le Lundi 28 avril 2025
le Vendredi 25 août 2006 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Hospitalité nordique Harper accueilli avec un tas de neige et un gros tuyau vert

Hospitalité nordique Harper accueilli avec un tas de neige et un gros tuyau vert
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Une quarantaine de manifestants ont accueilli le premier ministre, Stephen Harper, à son arrivée à l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest, le 17 août.

La manifestation organisée par une coalition de groupes de pression des TNO – Ecology North, Alternatives North et Out North – se voulait une façon d’exprimer le désaccord des protestataires avec à peu près toutes les politiques du leader conservateur. Les manifestants avaient tellement de points à reprocher à leur premier ministre, qu’à un certain point ils ont dressé un alphabet de leurs mécontentements.

Au premier chef, ils ont dénoncé l’inaction du gouvernement Harper dans le dossier des changements climatiques et, du même souffle, l’appui indéfectible du gouvernement au projet de gazoduc dans la vallée du Mackenzie tel que ses promoteurs le proposent. Pour imager leurs revendications, les protestataires avaient installé un tas de neige surmonté d’une pancarte avec l’inscription « Merci de visiter l’Arctique pendant qu’il est encore gelé… en quelque sorte ». Un gros tuyau vert orné de la demande « Faites le pipeline vert » faisait aussi parti de leur attirail.

En chanson, le groupe a demandé au premier ministre de mettre en œuvre le Protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, car, ont-ils tous entonné en chœur, « nos routes de glace sont en train de fondre ».

Congrès de Toronto

Plusieurs manifestants ont également déploré que Stephen Harper ait préféré visiter le Grand Nord plutôt que d’aller représenter les Canadiens au Congrès international sur le sida, qui se déroulait à Toronto du 13 au 18 août.

Lorne Gushue, du groupe Out North qui défend les droits des gays, lesbiennes et trans-genres des TNO, s’est dit d’autant plus déçu que le gouvernement n’a pas profité de la conférence pour faire d’annonces spécifiques sur la lutte à la pandémie. Il souligne que c’est la seconde fois, cet été, que le premier ministre évite une rencontre d’envergure internationale qui a lieu dans son pays.

« Je suis fâché, dit-il, Stephen Harper aurait dû se rendre aux Outgames, à Montréal. »

France Benoît, qui tenait une pancarte indiquant la direction vers la ville reine, était stupéfaite de voir le premier ministre dans sa petite ville alors que les regards du monde entier étaient rivés sur la métropole canadienne. Dès le mois de juin, elle a écrit une lettre au chef du gouvernement pour lui demander de faire acte de présence au Congrès de Toronto.

« Honnêtement, je ne m’attendais pas à ce qu’il suive mon conseil. Je me demandais où il allait être au moment de la conférence plutôt qu’à Toronto, mais jamais je n’aurais imaginé qu’il serait chez moi», dit-elle.

Darren Letts, lui, brandissait son drapeau de la paix. « Je pense que la première chose qui m’amène à cette manifestation c’est le système économique global qui utilise l’armée pour imposer son modèle à la terre entière », explique-t-il. Il se dit opposé à la participation du Canada à la guerre en Afghanistan et réclame des réponses sur l’implication de son pays dans ce qu’il nomme « l’occupation d’Haïti ». « Toutes ces choses me font peur », lance-t-il.

À son arrivée à l’Assemblée législative, Stephen Harper n’a pas daigné approcher les manifestants. Sa limousine a plutôt accéléré devant eux et s’est engagée sur le parvis de l’édifice pour enfin s’arrêter à deux pas de la porte d’entrée, hors d’atteinte des slogans de la foule.

À la différence d’Harper, certains de ses convives, à savoir le chef des Deh Cho, Herb Norwegian, et le député de Western Arctic, Dennis Bevington, sont venus saluer les protestataires.