le Mardi 29 avril 2025
le Vendredi 24 août 2007 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Coopération en matière de francophonie: Le Québec et les TNO signent un accord

Coopération en matière de francophonie: Le Québec et les TNO signent un accord
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Les gouvernements du Québec et des Territoires du Nord-Ouest (TNO) ont signé, le 20 août, un accord de coopération et d’échanges en matière de francophonie qui permettra de réaliser des activités conjointes dans plusieurs domaines.

Présent à Yellowknife pour rencontrer son homologue Charles Dent, le ministre des Affaires intergouvernementales du Québec, Benoît Pelletier, a insisté sur l’importance de développer des liens avec les communautés francophones hors Québec.

« C’est une étape importante avec le début d’une nouvelle relation entre le Québec et les TNO en matière de francophonie. Il est important pour nous que le français soit parlé dans tout le Canada et dans les TNO. C’est la raison pourquoi nous avons tant insisté sur ces négociations », a déclaré le ministre Pelletier lors d’une conférence de presse à laquelle assistaient de nombreux représentants de la communauté francophone.

Le ministre de l’Éducation, de la Culture et de la Formation des TNO, Charles Dent, s’est lui aussi dit très heureux de la conclusion de cette entente et est « persuadé qu’elle sera très bénéfique pour les francophones du Nord ».

« Aujourd’hui est un jour important pour la communauté francophone », s’est-il exclamé.

L’accord prévoit la création d’une Commission permanente de coopération qui veillera à coordonner les différents programmes et activités qui pourraient être mis de l’avant. Les secteurs de l’éducation, de la culture, de la jeunesse, de la langue française, de l’économie et des communications seront touchés par cette nouvelle entente.

Cette Commission, qui sera composée d’un représentant de chaque gouvernement, devrait être mis sur pied dans les prochaines semaines. Pour faciliter l’exercice, la Commission pourra faire appel à des tables de concertation formées de représentants de différents ministères qui formuleront des orientations et des recommandations sur la mise en œuvre de l’accord. Des échanges de méthodes d’enseignement, des programmes d’immersion, des partages de ressources, des échanges d’information dans le secteur du tourisme ou bien l’organisation de stages, de conférences et de missions sont quelques exemples de projets qui pourraient être initiés via cette entente.

20 000$ pour commencer

L’accord prévoit une contribution de 10 000$ de chaque gouvernement pour la première année. Le montant total de 20 000$ semble à prime abord minime, mais les signataires insistent qu’il faut regarder au-delà de l’aspect monétaire.

« C’est pas essentiellement une question d’argent, mais de développer une mission politique. L’objectif est d’abord et avant tout de stimuler une certaine motivation d’agir [de la part du gouvernement ténois]. Cet accord est appelé à progresser. Ce n’est qu’une première étape », a expliqué le ministre québécois.

« Nous espérons que ce soit juste un début », a également souligné Charles Dent.

Fernand Denault, président de la Fédération franco-ténoise (FFT), n’a pas voulu non plus s’attarder au montant d’argent impliqué. « C’est un petit pas, mais un petit pas dans la bonne direction », a-t-il confié.

« Ce qui est important dans l’exercice, c’est que nous avons un geste concret qui démontre que le Québec fait partie intégrante de la francophonie pancanadienne », a poursuivi M. Denault.

Les TNO étaient l’un des derniers endroits où le Québec n’avait pas encore signé d’accord de coopération et d’échanges en matière de francophonie. Depuis qu’il a lancé une invitation aux provinces et territoires qui ne faisaient pas l’objet d’une telle entente lors d’une conférence fédérale-provinciale-territoriale à Winnipeg, en 2003, M. Pelletier affirme avoir conclu des ententes avec six autres gouvernements, notamment celui du Yukon.

Notons que le ministre des Affaires intergouvernementales et son équipe se sont aussi rendus à Iqaluit, le 21 août, pour signer une entente similaire avec le Nunavut. Terre-Neuve devient donc la seule province sans entente de ce type, mais un accord est prévu pour les prochains mois, a indiqué M. Pelletier.

Une mesure paradoxale?

Le ministre Charles Dent a été invité à expliquer si cette annonce très intéressante pour les francophones ne constitue pas une sorte de contradiction de la part de son gouvernement, compte tenu que celui-ci va en appel dans le dossier juridique des droits linguistiques des francophones. M. Dent a tenu à mettre en garde de ne pas mélanger ces deux dossiers. « Cet accord se veut une aide pour la communauté francophone. Ça n’a rien à voir avec la façon que le gouvernement des TNO gère ses services », a-t-il raconté.

Le président de la FFT semble partager le même avis. « Nous avons nos différences d’interprétation du droit du citoyen francophone. Nous ne sommes pas toujours d’accord, mais nous avons les mécanismes pour résoudre ça. Mais tout ça est à part [du nouvel accord] », a souligné M. Denault.

Concernant le dossier juridique qui oppose la FFT et le gouvernement des TNO, Benoit Pelletier s’est montré prudent dans ses commentaires, mais a dit donner son soutien à la cause francophone.

« C’est un dossier que nous suivons de près. Nous sommes conscients des impacts et des conséquences que ça peut avoir. Nous sommes moralement favorables à toute démarche qui vise à renforcer le fait français », a-t-il confié.