« Je ne suis pas comme les conservateurs, j’aime traiter avec les médias ». C’est sur ces mots que le député de Western Arctic, Dennis Bevington, a accueilli les journalistes venus assister à sa conférence de presse portant sur le bilan de sa première session parlementaire à Ottawa.
Selon lui, alors que les libéraux sont en reconstruction et « n’ont pas de nouvelles idées », ce sont les néo-démocrates qui ont joué le rôle de l’opposition. « Nous ne nous sommes pas juste opposés, nous avons aussi proposé », fait-il valoir.
Environnement
Dennis Bevington dit avoir longuement travaillé sur le dossier environnemental, alors qu’il est porte-parole de son parti en matière d’énergie. Le député s’est notamment attardé sur l’abolition du programme Éner-guide, visant à améliorer l’efficacité énergétique des maisons. « Le ministre des Ressources naturelles a dit que son abolition était peut-être une erreur. J’ai posé plusieurs questions là-dessus. On peut être efficace dans le cadre d’un gouvernement minoritaire qui doit se prouver. Si le gouvernement annule de bons programmes, il baissera dans les sondages. C’est ce que l’on constate présentement ».
Au chapitre de la réduction des émissions de gaz à effets de serre, le député dénonce l’absence de plan gouvernemental sur la question. Le dernier budget conservateur ne faisait d’ailleurs aucune référence à ce dossier. Alors que les premiers ministres du Nord et de l’Ouest ont approuvé la mise en œuvre d’un plan « à la canadienne », M. Bevington croit que les premiers ministres du Nunavut et des TNO, Paul Okalik et Joe Handley, « devraient attendre de voir le plan du gouvernement fédéral avant de l’endosser. Pour l’instant, ils endossent un plan qui n’existe pas. La stratégie conservatrice [pour la réduction des gaz à effet de serre] n’est pas bien pensée du tout ».
Selon lui, la mise en œuvre de l’Accord de Kyoto pourrait être une bonne occasion de faire du développement économique, « comme l’ont fait l’Allemagne et le Royaume-Uni ». « Je suis toujours un fervent supporteur de Kyoto. Il s’agit du premier accord international sur la question et c’est un grand effort de la communauté internationale. S’en éloigner constitue vraiment une mauvaise politique du gouvernement conservateur », martèle le député.
Gazoduc
Dennis Bevington se dit en faveur « du concept » du gazoduc, « basé sur un bon accord en faveur du Nord ». Le député en appelle cependant au ministre des Affaires indiennes et du Nord Canada, Jim Prentice, pour qu’il fasse preuve de réserve sur le sujet.
« Le ministre devrait juger de la valeur du projet selon le processus d’évaluation environnementale plutôt que de s’emballer prématurément. Ce n’est pas approprié pour quelqu’un qui doit prendre une décision là-dessus », commente-t-il.
« Quand tous les faits seront connus, nous pourrons décider si le concept actuel est correct pour les gens du Nord. Je crois que les Ténois doivent être les premiers bénéficiaires du gazoduc et les retombées économiques du projet sont aussi importantes pour nous que pour Imperial Oil », répète-t-il.
Le député a aussi eu à se prononcer face à la récente proposition du gouvernement fédéral aux Premières nations du Deh Cho (PNDC) quant à leurs revendications territoriales.
Celui-ci reconnaît que les PNDC « n’ont pas obtenu ce à quoi ils s’attendaient », mais il veut « prendre les devants pour les groupes qui font des revendications s’ils croient que ça peut faire une différence. Mon travail est de présenter la position du Nord et je le ferai pour les Deh Cho ». Dennis Bevington rencontrera d’ailleurs les représentants des PNDC la semaine prochaine pour être mis au fait du dossier.
Rappelons que la dernière offre gouvernementale touchait 39 000 km carrés de territoires comprenant les droits fonciers du sol et du sous-sol. L’offre s’accompagne d’une cagnotte de 104 millions de dollars sur 15 ans et d’un pourcentage des redevances perçues par le gouvernement fédéral pour l’exploitation des ressources naturelles.
Quant à savoir comment il établit un équilibre entre les intérêts des Deh Cho, qui désirent retarder la construction du gazoduc, et ceux des Inuvialuits et des Gwich’In, qui voudraient voir le gazoduc construit au plus vite, le député demeure évasif. Celui-ci condamne plutôt « l’ultimatum » servi par Jim Prentice aux gens du Deh Cho. « La première déclaration du ministre sur le sujet a été un ultimatum. Il s’agissait d’un mauvais geste politique pour faire peur aux gens », de dénoncer M. Bevington.
À sa première visite aux TNO à titre de ministre, Jim Prentice avait averti les PNDC que le gazoduc irait de l’avant, avec ou sans l’accord de la nation autochtone.
« Nous sommes encore loin d’une entente. C’est un dossier complexe qui prendra du temps et de la bonne volonté. À mon avis, le gouvernement aurait pu s’entendre avec les Deh Cho avant de leur poser un ultimatum. J’espère que ça ne viendra pas entraver les discussions », de mentionner M. Bevington.
Le député de Western Arctic dit continuer de soutenir les travailleurs d’Ekati, en grève depuis le 7 avril dernier. Ce dernier encourage d’ailleurs les deux parties à poursuivre leurs discussions. « Nous devons nous assurer qu’on a une meilleure situation pour les travailleurs Ténois. Nous sommes en compétition pour la main d’oeuvre dans une économie surchauffée. Les syndicats peuvent aider à stabiliser le va-et-vient des travailleurs dans le Nord », dit-il.
Ce dernier se refuse cependant à entrer dans le débat sémantique en ce qui a trait aux briseurs de grève, bien qu’il entend appuyer les projets de loi présentés au Parlement. « Je ne veux pas entrer dans la définition de ce qu’est un scab, mais je veux que la Loi soit claire et que ce ne soit pas permis. Pour l’instant, nous sommes toujours dans l’incertitude sur le sujet », dit-il.