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le Vendredi 6 avril 2007 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

C’est la Garde côtière qui devrait s’en charger, conclut un rapport. Patrouille des eaux arctiques: Pas l’affaire de l’armée dit le Sénat

C’est la Garde côtière qui devrait s’en charger, conclut un rapport. Patrouille des eaux arctiques: Pas l’affaire de l’armée dit le Sénat
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Le gouvernement fédéral doit surmonter sa « fixation sur les eaux arctiques », affirme le plus récent rapport du Comité sénatorial de la sécurité nationale et de la défense.

D’après le Comité sénatorial, faire patrouiller le Passage du Nord-Ouest par la Marine est une entreprise trop coûteuse et même inutile puisque, à ses yeux, « la menace pour la sécurité des Canadiens est totalement ou pratiquement inexistante » dans cette région. Le Comité ne remet pas en cause l’importance d’assurer une présence dans le Nord, mais ne voit pas pourquoi cette présence devrait être absolument militaire.

« Le gouvernement actuel semble avoir la ferme intention d’employer la Marine canadienne au déglaçage dans l’Arctique. Le Comité trouve que ce serait une bien curieuse utilisation de cette ressource étant donné que la souveraineté du Canada dans cette partie de son territoire n’est pas menacée par des envahisseurs venus de la mer, est-il écrit dans le rapport déposé le 28 mars. D’ailleurs, le Canada ne va pas recourir à la force pour affirmer sa souveraineté dans le Nord. Peut-on s’imaginer en effet que l’on ouvre le feu sur les navires américains ou britanniques qui franchissent le Passage du Nord-Ouest? »

Le Comité estime plutôt que les patrouilles des eaux arctiques devraient être confiées à la Garde côtière canadienne qui, contrairement, à la Marine, « possède une vaste expérience dans le domaine des opérations de déglaçage ». En effet, la Garde côtière a déjà un programme de déglaçage en place dans l’Arctique et possède 19 brise-glaces dont deux sont aptes à naviguer dans le Grand Nord. La Marine canadienne ne possède aucun brise-glace.

Le Comité suggère cependant qu’on arme la Garde côtière et qu’elle se procure un troisième vaisseau capable de naviguer dans l’Arctique « pour donner aux autres pays l’impression de défendre plus vigoureusement notre souveraineté dans les eaux arctiques ».

« La Garde côtière canadienne est sous-utilisée. En l’employant à meilleur escient, non seulement améliorerait-on infiniment la défense des côtes du Canada, mais on donnerait une propre poche », suggère le rapport.

En entrevue avec l’équipe éditoriale du quotidien Ottawa Citizen, le président du Comité sénatorial de la sécurité nationale et de la défense, le libéral Colin Kenny, a précisé l’esprit de cette analyse. « Nous pensons que le Nord est important pour le Canada et qu’il y a plusieurs façons de répondre à cet enjeu [la souveraineté dans l’Arctique]. D’abord et avant tout, nous pensons que c’est un problème diplomatique et que nous devons y répondre en termes diplomatiques. »

Constatant que les États-Unis et l’Union Européenne ne reconnaissent pas la propriété canadienne du Passage du Nord-Ouest et ne sont pas près de changer leur fusil d’épaule, Colin Kenny suggère que le Canada pose des gestes de souveraineté sur ce territoire, par exemple, voter des lois réglementant la pollution de ces eaux.

Le sénateur se dit également favorable à la présence des Rangers dans le Nord, ces troupes civiles, le plus souvent autochtones, qui fait des missions de souveraineté dans le haut-Arctique. Il ajoute que l’idée d’établir un camp de formation militaire nordique est une autre bonne façon de faire respecter la souveraineté canadienne dans l’Arctique.

« Mais de faire de la Marine la pierre angulaire de votre stratégie de souveraineté quand vous possédez une Garde côtière qui est déjà très habile à briser de la glace, c’est insensé », croit le sénateur qui qualifie de « lubie » le projet du ministre de la Défense, Gordon O’Connor, d’acquérir trois brise-glaces militaires pour la Marine au coût envisagé d’un demi-milliard de dollars l’unité.

Pendant ce temps, la mission de souveraineté Nunalivut 2007, à laquelle participent présentement plusieurs résidents des TNO et du Nunavut, va bon train. Le caporal Summer Halliday, porte-parole, de la Force opérationnelle interarmées Nord (FOIN) dont le quartier général est situé à Yellowknife, assure qu’aucun incident fâcheux n’a été rapporté depuis le début de la mission, le 22 mars dernier. Si tout se déroule comme prévu, les Rangers devraient atteindre la base d’Alert le 11 mars.