le Mardi 29 avril 2025
le Vendredi 13 juillet 2007 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Trois milliards $ pour assurer la souveraineté de l’Arctique Achat de navires de patrouille

Trois milliards $ pour assurer la souveraineté de l’Arctique Achat de navires de patrouille
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L’annonce de 3,1 milliards $ du premier ministre Stephen Harper, lundi dernier, pour l’acquisition de navires de patrouille en Arctique ne garantira pas la souveraineté du territoire selon plusieurs.

« Quand il s’agit de défendre notre souveraineté dans l’Arctique, le Canada a un choix : soit l’exercer, soit le perdre », a déclaré M. Harper, en conférence de presse à la base militaire d’Esquimalt, sur l’île de Vancouver.

Le projet prévoit la construction au Canada de six à huit nouveaux navires, plus petits que ceux prévus initialement, mais qui pourront tout de même naviguer dans les glaces d’environ un mètre d’épaisseur. Leur durée de vie est estimée à 25 ans et il nécessitera 4,3 milliards $ pour leur entretien. Le premier ministre a aussi évoqué l’annonce future d’un port en eaux profondes dans le Nord canadien.

C’est de l’argent très mal investi, selon Dennis Bevington, député fédéral de Western Arctic. Il n’est pas contre le concept de souveraineté de l’Arctique et l’idée d’un investissement dans les opérations nordiques des Forces armées, mais il précise qu’il y a des besoins beaucoup plus criants.

Le néo-démocrate donne en exemple les avions de sauvetage qui sont vieux de 40 ans et qui doivent être changés. Il parle aussi d’un plus grand investissement pour moderniser les équipements à la disposition des militaires déjà basés dans le Nord.

Le sénateur libéral Colin R. Kelly croit de son côté que le rôle d’assurer la souveraineté de l’Arctique devrait revenir à la Garde côtière. Celui qui a présidé en mars un comité sénatorial sur la question est convaincu que le gouvernement aurait plutôt intérêt à investir dans sa flotte très vieillissante de brise-glaces.

« Je crois qu’il est important d’assurer une présence dans le Nord, mais la marine canadienne n’a pas l’expérience pour briser les glaces depuis 1957, alors que la Garde côtière le fait régulièrement depuis des années. De plus, les équipages militaires n’ont aucune expérience là-dedans », signale le sénateur.

Celui qui a déjà travaillé dans la région du delta du Mackenzie trouve ridicule qu’on investisse autant de milliards dans des bateaux qui ne pourront patrouiller l’Arctique que sur trois ou quatre mois.

Développer le Nord

Par ailleurs, le député Dennis Bevington ne partage pas l’approche globale du gouvernement dans tout le dossier. Selon lui, ce n’est pas la présence de quelques navires dans les eaux arctiques l’été qui va garantir la souveraineté de l’Arctique.

« Il y a des façons beaucoup plus appropriées », lance M. Bevington, qui mentionne la voie diplomatique et, surtout, un meilleur développement du Nord.

« La meilleure façon de promouvoir la souveraineté de l’Arctique, c’est d’avoir une plus grande prospérité dans la région. C’est d’avoir une population engagée dans le Nord. C’est de développer le secteur de la recherche scientifique de façon plus agressive. Il faut utiliser le territoire et demeurer actif », a expliqué le député.