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le Vendredi 14 juillet 2006 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Bill Graham s’arrête à Yellowknife

Bill Graham s’arrête à Yellowknife
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Après 13 années de pouvoir au gouvernement fédéral et une élection difficile qui l’a mené vers les banquettes de l’Opposition, le parti libéral est en renouvellement, admet son chef intérimaire, Bill Graham. Ce dernier profite d’ailleurs de la belle saison pour rencontrer les militants libéraux à travers le pays, ainsi que les intervenants des dossiers majeurs « pour savoir ce qu’ils pensent et ce que l’on devrait faire pour renouveler le parti ».

Cette semaine, c’était au tour des Territoires du Nord-Ouest de recevoir la visite du chef de l’Opposition officielle à Ottawa. Après avoir rencontré les représentants du gouvernement Tlicho, la communauté des affaires et le premier ministre des TNO, Joe Handley, c’est à la Maison Laurent-Leroux que Bill Graham s’est rendu. Celui-ci a eu un entretien d’environ une heure avec le président de la Fédération Franco-Ténoise, Fernand Denault.

À la suite de son entretien avec M. Denault, Bill Graham a admis avoir « une vraie admiration du fait que les gens ont pu se battre contre tellement de difficultés pour préserver leur culture, mais aussi obtenir certaines réussites comme les écoles ».

« J’ai appris que la communauté n’a pas eu le soutien du gouvernement fédéral qu’elle aurait voulu », dit-il, mentionnant le manque de financement provenant du gouvernement fédéral. « Il faut donner l’argent en fonction des besoins, c’est ce qui est important ».

Le développement du Nord et les Autochtones

Appelé à commenter la situation politique des Autochtones des Territoires du Nord-Ouest, Bill Graham ne peut s’empêcher de mentionner l’importance de l’Accord Tlicho, paraphé par l’ancien gouvernement libéral. « J’ai été vraiment impressionné par les conversations que j’ai eues avec ces gens. À quel point ça leur a permis de s’affirmer et de permettre à leur bande de survivre et de faire face aux nouveaux problèmes ».

M. Graham reconnaît cependant que des problèmes difficiles demeurent dans les communautés autochtones. « Je crois qu’il nous revient de donner aux communautés ces atouts qui leur permettront de faire face à ces défis ».

Au chapitre du développement, Bill Graham voit dans l’Accord Tlicho un modèle à suivre, notamment par les nations de la vallée du Mackenzie. « Il paraît que les Deh Cho envisagent les choses d’un oeil différent. Je ne crois pas qu’il faille dire que si ça a marché pour les Tlicho, il faut imposer cette solution aux autres. Nous devons travailler avec chaque communauté pour reconnaître leur culture et leurs différences ».

« Mais d’un autre côté, il faut que les gens acceptent le développement. Ça va se passer et il vaudrait mieux travailler ensemble plutôt que de se voir laissés de côté par ce développement qui arrivera de toute façon ».

Il est évident que M. Graham fait alors référence au gazoduc projeté dans la vallée du Mackenzie. Selon lui, le fait que trois des quatre nations établies le long de la vallée du Mackenzie aient obtenu leur entente de revendication territoriale globale fait la preuve qu’il est possible de travailler en collaboration, tout en préservant l’équilibre entre le développement industriel et l’environnement ainsi que le mode de vie traditionnel. Selon lui, les Sahtu, les Gwich’In et les Inuvialuits « sont conscients de l’environnement, de la conservation de leur culture et de leur mode de vie traditionnelle. On a donc pu réaliser ça et il faut travailler pour obtenir la même chose [du côté du Deh Cho] ».

« Mais préserver une partie du territoire pour protéger une manière de vivre qui n’existe plus ne serait peut-être pas la meilleure façon », dit-il du même souffle.

Comment va le Parti libéral

Alors que les députés libéraux à Ottawa sont occupés à choisir leur camp dans la présente course à la chefferie, le chef intérimaire du parti convient que cette situation influence le travail d’opposition face à un gouvernement conservateur minoritaire.

« Il serait irréaliste de dire que ça n’a pas d’influence. Ça en a une. Mais dans la majorité des débats et des caucus, la plupart des gens reconnaissent que, même avec les rivalités, il faut un caucus uni et une opposition forte si l’on veut garder le respect du peuple canadien. Les gens sont prêts à enterrer leurs différences pour travailler ensemble, tout en reconnaissant qu’ils se battront pour leur candidat. Mais ils reconnaissent aussi qu’à la fin de l’exercice, on aura un nouveau chef et nous devrons être complètement unis autour de lui ».

Bill Graham souligne d’ailleurs que tous sont d’accord pour ne pas répéter un épisode ou « deux camps se livraient une semi-guerre au sein du même parti ».

Mais questionné à savoir si la présente course à la chefferie affaiblit l’opposition à Ottawa, M. Graham rejette cette hypothèse du revers de la main, faisant plutôt porter le fardeau au Bloc québécois. « Nous avons toujours dit que nous serons prêts à voter contre le gouvernement au moment où nous croirons qu’une de ses actions n’est pas pour le bien-être du pays. Mais quand on regarde l’échiquier parlementaire, le Bloc québécois a fait savoir très clairement qu’il ne veut pas d’élections avant les élections québécoises, d’ici un an. Donc, M. Harper sait bien qu’il peut compter sur Gilles Duceppe. Les gens qui disent que les libéraux ont peur de voter contre le gouvernement exagèrent », croit-il.

Les dépenses militaires

Ancien ministre de la Défense nationale, Bill Graham se montre peu impressionné par les récentes dépenses militaires annoncées par le gouvernement conservateur. « Beaucoup de ces annonces sont, franchement, des annonces que nous avions déjà faites. Les navires que M. Harper a annoncés l’autre jour, M. Martin les avait annoncés il y a deux ans. En novembre, le Conseil des ministres avait adopté un arrêt du Conseil pour l’achat des avions tactiques.

Pour ce qui est des avions long-courriers, M. Graham met en doute la nécessité de ces achats. « À l’époque, nous disions que c’était trop cher et que nous pouvions les louer. En plus, le fait de les acheter des Américains et de les faire réparer aux États-Unis constitue selon nous une erreur terrible ».