Avec ou sans l’accord des Premières nations du Deh Cho, le gouvernement de Stephen Harper donnera son aval à la mise en chantier du Projet gazier du Mackenzie. C’est l’avertissement qu’a lancé le nouveau ministre des Affaires indiennes et du Nord, Jim Prentice, qui a effectué, la semaine dernière, sa première tournée des territoires nordiques. Celui qui s’est dit « tout à fait favorable » au mégaprojet de gazoduc a été clair. « Nous espérons que les nations autochtones seront unanimes à supporter le pipeline. Mais s’il n’y pas unanimité, nous devrons choisir l’option de la majorité », a-t-il dit, lors d’un point de presse à Yellowknife. Sans entente de revendications territoriales, les Deh Cho sont la seule des quatre nations de la vallée du Mackenzie dont les leaders sont généralement réfractaires au gazoduc. Ceux dont le territoire couvre environ 40 % du tracé proposé pour le pipeline ont récemment entamé une poursuite judiciaire contre le gouvernement du Canada et Imperial Oil, le principal promoteur du projet. Quant aux Inuvialuit, aux Gwich’in et aux Sahtu, leurs leaders sont tous favorables au gazoduc, quoiqu’il y ait, chez ces derniers, des résistances sensibles. Notons que les audiences publiques sur le projet tenues dans les communautés ont dégagé une tendance qui semble indiquer que l’intérêt des leaders pour le pipeline ne réflète pas un consensus de la population sur cette question. Le député de Western Arctic, Dennis Bevington, n’a pas tardé à répondre au ministre. Selon le néo-démocrate, il va de la responsabilité du ministre de demeurer neutre dans le dossier du pipeline, tant que le processus réglementaire n’est pas achevé. « Nous parlons du plus colossal projet de développement industriel de l’histoire des TNO. Il est insensé que le ministre donne son aval au projet, alors que des régions telles que le Deh Cho n’ont toujours pas été entendues », a souligné Bevington. Le député dont la circonscription englobe l’ensemble des TNO estime que les impacts sociaux et environnementaux devront être mitigés avant la mise en chantier du projet. « Si nous ne tenons pas compte de ces préoccupations, les premiers bénéficiaires du projet, ce seront les pétrolières », prédit-il. En conférence de presse, Prentice s’est dit en accord avec ce principe. « Le Parti conservateur supporte le projet gazier, pour autant qu’il soit effectué d’une façon qui soit respectueuse de l’environnement et des résidents de la région », a déclaré le ministre. Prentice n’a pas pu cependant confirmer que son gouvernement allait tenir la promesse de l’ancien gouvernement libéral de dégager 500 millions $ pour aider les communautés à se préparer aux impacts sociaux du pipeline. « Rien n’avait encore été budgété quand je suis rentré en poste, a-t-il noté. Ce sont là les aléas d’un changement de gouvernement. » Revendications territoriales Questionné sur les négociations entourant les revendications territoriales des Premières nations du Deh Cho, le ministre Prentice s’est dit prêt à reprendre les négociations, mais a refusé de fixer un échéancier. « Nous espérons que cela se fasse le plus tôt possible », a-t-il simplement dit, ajoutant qu’il avait déjà rencontré à deux reprises le grand chef des Deh Cho, Herb Norwegian. De façon plus générale, le ministre a réitéré que son gouvernement supporte la négociation d’ententes de revendications territoriales avec les peuples autochtones, et ce malgré que le Parti conservateur soit le seul parti à avoir voté contre l’Accord Tlicho, l’an dernier. « Le Parti conservateur a conclu les ententes sur le Sahtu et le Nunavut […] Ce ne sont que quelques points spécifiques qui ont motivé notre vote contre l’Accord Tlicho », s’est-il défendu. Quand l’Accord Tlicho a été endossé par la Chambre des communes, Prentice, y était critique de l’opposition officielle en matière d’Affaires indiennes. Il avait, alors, expliqué l’opposition de son parti en raison des dispositions sur l’autonomie gouvernementale que l’entente comprenait. L’Accord Tlicho est la première entente de revendication territoriale, aux TNO, à comprendre à la fois des dispositions sur la propriété foncière et sur l’autonomie gouvernementale. Hormis les Tlicho, aucun groupe autochtone des TNO n’a encore conclu d’entente sur son autonomie gouvernementale. Deux groupes – les Deh Cho et les Akaitcho – n’ont pas du tout d’entente de revendications territoriales. Durant sa visite, le ministre des Affaires indiennes et du Nord s’est également rendu au Nunavut et au Yukon.
Prentice n’attendra pas les Deh Cho

Prentice n’attendra pas les Deh Cho
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