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le Vendredi 13 octobre 2006 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Les territoires en tête du palmarès

Les territoires en tête du palmarès
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La violence conjugale touche bien davantage les Canadiennes qui vivent au Nord du soixantième parallèle que celles qui résident dans les provinces. C’est ce que révèle une enquête sur la violence faite aux femmes, publiée par Statistique Canada, au début d’octobre.

Dans les trois territoires combinés, 13 % des femmes interrogées pour cette enquête ont affirmé avoir été victimes de violence conjugale. C’est presque deux fois plus que dans les provinces, où la violence conjugale touche 7 % des femmes.

On notera au passage que les hommes du Nord ne sont pas à l’abri de sévices commis par leur partenaire : 12 % des hommes des trois territoires interrogés pour cette étude ont déclaré avoir été victimes de violence conjugale

En fait, l’origine ethnique semble bien davantage un facteur de victimisation que le genre. Alors que 19 % des répondants du Nord d’origine autochtone ou inuite ont affirmé avoir été victimes de violence conjugale, la proportion baisse à 8 % chez les allochtones, soit un niveau comparable à ce qu’on retrouve dans le Sud.

Dans le Canada en entier, les femmes autochtones sont quatre fois plus exposées à la violence conjugale que les femmes allochtones; pour les hommes, c’est trois fois plus. On peut donc dire que, même si une disparité flagrante existe entre le sort des autochtones et des allochtones, dans le Nord cette disparité est moins critique qu’au Canada dans son ensemble.

Les homicides entre conjoints sont également plus fréquents dans les territoires que dans les provinces. Entre 1975 et 2004, 45 % des meurtres commis dans les trois territoires étaient perpétrés par le conjoint de la victime, contre 39 % dans les provinces. Dans une légère majorité des cas, la victime était une femme. On retrouve la même tendance partout au Canada.

Victimes de violence conjugale

Les femmes et les enfants du Nord sont aussi plus nombreux qu’ailleurs à fréquenter des maisons d’hébergement pour les victimes de violence conjugale. Ainsi, le 14 avril 2004, le taux d’utilisation de tels centres était trois fois plus élevé aux TNO que la moyenne nationale, quatre fois plus élevé au Yukon et 10 fois plus élevé au Nunavut.

Victimes de violence conjugale

Pourquoi les territoires sont-ils aussi accablés par le phénomène de la violence conjugale ? Statistique Canada ose cette hypothèse : « des différences entre les résidents des territoires et ceux des provinces quant au profil démographique peuvent offrir une explication partielle. Par exemple, selon le Recensement de 2001, les résidents des territoires sont plus jeunes en moyenne et de sexe masculin dans une proportion légèrement plus importante. Des pourcentages plus élevés sont célibataires, d’origine autochtone et n’ont pas terminé leurs études secondaires. Selon l’ESG de 2004, les taux de consommation excessive d’alcool par les partenaires conjugaux sont quelque peu supérieurs dans les territoires. Tous ces éléments ont été reconnus comme des facteurs de risque de criminalité et de victimisation. »

Violence sexuelle

Le Nord tient aussi le haut du pavé pour ce qui est des agressions sexuelles – et de loin ! Alors qu’en 2004 le taux national d’agressions sexuelles s’établissait à un viol pour 1086 habitants, aux Territoires du Nord-Ouest la statistique grimpe à un viol pour 225 habitants. C’est donc dire que le simple fait de résider aux TNO augmente de cinq fois vos chances d’être victime d’une agression sexuelle.

Au Nunavut la situation est encore pire. En 2004, il s’y commettait un viol pour 100 habitants. En comparaison, la situation du Yukon, où il se commettait un viol pour 416 habitants, semble presque enviable, mais elle demeure démesurée quand on regarde la situation au sud du soixantième parallèle. En Saskatchewan, la province qui a le plus haut taux de violence sexuelle au pays, le risque d’être victime de viol est deux fois inférieur au risque encouru au Yukon.

On pourrait penser que le fait d’avoir une très petite population fait mentir les statistiques. Il faut évidemment moins d’incidents au Nunavut qu’en Ontario pour faire grimper le taux d’agressions sexuelles. Néanmoins, la taille de la population ne semble pas influencer nettement les statistiques. Ainsi, à l’Île du Prince Édouard (population : 139 000 habitants), on retrouve un des taux de violence sexuelle parmi les plus bas au pays, avec une moyenne d’un viol pour 1300 habitants.

Pour finir sur une note rassurante, signalons que, dans les trois territoires, la tendance en ce qui concerne le nombre d’agressions sexuelles est en baisse, et ce depuis le milieu des années 1990.