« Les premiers ministres ont discuté de l’importance de travailler de manière constructive avec le gouvernement fédéral pour le développement d’un plan made-in-Canada sur les changements climatiques. » C’est ce qu’on peut-on lire dans l’un des 13 communiqués conjoints émis au terme de la Conférence des premiers ministres de l’Ouest et du Nord canadiens, qui avait lieu du 29 au 31 mai, à Gimli, au Manitoba.
Dans le communiqué, les premiers ministres ne font aucune référence aux objectifs établis par le protocole de Kyoto. De plus, rien n’indique que le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, Joe Handley, ait émis des réserves face à ce communiqué conjoint. Est-ce à dire que M. Handley a changé de discours face au Protocole de Kyoto?
« Ce que nous disons au gouvernement fédéral, c’est de nous montrer son plan sur les changements climatiques, si ça ne fonctionne pas pour nous, nous proposerons d’autres solutions », d’expliquer M. Handley.
« J’ai toujours été en faveur du protocole de Kyoto, à moins qu’il y ait quelque chose de mieux. Ça me préoccupe parce que dans le Nord, nous sommes très touchés », prend-il soin d’ajouter, tout en faisant remarquer que, jusqu’à maintenant, le Canada « n’a pas fait beaucoup de progrès depuis la signature du protocole. Il faut donc garder l’esprit ouvert pour d’autres solutions qui pourraient fonctionner ».
Du côté d’Ecology North, on se dit déçu que les premiers ministres du Nord et de l’Ouest n’aient pas fait référence aux engagements du Canada à l’égard du protocole de Kyoto. Le directeur des programmes pour l’organisme, Doug Ritchie, remarque que ni Joe Handley, ni le premier ministre du Nunavut, Paul Okalik, n’ont soutenu le protocole international sur la réduction des gaz à effet de serre.
Selon M. Ritchie, le silence de Joe Handley sur le Protocole de Kyoto est un geste politique. « Ils essaient de travailler ensemble et de ne pas montrer leurs différends en public. Je garde un peu d’optimisme en me disant que les Conservateurs feront peut-être mieux que les libéraux », laisse-t-il tomber, tout en gardant un ton réaliste.
L’environnementaliste croit que « le gouvernement ne veut pas passer à l’action, mais plutôt avoir l’air de le faire. Jusqu’à maintenant, nous avons deux propositions du gouvernement fédéral, les crédits d’impôts pour l’usage du transport en commun et l’utilisation du biodiesel. Ce sont des solutions qui coûtent cher et qui ne sont pas prometteuses. De plus, ils ont coupé dans plusieurs programmes de lutte à l’émission des gaz à effets de serre ».
Entente de Kelowna
Au cours de la conférence de deux jours, les premiers ministres ont aussi discuté de l’Entente de Kelowna, signée entre l’ancien premier ministre Paul Martin et les peuples autochtones, juste avant le déclenchement des élections de l’hiver dernier. Selon M. Handley, le nouveau gouvernement conservateur a montré des signes d’ouverture en signant l’entente sur les pensionnats autochtones et une autre entente de 15 millions de dollars pour le logement aux Territoires du Nord-Ouest.
Selon le premier ministre ténois, les premiers ministres se sont donc entendus pour continuer d’être des « leaders proactifs » par rapport à l’engagement de 5 milliards de dollars sur dix ans, bien que les Conservateurs n’en aient fait aucune mention dans leur dernier budget. « Si le gouvernement fédéral continue de faire des surplus, ça pourrait être plus que ça », d’espérer M. Handley.
En attendant, plusieurs sommets impliquant les divers gouvernements et le leadership autochtone auront lieu au sujet de l’éducation, la santé, la violence familial, la violence faite aux femmes et le développement économique.
En visite à Yellowknife, le chef de l’Assemblée des premières nations, Phil Fontaine, se dit confiant de voir l’entente de Kelowna survivre. Ce dernier a d’ailleurs fait un arrêt à Gimli alors qu’il était en chemin vers les TNO.
« Nous pensons sincèrement que nous serons capables de faire du bon travail avec ce gouvernement. Nous avons déjà eu des discussions très positives avec le ministre des Affaires indiennes et du Nord Canada, Jim Prentice, et il a déjà indiqué publiquement qu’il acceptait les objectifs de Kelowna et qu’il était d’accord avec les cibles » a déclaré le grand chef.