Aucun candidat francophone ne s’est présenté aux élections territoriales de 2007, mais on retrouve tout de même quelques prétendants qui ont une certaine affinité avec la langue française.
Né à Maria, en Gaspésie, dans un environnement majoritairement francophone, le Québécois d’origine anglophone Ashley Geraghty connaît très bien la réalité linguistique de vivre dans un contexte de minorité.
Le candidat dans la circonscription de Range Lake explique même que les relations entre les groupes linguistiques à l’époque des années 1970 étaient tumultueuses dans ce coin de pays « Le climat était très divisé. Personne ne se parlait. Nous ne parlions pas aux Mic-Macs. Nous ne parlions pas aux francophones et les francophones ne nous parlaient pas. C’était pas mal dur », signale Ashley Geraghty.
Fort heureusement, les temps ont changé. Celui qui habite Yellowknife depuis 2001 a même fait remarquer lors d’une visite dans sa région d’origine l’an dernier que tout le monde voulait lui parler en anglais. L’importance qu’a prise l’industrie touristique en Gaspésie et un changement de mentalité dans les dernières décennies explique ce revirement de situation, selon lui.
Ashley Geraghty souligne que sa conjointe Deanna, qu’il a rencontrée en Estrie il y a une quinzaine d’années, est parfaitement bilingue et parle même quelques mots de français à la maison avec leurs deux jeunes enfants. Geraghty prévoit d’ailleurs inscrire ceux-ci dans le programme d’immersion francophone à l’École St. Joseph quand ils seront d’âge primaire.
Par ailleurs, celui qui occupe présentement le poste de planificateur des soins de santé pour le ministère de la Santé et des Services sociaux a jugé important de traduire son programme électoral et son site Internet en français.
« C’est très important, car nous avons quelques francophones dans notre communauté. Et aussi, nous essayons de promouvoir un sens de l’unité et d’être plus inclusifs », a expliqué M. Geraghty.
Doug Ritchie, l’un des cinq candidats dans la circonscription de Great Slave, a également eu l’initiative de traduire les éléments d’information de son site Internet en français. D’ailleurs, selon une vérification rapide menée par L’Aquilon, Ritchie et Geraghty seraient les deux seuls candidats aux élections territoriales 2007 à s’être donné la peine de traduire leur site Web dans la langue de Molière. Certains autres candidats présentent quelques extraits en français sur leur site, mais ce n’est rien de significatif.
« Le français fait partie de ma vie, ma femme est francophone et c’est juste naturel [d’avoir traduit le site] », a expliqué Doug Ritchie, pour justifier sa démarche.
La connexion avec le français de Doug Ritchie remonte bien avant la rencontre de son épouse France Benoit. Il avait déjà une petite connaissance avant d’entamer des études en français langue seconde à l’Université Laval à la fin des années 1980. Le candidat natif de la vallée de l’Okanagan raconte que ces trois trimestres passés à Québec l’ont aidé à se familiariser avec le langage, même si ce ne fut pas facile par moment.
Ritchie, qui a déjà été membre du conseil d’administration de l’Association franco-culturelle de Yellowknife, raconte que son expérience d’apprentissage du français lui fait mieux comprendre aujourd’hui ce que les minorités francophones peuvent vivre dans leur quotidien.
« Tu n’as aucune idée de ce qu’ils vivent tant que tu n’as pas été dans les souliers de quelqu’un qui ne parle pas la langue de la majorité. […] Et ça me fait aussi réaliser plus le défi de préserver les langues autochtones », a conclu le candidat Ritchie.
Né d’une mère francophone
Mark Bogan, également candidat dans Great Slave, est né d’une mère francophone, a grandi à Ottawa et a même fréquenté l’école française durant une dizaine d’années. Il est donc très à l’aise en français.
On ne sent pourtant pas un attachement profond à la langue pour ce candidat qui a été impliqué dans le mouvement Fathers-4-Justice par le passé. Il n’a pas cru bon non plus de présenter ses brochures ou son site Internet en français. « C’est parce que mon agent est anglais », a-t-il dit, en rigolant.
Sur un ton plus sérieux, il indique que ce sont des raisons pratiques qui ont motivé sa décision. Bogan raconte aussi qu’il n’a eu recours au français qu’à une seule occasion durant sa campagne, laissant sous-entendre qu’il ne s’agissait pas d’une priorité.
Amy Hacala est une autre candidate qui a un lien concret avec la langue de Molière. Celle qui se présente dans le comté de Yellowknife South a appris les rudiments du français dans le programme d’immersion de l’École St. Patrick et a pu le consolider lors de ses études à l’Université d’Ottawa. « Ici à Yellowknife, les opportunités sont moindres [de parler français] », a-t-elle cependant révélé.
Hacala rempli depuis un an les fonctions de présidente de la section ténoise du Conseil des parents francophiles. Mentionnons aussi que sa fille aînée est inscrite dans le programme d’immersion francophone de l’École St. Joseph alors que sa deuxième fréquente en ce moment le service de prématernelle de l’École Allain St-Cyr.
« C’est important, je pense, que les deux langues officielles au Canada soient parlées par le plus de Canadiens possible », a-t-elle souligné. La conseillère au ministère des Affaires municipales et communautaires concède que son site Internet est seulement présenté en anglais, mais elle explique que ses capacités d’écriture en français étaient trop limitées. Mme Hacala précise cependant que ses brochures ont été traduites en français.
La bataille dans la circonscription de Hay River North entre le député sortant Paul Delorey et son opposant Vince McKay a également une petite connotation francophone, mais de façon plus indirecte.
La conjointe de McKay, Kim Ivanko, parle très bien le français et enseigne l’anglais à l’École Boréale. La Montréalaise d’origine confie d’ailleurs qu’elle parle couramment en français à ses deux enfants à la maison. Son plus vieux a commencé récemment la prématernelle à l’École Boréale. Pour ce qui est de Delorey, deux de ses petits-enfants fréquentent aussi la seule école francophone à Hay River.