Pour une première fois dans la présente campagne électorale, les candidats des sept circonscriptions de Yellowknife étaient réunis sur la même tribune pour discuter de différents enjeux qui touchent les Autochtones lors du forum organisé par la Nation dénée, le 17 septembre dernier.
Ce débat présenté devant une soixantaine de personnes dans la salle de conférence de l’hôtel Explorer s’est déroulé dans l’ordre et le calme et n’a pas vraiment donné lieu à des discussions animées, la formule adoptée ne permettant pas les interactions entre les candidats.
Il faut dire que le défi de la Nation dénée de trouver un déroulement dynamique, mais juste pour tous, était énorme alors que pas moins de 22 candidats étaient au rendez-vous. Les organisateurs s’en sont donc tenus à la méthode où chaque candidat répondait à tour de rôle à une même question.
« Nous ne sommes pas là pour divertir le public. Nous voulions donner à tous la même opportunité.de s’exprimer », a lancé Bill Erasmus, chef de la Nation dénée et animateur lors du forum.
Il a cependant concédé que la formule pourrait être revue dans le futur en opposant, par exemple, les candidats d’un même comté sur un sujet particulier. « Nous sommes ouverts, mais c’est difficile quand il y a autant de gens qui se présentent », a-t-il admis.
M. Erasmus a soutenu que le but premier du forum était de mieux connaître les candidats en lice pour permettre aux électeurs de Yellowknife et Dettah de faire un choix plus éclairé. « Ça donne l’opportunité de voir qui sont les candidats et comment ils comptent négocier avec des enjeux spécifiques », a-t-il affirmé.
Appui unanime à l’échéance de 2010
Comme l’explique Bill Erasmus, la tenue d’un tel forum est aussi une parfaite occasion d’éduquer les candidats sur les différents dossiers autochtones et de les voir prendre position. Le dossier des revendications territoriales autochtones et du partage des ressources a été grandement discuté en début de forum. Les 22 candidats ont dit appuyer la résolution adoptée par les leaders dénés lors d’une assemblée antérieure voulant que toutes les revendications territoriales et l’établissement d’un nouveau modèle de gouvernement autochtone soient mis en place avant 2010.
Plusieurs candidats ont cependant précisé sur ce point qu’il faudra compter sur l’appui d’un joueur important: le fédéral. « Il y a un éléphant dans le décor et c’est le fédéral. Ce sont ceux qui sont en contrôle de tout le processus », a déclaré le candidat dans Kam Lake, Brad Enge.
De son côté, le candidat dans Great Slave, Mark Bogan, s’est montré très incisif. « Ce sont vos terres, pas les nôtres. Il est temps de prendre nos distances d’Ottawa et de faire nos propres choses », a-t-il lancé.
Sandy Lee, qui tente de se faire réélire dans le compté de Range Lake, a insisté pour sa part sur les initiatives prises par le gouvernement territorial depuis quelques années. « Nous avons mis en place des rencontres régulières et nous avons gardé un contact quotidien avec les leaders dénés », a-t-elle indiqué.
Mme Lee et Robert Hawkins étaient d’ailleurs les deux seuls participants au forum qui ont fait partie de la dernière législature et l’auditoire a pu rapidement le constater dans leur façon un peu plus défensive de répondre aux questions. Le député sortant de Kam Lake, Dave Ramsay, était le seul absent du débat, car il était à Edmonton au chevet de sa femme gravement malade. En réponse à une question plus précise sur les revendications des Akaitchos, plusieurs candidats ont franchement admis ne pas être bien informés du dossier et devoir faire quelques recherches supplémentaires avant de se prononcer.
Une situation qui a fait réagir le candidat de Great Slave, Christopher Hunt, quand est venu son tour de parler. « C’est une honte que certains disent ne pas connaître les accords. Ça illustre que beaucoup de travail reste à faire », s’est exclamé le candidat d’origine inuvialuit.
Les candidats étaient beaucoup moins unanimes en réponse à une question de l’ancien chef de Dettah, Peter Liske, qui a demandé s’ils appuieraient une éventuelle proposition de partager les revenus provenant des ressources dans une proportion de 50 % pour le gouvernement territorial et 50 % pour les gouvernements autochtones.
« Je ne peux pas dire oui avant de connaître tous les éléments », a répondu prudemment le député sortant de Yellowknife Centre, Robert Hawkins. La plupart des candidats se sont montrés évasifs sur le sujet se contentant de dire qu’il est important de redonner équitablement à la communauté autochtone alors que certains candidats comme Jeff Groenewegen (Frame Lake), Glen Abernethy (Great Slave) ou Beaton MacKenzie (Great Slave) ont émis des doutes sur le principe du 50-50.
Prévenir le décrochage
En conclusion du forum, les 22 participants ont eu à répondre à une question de Phil Mercredi, membre très impliqué dans la communauté dénée, qui voulait savoir ce qu’ils entendaient faire pour prévenir le décrochage scolaire chez les Autochtones. C’est possiblement sur ce sujet que les réponses ont été plus diverses.
Chris Johnson, qui se présente dans Frame Lake, et Ben McDonald, candidat dans Yellowknife Centre, ont parlé de l’importance d’établir des programmes ou des ententes avec des employeurs majeurs comme ceux du secteur du diamant pour éviter que trop de jeunes quittent rapidement l’école à la recherche de salaires attrayants.
Sue Glowach, candidate dans Yellowknife Centre, a parlé d’un plus grand support aux familles dans le besoin. « Il faut que les cerveaux soient nourris autant que les estomacs », a-t-elle illustré.
Des candidats comme Doug Ritchie (Great Slave) et Wendy Bisaro (Frame Lake) ont insisté sur l’importance de prendre des mesures pour garder le personnel enseignant de qualité dans les TNO. « Bien avant de penser aux niveaux secondaire et universitaire, tout commence par une bonne éducation au primaire », a ajouté M. Ritchie.
Il est aussi primordial pour des candidats comme Garett Cochrane (Yellowknife South) et Carol Morin (Weledeh) de présenter l’école comme un lieu stimulant et passionnant pour les jeunes en mettant l’emphase sur des activités comme les arts et le sport.
Finalement, une bonne partie des candidats ont soutenu que la solution réside d’abord et avant tout à la maison.