoque » que les gens du Nord doivent être les premiers bénéficiaires de leurs ressources.

Interrogé sur le risque que le gouvernement Harper tombe avant que les TNO n’aient conclu leur entente sur le partage des revenus, Handley s’est dit déterminé à reprendre les négociations le plus rapidement possible. Le gouvernement des TNO devra aller en élection dans un avenir relativement proche, a rappelé Handley.

« Il ne nous reste lus que deux ans [avant la prochaine élection territoriale]. Nous ne voulons pas nous faire conter des romances indéfiniment », a lancé le député de Weledeh.

Quant à Williams, il a rejeté du revers de la main la possibilité d’une élection trop hâtive. « Les libéraux n’ont plus de chef », a-t-il noté avant d’ajouter que le leadership du Parti libéral semblait être, par les temps qui courent, « l’emploi le plus populaire à refuser ».

Énergie

C’est d’abord pour discuter de politique énergétique que Danny Williams a fait un détour par Yellowknife.

Le premier ministre terre-neuvien est, en effet, président du Conseil de la fédération sur l’Énergie sur lequel siègent également Joe Handley, le premier ministre albertain, Ralph Klein, et celui du Québec, Jean Charest.

Si Joe Handley et Danny Williams reconnaissent volontiers « l’importance capitale » de développer le potentiel gazier des TNO, les deux premiers ministres semblent encore plus décidé à développer la filière des énergie renouvelables.

Ce n’est pas d’hier que Joe Handley affiche son intérêt pour l’hydroélectricité. Mais cette fois il a trouvé quelqu’un pour le conforter dans son projet d’harnacher la rivière de l’Ours, dans la région du Sahtu.

« Il y a là un potentiel de 11 000 mégawatts. C’est le double de Churchill Falls [le grand barrage du Labrador] », a affirmé sur un ton enthousiasmé le premier ministre Williams.

Handley a souligné que la vente de l’hydroélectricité pouvait être une façon efficace de répondre à la demande énergétique nationale et une source de revenu durable pour les TNO. « À long terme il y aura une demande pour les énergies propres », a-t-il prédit.

Handley a également laissé entendre, mais sans plus de précision, qu’il comptait mettre de l’avant un projet de parc éolien dans l’Arctique.

Williams a, par ailleurs, annoncé à mi-mot que la politique nationale énergétique qu’il développe avec le Conseil de la fédération pourrait mettre à mal le Protocole de Kyoto sur la réduction des émission de gaz à effet de serre. Le Terre-Neuvien a indiqué que le protocole ne faisait pas l’affaire de certaines provinces dont l’Alberta. « Nous devons développer une solution made in Canada », a dit le président du Conseil de la fédération sur l’Énergie.

Sur un ton plus léger, le premier ministre de Terre-Neuve s’est dit ravit de visiter Yellowknife là où ont élu domicile plusieurs de ses concitoyens exilés. « Juste en sortant de l’aéroport, j’ai rencontré trois personnes qui vivaient à trois rues de chez moi. »