La semaine dernière, près de 400 maires de partout au pays se sont réunis à l’hôtel Explorer de Yellowknife, qui accueillait le conseil de direction de la Fédération canadienne des municipalités (FCM), le principal lobby municipal au Canada.
Le maire hôte, Gordon Van Tighem, qui porte également les chapeaux de président de l’Association des communautés des TNO et de président du Forum nordique de la FCM, est heureux d’avoir pu montrer de première main à ses homologues ce que cela signifie que de vivre dans une ville du Nord.
v« C’est de la bonne publicité, ça nous donne de l’exposition », affirme-t-il attablé au restaurant de l’hôtel où grouillent quelques dizaines de maires et de hauts fonctionnaires municipaux. « Mais c’est surtout une occasion pour leur montrer notre réalité nordique. Quand je vais dans ces réunions dans le Sud et que je leur explique qu’on vit au bout de la route où qu’on n’a pas de route du tout, ils ne comprennent pas toujours vraiment ce que je veux dire. Le concept d’éloignement ne veut pas dire grand-chose pour eux. Cette semaine ils le découvrent de visu.»
Comme pour donner raison au maire Van Tighem, au milieu de cette entrevue, une des traditionnelles pannes de courant de Yellowknife a frappé. Sitôt, bon ambassadeur, le maire se retourne et accroche un représentant de la FCM assis à une table voisine. « Vous voyez : c’est de ça que je parlais ! »
Van Tighem avoue être quand même amusé par le dépaysement de ses convives. « Tous leurs machins électroniques, leurs Blackberry et tout ça, il n’y a rien qui marche. Et vous savez quoi ? Il y en a qui me remercie », s’esclaffe-t-il.
Déficit d’infrastructures
« Au niveau national, le plus gros défi des municipalités, aujourd’hui, c’est ce qu’on appelle le déficit d’infrastructures », explique Gordon Van Tighem pas tellement à l’aise avec le charabia administratif de la fédération.
« Nous, au Forum nordique, ce que l’on souhaite faire inclure dans le discours de la fédération, c’est une approche différente pour les communautés du Nord, parce qu’ici nous sommes tout à fait affectés par ces problèmes-là, mais de façon complètement différente. »
Il explique que dans le Sud les municipalités déplorent généralement que la vétusté ou le manque d’infrastructures municipales freine leur développement économique. Dans les communautés nordiques c’est le contraire : c’est le développement économique rapide qui entraîne la détérioration des infrastructures municipales. Il cite en exemple la communauté de Fort Liard, dans le sud du Deh Cho, qui a été très affectée par le développement gazier à la fin des années 1990.
« C’est une toute petite communauté de 500 habitants. Mais quand les travaux de construction ont commencé pour le pipeline et les puits, tout à coup, la population a grimpé à 5 000 résidents. Les infrastructures ne suffisaient plus, les égouts débordaient. »
Avec cette petite dose de Nord, le président de la l’Association des communautés des TNO, est confiant que les maires membres de la FCM seront plus réceptifs aux revendications parfois insolites des communautés d’ici. « C’est important de se faire comprendre, c’est une organisation qui représente 87 % des Canadiens. »