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le Vendredi 15 février 2008 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Groenewegen fait appel au vérificateur général du Canada Pont de Deh Cho

Groenewegen fait appel au vérificateur général du Canada Pont de Deh Cho
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Le dossier du pont du Deh Cho se corse alors que la députée Jane Groenewegen a officiellement envoyé une lettre le 11 février à la vérificatrice générale du Canada, Sheila Fraser, lui demandant de réviser le projet dans son ensemble.

Cette demande fait suite au présumé manque de transparence du premier ministre, Floyd Roland, et de son prédécesseur dans ce dossier et les nombreuses difficultés qu’ont eu les députés à obtenir de l’information sur la nature de l’entente avec la Deh Cho Bridge Corporation, une société à qui le gouvernement a confié la gestion, la construction et l’entretien du pont.

« Je crois que le processus dans lequel nous en sommes arrivés à une entente pour construire le pont du Deh Cho est questionnable. […]

Essentiellement, c’est un projet public d’un gouvernement public et ils utilisent l’implication d’une société privée pour empêcher les députés d’avoir des informations détaillées », a confié Jane Groenewegen, pour justifier sa démarche.

Elle questionne notamment dans sa lettre que la signature de l’accord de concession entre le gouvernement territorial et la Deh Cho Bridge Corporation est survenue le 28 septembre 2007, soit seulement trois jours avant la tenue des dernières élections territoriales. Elle remet aussi en question l’augmentation faramineuse du coût de construction du pont qui est passé de 60 millions $ en 2003 à environ 160 millions $ en plus d’une somme indexée de deux millions $ sur 35 ans lorsque le projet a été approuvé l’automne dernier.

« Après l’adoption initiale de la Loi concernant le pont de Deh Cho, les députés de notre législature n’ont pas eu l’occasion de voter en faveur des nombreux changements au programme initial. […] À mesure que le projet avance, les informations sont plus difficiles à obtenir », a-t-elle écrit. Finalement, la députée dénonce aussi que le gouvernement précédent soit allé de l’avant, même sans avoir un financement confirmé de la part du fédéral.

Mme Groenewegen n’a aucune idée des résultats que donnera sa requête à Sheila Fraser, mais elle espère que celle-ci se penchera sur la question. « Elle a le pouvoir d’examiner le processus. En général, elle sort un rapport et les gens doivent en répondre », a-t-elle dit. La députée de Hay River Sud a aussi fourni au vérificateur général tous les documents importants dans le dossier ainsi qu’une liste chronologique des étapes majeures du projet de pont. Elle espère obtenir une réponse du bureau de Mme Fraser prochainement.

L’accord de concession finalement dévoilé

Par ailleurs, les députés de l’Assemblée législative ont finalement eu accès, tard la semaine dernière, au contenu du fameux accord de concession survenu entre le gouvernement et la Deh Cho Bridge Corporation après des requêtes incessantes qui remontaient à la session de novembre.

Les députés ne sont pas autorisés à divulguer son contenu, mais Jane Groenewegen affirme que ce document permet d’en savoir plus sur la procédure si le gouvernement décidait de se retirer du projet. « Je crois qu’il y a une procédure que nous pourrions utiliser pour établir les pertes financières pour le gouvernement si nous ne pouvons procéder. Il y a un mécanisme pour déterminer ça », a indiqué Mme Groenewegen.

Ne cachant pas que cette avenue pourrait s’avérer difficile et coûteuse au niveau de la responsabilité pour le gouvernement, elle juge que cette option doit être considérée. « Quand on constate les nombreuses pressions pour délivrer des projets d’infrastructure beaucoup plus nécessaires, je ne crois pas que le pont de Deh Cho soit une priorité », a-t-elle dit.

Mentionnons que quelques députés ont commencé à demander au premier ministre, la semaine dernière, les conséquences et les pénalités financières pour le gouvernement si un tel scénario se produisait, mais Floyd Roland a répondu qu’il n’avait pas obtenu d’avis légal sur la question. Cependant, il a déclaré que la responsabilité du gouvernement irait bien au-delà de son prêt garanti de 9 millions $ déjà engagé dans le projet.

Des pertes de 50 millions $

Une grosse tuile est tombée sur les défenseurs du pont du Deh Cho alors qu’un document d’analyse des coûts et bénéfices du pont dévoilé récemment par le ministère des Transports démontre que le projet ne serait plus rentable économiquement. Selon l’étude effectuée par une firme albertaine en décembre dernier, les bénéfices économiques du pont de Fort Providence qui étaient évalués à 38,6 millions $ en 2003 se sont transformés en des pertes de revenus de l’ordre de 50 millions $ en 2007. Ce revirement de situation est essentiellement attribuable à l’augmentation du coût du pont qui a triplé au cours de la même période.

En revanche, le document fait état de plusieurs avantages à la construction d’un pont comme les économies d’énergie et les diminutions des gaz à effet serre avec l’arrêt des traversiers au diesel, ou un sens d’isolement qui serait atténué pour certaines communautés avec cette connexion avec les régions du Sud, notamment pendant la période de débâcle au printemps et de gel à l’automne.