La motion récemment votée par la Chambre des communes affirmant que « les Québécois forment une nation au sein d’un Canada uni », a provoqué un débat au sein de la fédération canadienne. Aux Territoires du Nord-Ouest, où le titre de « nation » est revendiqué par plusieurs – les Dénés et les Métis notamment – ce débat prend une couleur particulière.
Le député de Western Arctic, Dennis Bevington, a voté en faveur de la motion, mais a insisté en chambre pour dire que les Québécois ne sont pas les seuls au pays à aspirer, selon son expression, « à bâtir leur propre état dans ce pays ».
« Je vis dans les Territoires du Nord-Ouest, où de nombreuses Premières nations cherchent activement à accéder à l’autonomie, a signalé le député. Elles prennent activement les moyens pour que leurs nations soient bien établies au Canada. La compréhension de leur culture et de leur langue est un élément clé de leur émancipation, qui a manifestement souffert de l’abolition récente par le gouvernement des programmes d’enseignement des langues autochtones. De la même façon, à l’heure actuelle, c’est la première fois au Canada qu’une Première nation des Métis, la nation des Métis des Territoires du Nord-Ouest, négocie une revendication. Là encore, la nécessité de s’accrocher à la culture, au mode d’expression et à l’histoire est un élément fondamental de la construction de nation. »
Avant l’adoption de la motion, le chef « national » de l’Assemblée des Premières nations (APN), Phil Fontaine, s’est montré plutôt craintif par rapport à la proposition conservatrice. «Conscients comme nous le sommes de notre propre histoire et de notre identité, nous désirons respecter les autres collectivités et les autres traditions au Canada, a déclaré Phil Fontaine. L’APN a été et reste ouverte à la reconnaissance de la nature de la société québécoise, reconnaissance qui tient compte de caractéristiques uniques comme le français langue majoritaire dans cette province. Il est important toutefois qu’une telle reconnaissance soit accordée d’une façon qui ne rejette ni ne réduise d’aucune façon l’identité nationale des Premières Nations, au Québec comme partout au Canada.»
« En fait, les Premières Nations de tout le Canada sont frustrées du manque d’attention et d’action que suscitent les questions les intéressant. Au moment même où le gouvernement du Canada dépose cette motion, il s’oppose catégoriquement à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples indigènes. L’opposition du Canada à cette déclaration non exécutoire, qui n’établirait que des normes minimales quant à la dignité, à la survie et au bien-être des peuples autochtones, est peu scrupuleuse et contradictoire », poursuit le chef national.
Le chef régional de l’APN pour la région des Territoires du Nord-Ouest – mais chef « national » de la Nation dénée – Bill erasmus.
Du côté de la nation Métis du Canada, on a accueilli la motion avec enthousiasme. Le Conseil national métis, sur lequel siège les représentants de la Nation métis des TNO, a même adopté une résolution reconnaissant à son tour la nation québécoise.
La motion métisse affirme que « la Nation métis favorise la diversité canadienne et croit que la reconnaissance de nations distinctes, telles que les Québécois et les Métis, à l’intérieur du Canada renforce notre attachement au Canada et à chacun d’entre nous. »
Le président de la Fédération franco-ténoise, Fernand Denault, lui-même né au Québec mais se considérant d’abord comme un Ténois, affirme ne pas avoir de problème avec la formule adoptée par la Chambre des communes, mais évoque la nécessité de « sécuriser notre place » à l’intérieur de la fédération. « D’abord que ça n’enlève rien à la communauté francophone canadienne et que nos droits s’appliquent partout [ça ne nous affecte pas] », dit-il.
Il estime que l’objet de ce vote controversé est plus politique que symbolique. « Il y a beaucoup de partisaneries : on cherche des votes au Québec », analyse le président de la FFT.